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OM : "Villas-Boas a changé de ton pour protéger ses joueurs"
InterviewPublié le 10/11 à 01:00

OM : "Villas-Boas a changé de ton pour protéger ses joueurs"

L'ancien adjoint du coach portugais à Chelsea commente ses récentes sorties médiatiques.

La saison dernière, André Villas-Boas faisait l'unanimité auprès des supporters et des suiveurs du club pour ses résultats avec l'OM, mais aussi pour le charme qu'il exerçait lors de ses sorties médiatiques. L'image d'un coach au sourire permanent et complètement hermétique à la paranoïa inhérente au métier. Cette saison, il n'a échappé à personne que le coach portugais éprouvait une certaine lassitude à répondre aux questions sur le jeu de son équipe, principalement suite au mauvais départ de l'OM en Champions league. On l'a même vu particulièrement offensif contre les "déçus" par le jeu de l'OM, leur opposant sèchement les résultats de l'équipe en Ligue 1. Mais, pour l'ancien entraîneur des gardiens d'André Villas-Boas à Chelsea Christophe Lollichon, ce changement de ton est tout à fait explicable et n'altère en rien la motivation du coach portugais à la tête de son équipe. Au contraire.

Comment interprétez-vous le changement de ton d'André Villas-Boas depuis quelques semaines ?

Christophe Lollichon : "Déjà, il est toujours plus facile de communiquer de manière joviale lorsque les résultats sont positifs, et André a fédéré autour de lui la saison dernière parce qu'il sortait l'OM d'une période difficile. Mais, en football, on constate souvent que la deuxième année est plus difficile. C'est le cas aujourd'hui, mais d'après ce que je peux lire ou entendre de sa part, je sais qu'il change de ton pour protéger ses joueurs".

C'est une manière de faire barrage et d'encaisser les critiques pour les épargner ?

CL: "Oui. C'est quelqu'un qui a des certitudes qu'il a acquises au fil de ses expériences, et il sait ce qu'il faut faire dans ces périodes un peu plus difficiles. Il sait aussi qu'il est dans un club qui n'est pas réputé pour être très stable. J'ai discuté avec lui à Rennes la saison dernière, lorsque l'OM avait gagné 1-0 là-bas, et j'ai revu le André que je connaissais, mais avec la maturité nécessaire pour affronter ce genre de difficultés par rapport à son année à Chelsea. Il sait qu'à l'époque, il a voulu imposer des choses sans prendre le recul nécessaire pour observer ce qu'il y avait déjà à son arrivée. Aujourd'hui, il connait très bien la pression qu'il y a à Marseille et le risque d'embrasement qui est propre à ce club. Cela explique pour moi son changement de ton ces derniers temps".

Il ressent la pression engendrée par le mauvais départ en Champions League ?

CL : "Oui, mais je suis convaincu qu'il savait parfaitement que ce serait très difficile en C1. C'est d'ailleurs difficile pour l'ensemble des clubs français. Mais, l'attente était très importante à Marseille suite à sa première saison, et ces résultats rappellent aux supporters cette réalité. De son côté, André ne peut pas dire qu'il s'y attendait par rapport à cette attente, mais aussi par rapport à ses joueurs. Et puis, il faut garder à l'esprit ce qu'il s'est passé à l'intersaison".

Vous parlez de son vrai-faux départ ?

CL : "Voilà. Je pense qu'il est resté parce qu'il sait qu'il a réalisé quelque chose d'important la saison dernière et qu'il veut montrer qu'il peut encore obtenir de bons résultats cette saison. Il faut évidemment oublier la coupe d'Europe, mais il sait qu'il peut encore faire un beau coup en championnat. Après, il faut reconnaitre que les questions qu'on lui pose sont souvent très chiantes (rires), et quand on lui pose dix fois les mêmes, je comprends qu'il puisse se lasser et s'énerver. Je le connais et je sais qu'il ne s'accroche pas comme beaucoup d'entraîneurs. Il sait absolument ce qu'il veut faire de sa vie, et réussir ou pas à Marseille n'est pas une obsession. Il veut simplement qu'on le laisse bosser pour que l'équipe retrouve son meilleur niveau".

Trouvez-vous des similitudes avec ce qu'il a vécu à Chelsea, où il a été beaucoup critiqué par la presse ?

CL : "C'est différent, parce qu'on lui reprochait d'être arrivé avec une certaine arrogance, ce qui n'est pas le cas à Marseille. Beaucoup estimaient qu'il n'avait pas la crédibilité d'entraîner un club comme Chelsea à l'époque, même s'il avait réalisé un triplé avec Porto. Malheureusement, le manque de résultats a donné raison à ceux qui ne croyaient pas en lui. Il s'est fait démonter et il ne s'y attendait pas. Je pense qu'il a tiré des leçons de cette période et qu'il sait parfaitement où il va aujourd'hui".

Vous ne vous faites donc pas de soucis pour lui...

CL : "Absolument pas. Il faut se souvenir que lorsqu'il a quitté la Chine, il a refusé un contrat mirobolant. Je ne sais même pas si Guardiola gagne ce qu'on lui proposait à l'époque. André est un homme de challenges, pas un coach qui s'accroche à ses contrats, et le challenge marseillais l'a vraiment excité. Là, il est un peu dans le dur à cause de la C1, mais je ne me fais aucun souci. Il veut qu'on le laisse bosser, et si ce n'est pas le cas, il est tout à fait capable d'arrêter sans rien demander. C'est un homme libre, et ce qui l'intéresse, c'est sa relation avec ses joueurs, sa capacité à les faire progresser et à les remettre dans le coup".