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Super League : "l'OM prendrait une autre dimension"
InterviewPublié le 20/04 à 01:00

Super League : "l'OM prendrait une autre dimension"

L'OM aurait-il intérêt à se glisser dans ce projet très décrié pour le moment ?

Dimanche soir, la planête football a tremblé. Un séisme provoqué par l'annonce officielle par douze géants européens (Barcelone, Real Madrid, Atlético Madrid, Inter Milan, Juve, Milan AC, Manchester City, Manchester United, Liverpool, Arsenal, Chelsea et Tottenham) de faire sission avec l'UEFA en créant leur propre Super League européenne. Une compétition privée avec 15 clubs permanents auxquels viendraient se joindre 5 "invités" choisis chaque année. De quoi faire hurler les puristes et même l'ensemble des amoureux du football, très attachés à la Champions League et allergique à l'idée d'une ligue privée. De leur côté, les frondeurs avancent comme argument la baisse des audiences globales de la C1 et le manque d'intérêt des phases de groupes, augurant mécaniquement une baisse des droits TV. Pour le moment, le Bayern Munich refuse de rejoindre le projet. Même chose pour le PSG en France. Mais l'histoire est loin d'être terminée, et on peut se demander quelle pourrait être la position de l'OM là-dedans et les intérêts qu'il pourrait en tirer. C'est la question que pose Le Phocéen à l'économiste Vincent Chaudel, de l'Observatoire du Sport-Business. Interview :

Que vous inspire ce projet de Super League et y a-t-il des chances de le voir se concrétiser ?

Vincent Chaudel : "Il serait naïf de croire que tout est plié. Les douze disent ce qu'ils veulent faire, mais ça ne veut pas dire que cela va arriver, on en est même loin. Je vois plutôt deux camps qui montrent leurs muscles, et il ne faut pas croire qu'il y a d'un côté les méchants et les bons de l'autre. Il n'est pas sûr non plus que les porteurs du projets aient vraiment envie d'aller au bout. Je vois plus cela comme un coup de pression afin d'obtenir plus dans les futures négociations sur la redistribution en Champions League, comme dans une partie de poker menteur. En fait, les gros veulent toucher encore plus gros tout en écartant les risques de non qualification sportive lors de certaines saisons, et ils s'allient pour cela".

Les menaces de l'UEFA et des fédérations concernées d'exclure les clubs et les joueurs qui y participeraient sont-elles suffisantes pour tuer le projet dans l'oeuf ?

VC : "Ces menaces font partie du jeu, mais c'est une autre histoire en matière de droit et c'est loin d'être gagné. Il y a un peu plus d'un an, la fédération internationale de patinage de vitesse avait exclu des athlètes néerlandais qui avaient participé à des compétitions privées. Elle a perdu face à la Cour de Justice européenne qui ne lui a pas reconnu le monopole d'organisation, ce qui crée une jurisprudence qui peut être valable dans le foot".

Pour l'instant, les clubs français n'apparaissent pas dans le projet, mais on évoque les noms du PSG et de l'OM...

VC : "La décision du PSG de ne pas se positionner me semble assez intelligente, tout comme celle du Bayern. De toute façon, ces douze clubs ne pourront pas se passer des marchés français et allemands, qui sont trop importants. Pour l'instant, ils jouent la carte de la fidélité aux instances classiques, sachant que si le projet de Super League doit aller au bout, elle sera obligée de les inclure dedans".

Et concernant l'OM ? Quel serait son intérêt dans cette histoire ?

VC : "Concernant les gros clubs français comme l'OM ou Lyon, ils gagneraient à montrer un intérêt pour le projet, à mon sens. Je pense qu'en France, il y a de la place pour le PSG + un autre club dans cette compétition. L'OM a du retard sur le plan sportif européen, mais vu que la réflexion ne se ferait pas sur l'indice UEFA du moment, il aurait sa place en terme d'audiences nationales et internationales. La preuve, on parle d'un club comme Newcastle pour intégrer cette Super League car il dispose d'une grosse notoriété en Angleterre. Sans parler d'éthique, il faut quand même savoir que si l'OM s'embarquait dans cette aventure, ce serait l'assurance d'avoir un gros club avec de très gros moyens pour recruter et de très grosses audiences. Imaginez qu'on évoque quand même 350 M€ par an garantis pour les participants. Il y a quand même de quoi réfléchir, car c'est plus de deux fois le budget global de cette saison. Encore une fois, je ne parle pas de l'aspect moral de ce bouleversement, mais un OM à l'intérieur de cette Super League prendrait une autre dimension".