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OM : Tapie, Diouf, Papin : Alain Giresse dit tout
InterviewPublié le 18/11 à 12:00

OM : Tapie, Diouf, Papin : Alain Giresse dit tout

Alain Giresse était l'invité du Talk Show du Phocéen ce lundi.

C'est peu dire que les deux saisons d'Alain Giresse à l'OM, de 1986 à 1988, au tout début de la présidence de Bernard Tapie, ont laissé un bon souvenir. Même si Giresse a fait tout le reste de sa carrière chez le rival bordelais, même s'il a refusé de rempiler pour une troisième saison préférant retourner chez lui à la retraite, il reste la première star de cette époque à avoir signé à l'OM, celui qui était là au début de l'histoire. Et pas seulement. Vice-champion de France et finaliste de coupe la première saison, demi-finaliste de coupe d'Europe l'exercice suivant, il a marqué l'OM avec 85 matchs sur ces deux exercices. Il était ce lundi l'invité du Talk Show, l'occasion de revenir sur cette période avec quelques anecdotes, que vous pouvez retrouver en vidéo. 

Ce qu'il garde de son passage à l'OM

"J'ai terminé à Marseille. La façon dont mon dernier match s'est déroulé au Vélodrome, avec les supporters qui saluent mon départ... J'ai vécu sur le plan sportif deux très belles années à Marseille. C'est sûr, il faut avoir de la personnalité, du caractère. Humainement, Marseille vous transporte mais peut causer du tort à ceux qui ont du mal à démontrer leurs qualités dans ce contexte précis, exubérant, passionné. Moi, j'ai su l'apprécier, qui plus est dans une très belle région avec un magnifique climat. Je le dis très sincèrement, je n'ai que des bons souvenirs de ces deux années. Ce n'est pas grand-chose, deux ans, mais ça marque". 

Comment Bernard Tapie l'a fait signer

"Ma venue à l'OM n'est pas limitée à la demande de Bernard Tapie. J'étais un Girondin, je pensais finir ma carrière aux Girondins. J'ai eu des différents avec le président de l'époque, et j'avais l'OM avec Tapie, mais aussi Michel Hidalgo et Gérard Banide que j'avais connu en équipe de France. Quand j'ai compris que c'était sans issue pour moi aux Girondins, j'ai répondu à l'appel de l'Olympique de Marseille. Je le dis, dans un premier temps, je suis plus parti de Bordeaux que ce que j'ai été attiré par Marseille. Ce n'était pas prévu dans ma perspective de carrière. Après je suis tombé avec un président, Bernard Tapie, qui était un formidable manager, un meneur d'hommes, qui s'est donné les moyens de construire une équipe extraordinaire. On ne gagne pas la coupe d'Europe des clubs champions sans avoir une équipe fantastique". 

Le premier mercato de Tapie

"Quand Tapie prend l'OM, pour son premier mercato, il engage Michel Hidalgo et il s'appuie sur lui. Il lui a par exemple demandé quel était pour lui le meilleur défenseur central d'Europe. Hidalgo a répondu Karl-Heinz Förster. Et je peux vous dire qu'à l'époque, comme pour moi, vous ne l'auriez pas vu quitter l'Allemagne. Bernard Tapie est allé le voir et a réussi à le faire venir ce même été. On avait du mal à l'imaginer à Marseille mais il s'est complètement fondu dans l'ambiance marseillaise, tout en amenant ses qualités et son professionnalisme. Sliskovic, Domergue, des cadres, sont également arrivés. La première saison est extraordinaire. On joue le titre avec Bordeaux alors qu'on venait de se construire. On a fait gagner du temps à Tapie. En plus, au niveau de l'ambiance, ce mélange d'anciens et de minots, ça cohabitait. Lors des déplacements, il n'y avait pas besoin d'écouteurs : on parlait entre nous, on discutait, on était heureux". 

L'accueil de Pape Diouf

"Pour bien dire que j'ai honoré ce club et cette institution, j'ai reçu en 1987 le titre de meilleur joueur français. Ca démontrait que mon engagement n'était pas feint. Je me souviens pourtant de ma première conférence de presse. C'est le regretté Pape Diouf, alors journaliste pour La Marseillaise, qui m'avait posé une des premières questions : "Vous ne trouvez pas que vous êtes trop vieux pour signer à l'OM ?" Je lui avais répondu que je me sentais bien et je l'avais prouvé. Mais ça m'a permis de rentrer en contact avec lui, et il m'a fait découvrir par la suite l'Afrique du football. Mais je n'avais pas le droit de considérer l'OM comme une maison de retraite". 

Le jour où il n'a pas voulu jouer

"Quand j'ai eu à affronter Bordeaux, je pensais que ça allait se passer normalement, mais c'était au-delà de ce que j'ai pu supporter. Au Vélodrome, j'étais dans mon élément, ça allait. Mais à Bordeaux, c'était très difficile, je n'ai pas pu. J'étais gamin, je rêvais de jouer dans ce stade, j'en ai été le capitaine, Lescure c'était un sanctuaire. Et là j'étais de l'autre côté. Ca m'a laissé un goût amer pour mon premier retour. Et pour la deuxième saison, avant le match, je suis allé trouver Bernard Tapie et je lui ai dit : "Président, je ne pourrais pas jouer ce match. J'assume, je sais que ce n'est pas professionnel, vous pouvez prendre des sanctions". Et il a été grand, il a compris. Il avait cette sensibilité humaine et je n'ai pas joué. Je ne vais pas jouer le faux-cul, c'est comme ça que ça s'est passé. Les joueurs ont l'habitude d'embrasser l'écusson d'un club, pour moi on ne peut en embrasser qu'un. Actuellement, Lopez joue en Italie, mais son club, c'est Marseille, ça ne sera jamais Sassuolo. On ne peut pas être originaire de partout". 

Comment il a pris Papin sous son aile

"Jean-Pierre Papin, on le découvre en mars 1986, quand il arrive en équipe de France. Il venait de Bruges et avec Michel Platini on le trouvait généreux, à l'écoute, déterminé. Il était intéressant. Il a fait la Coupe du monde, il avait un côté très attachant. Et on se retrouve derrière à Marseille. Je me suis dit qu'il fallait que je lui apporte mes conseils, que je l'aide, sans faire preuve de suffisance. Lors de la deuxième saison, pour le match retour contre l'Ajax, Joseph-Antoine Bell était blessé, et Gérard Banide me demande de prendre le brassard. Je lui dis alors : "Gérard, je termine, moi. Il faut donner le brassard à quelqu'un qui va devenir quelqu'un d'important à l'OM. Je pense à Jean-Pierre Papin". A ce moment-là, il n'avait pas la maturité, le profil de quelqu'un qui pouvait être un leader technique, charismatique. Mais je savais qu'il allait complètement s'engager dans ce projet. Je lui ai dit que c'était l'avenir de ce club, je savais que le responsabiliser, ça allait lui donner une autre dimension. On savait qu'il partait dans tous les sens. Il était brut quand il est arrivé mais derrière, regardez ce qu'il est devenu avec un ballon d'Or et tout ce que ça représente".