Payet : pourquoi Deschamps n'aura pas le choix

En mai 2018, Dimitri Payet vivait certainement ce qu'il y a de pire pour un footballeur. Blessé lors de la finale de l'Europa League face à l'Atlético Madrid, le meneur de jeu olympien devait faire une croix sur la coupe du Monde en Russie qui sacrera les Bleus champions du monde pour la deuxième fois. Une deuxième étoile que D‎imitri aurait dû porter pour l'éternité, mais qui lui filera entre les doigts. Auteur d'une saison suivante sans véritable relief, on se dit alors que le Réunionnais, qui aura 33 ans en mars prochain, a laissé passer le train et qu'il devra se contenter de ses 38 sélections (8 buts). Un bilan certes prestigieux, mais au goût d'inachevé compte tenu de ses qualités hors-normes balle au pied. Sauf que le magicien a conservé un dernier lapin dans son chapeau, et qu'il est en train de nous jouer un drôle de numéro.

La plupart de ses concurrents sont blessés ou en méforme avec leurs clubs

Ce que Dimitri Payet réalise actuellement avec l'OM ressemble à une belle histoire. Celle d'un come-back gros comme une maison, et que Didier Deschamps ne pourra que valider à l'heure de dresser sa liste pour l'Euro 2020. En effet, comment passer à côté d'un des plus beaux illuminateurs de la Ligue 1, le seul - avec Wissam Ben Yedder - à pouvoir s'assoir à la table du trio du PSG Neymar - Mbappé - Di Maria ? On a beau tourner le problème dans tous les sens, on ne voit pas. Déjà, commençons par regarder ce qui se passe du côté de la concurrence chez offensifs, que ce soit dans l'axe ou dans les couloirs. En dehors d'Antoine Griezmann, pas franchement transcendant cette saison mais incontournable, il y a largement de la place. On pense à la blessure d'Ousmane Dembélé, à celle d'un Florian Thauvin qui va devoir entamer un contre-la-montre pour revenir à temps, ou aux pépins récurrents d'un Kingsley Coman qui revient à peine mais dont on ne sait jamais combien de temps ça va tenir. Enfin, il y a la méforme longue durée d'un Thomas Lemar élu flop de l'année à l'Atlético Madrid.

Ni Fekir, ni Aouar ne semblent en mesure de lui faire de l'ombre

Bien sûr, on sait que DD tranchera toujours en faveur d'un de ses étoilés en cas de litige, et c'est assez logique. Mais, par rapport à la liste 2018, le seul concurrent à peu près consistant ne l'est pas vraiment cette saison. Il s'agit de Nabil Fekir, au profil technique assez similaire, mais un peu perdu dans l'anonymat d'un Betis Séville englué dans le ventre mou de la Liga. Pour le reste, il y a à la limite la possibilité Houssem Aouar, mais le Lyonnais présente tout de même un profil moins offensif et brille surtout de manière intermittente. De quoi se dire que Didier Deschamps, qui a certainement ses têtes mais reste un monstre de pragmatisme, ne pourra passer à côté d'un Payet qu'il a toujours apprécié lors de ses pics de forme. Le Réunionnais dispose, de plus, d'un VRP de prestige en la personne d'André Villas-Boas, même si ce dernier se garde bien de mettre la pression sur son collègue sélectionneur : "Il est incroyable avec nous. Après, une sélection en Équipe de France est difficile. C’est à Didier de prendre la décision. Mandanda on est sûr, pour Payet je ne sais pas… Seul Didier peut prendre cette décision. Il a des blessés à ces postes, ça peut donner une chance ou non". Vous pouvez retrouver sa déclaration en vidéo. Une manière de ne pas tordre le bras de Deschamps tout en expliquant que son maestro n'a guère de concurrence. Pour tout cela, on a beau réfléchir, on ne voit pas bien ce qui pourrait empêcher un retour mérité pour lui, et nécessaire pour les Bleus.