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Granturco : "Les clubs de L1 et l'OM sont en mode survie"
InterviewPublié le 26/03 à 01:00

Granturco : "Les clubs de L1 et l'OM sont en mode survie"

Un avocat du droit du sport se prononce sur le recours au chômage partiel pour les clubs de L1.

Mercredi, nous nous posions la question du recours au chômage partiel pour les joueurs de l'OM, mais aussi dans la majorité des clubs de Ligue 1. Une mesure qui donne un peu d'oxygène à des entreprises en grande difficulté face à la crise sanitaire actuelle, mais qui pose aussi une question morale par rapport aux salaires des footballeurs qui n'ont évidemment rien à voir avec ceux du reste de la population. Pour éclaircir ce sujet, Le Phocéen a fait appel à Thierry Granturco, avocat spécialiste du droit du sport. Pour lui, les clubs français n'avaient pas d'autre choix que de s'appuyer sur cette mesure compte tenu de leur situation financière. Interview :

Que pensez-vous du recours au chômage partiel pour les clubs de Ligue 1 ?

Thierry Granturco : "Ils ont raison pour une raison simple : cela fait quarante ans que l'on demande aux clubs pros de se comporter comme des entreprises, avec le carcan juridique qui va avec. Ils terminent devant les prud'hommes lorsqu'ils se séparent d'un joueur ou devant les tribunaux de commerce lorsqu'il y a des impayés. Il n'est donc pas anormal de les voir réagir comme des entreprises".

Des entreprises en grande difficulté aujourd'hui, comme beaucoup d'autres...

TG : "Très clairement. Les clubs se creusent la tête aujourd'hui pour savoir comment ils vont réussir à équilibrer leurs comptes, à commencer par l'OM. Il faut savoir qu'ils sont en mode survie, car ils n'ont plus de rentrées d'argent. Plus de billetterie, plus de droits TV et un merchandising en chute libre. On peut même se demander si les sponsors ne vont pas leur demander de rendre une partie des sommes déjà versées parce qu'ils ne sont plus exposés. Je pense donc que les clubs qui demandent le chômage partiel en ont vraiment besoin, et si la DNCG et le fair-play financier ne font pas des efforts eux aussi, ce sera très compliqué".

C'est intéressant, car on peut avoir du mal à comprendre que des salaires de joueurs vont être compensés par cette mesure...

TG : "C'est normal et il faut bien distinguer les clubs des joueurs, car ils ne sont pas du tout dans la même situation. Honnêtement, ces derniers pourraient se passer de quelques mois de salaire sans que cela les fasse boiter. Oui, ils payent beaucoup d'impôts, ce sont de gros contributeurs, mais bon... On voit un peu partout, notamment en Angleterre, en Allemagne ou en Espagne, des fédés et des ligues se pencher sur le devenir financier des clubs. J'attends de voir ce que vont faire la LFP, la FFF et même l'UNFP à ce niveau-là. Dans ce mouvement, on commence à voir des joueurs qui abandonnent provisoirement leurs salaires, ou les reversent à des petits clubs. On France, on ne le voit pas encore, et c'est pour ça que j'aimerais que nos instances se positionnent là-dessus. Pendant ce temps, les joueurs sont laissés à leur initiative personnelle et doivent se demander ce qu'ils doivent faire. Clairement, ils doivent faire quelque chose. Pour conclure, je suis assez protecteur des clubs car ils sont vraiment dans le pétrin, mais moins des joueurs qui, eux, ne le sont pas du tout".