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Clauss, Tessier, Mc Court, ses erreurs, son ambition pour la suite... Longoria n'a éludé aucun sujet
InterviewPublié le 20/02 à 18:35

Clauss, Tessier, Mc Court, ses erreurs, son ambition pour la suite... Longoria n'a éludé aucun sujet

Lors de la conférence de présentation de Jean-Louis Gasset, Pablo Longoria est revenu sur tous les sujets chauds de l'OM.

Est-ce que vous craignez que le Vélodrome, qui doit être un atout, soit peut-être compliqué pour les joueurs, pour Jean-Louis, etc ?

Pablo Longoria : La chose la plus importante toujours, c'est qu'un supporter, toujours, il a la raison de faire sortir ses émotions, ça c'est une clé dans le football. Tu dois accepter toujours ça. Je crois que c'est une des règles du football quand tu es joueur, quand tu es l'entraîneur, quand tu es dirigeant. Ça c'est quelque chose d'important. En même temps, je ne me considère pas à demander des choses. C'est nous comme institution qui avons une dette envers nos supporters et qui devons chercher à donner de l'espoir. Après comme j'ai dit dans la dernière conférence, ce sont les actes qui importent. C'est important, pour nous, de ne pas avoir de crainte, de ne pas avoir peur, c'est quelque chose lié à la passion. Si tu donnes tout, tes supporters vont toujours te le rendre. Si tu ne donnes pas, je comprends la passion qu'il y a dans cette ville, comment les choses vont vite dans tous les sens, c'est normal qu'ils nous demandent plus parce qu'on peut faire plus.

Mehdi Benatia a pris la parole dimanche soir à la télévision, s'exprimant sur deux chaînes différentes avec des propos assez forts, notamment envers Jonathan Clauss. Hier, le syndicat des joueurs (UNFP) a émis un communiqué visant l'OM, et je me demande si cela a créé des problèmes au sein du club. Comment gérer tout cela, surtout que c'est quelque chose de très rare et juste avant un match?

P.L : Je vais commencer par souligner une chose importante. Mehdi Benatia est mon conseiller sportif, et j'ai une confiance totale en lui, sans aucune fissure. Il est une personne cruciale pour nous, et il en est conscient. En ce qui concerne l'UNFP, je n'ai pas apprécié leur communiqué. Dans la vie, il est essentiel d'être sérieux. La communication ne doit pas être traitée de cette manière. Il est impératif d'avoir de la rigueur dans la vie, que ce soit pour répondre au téléphone, chercher à éclairer une situation en écoutant toutes les parties. Dans la vie, il n'y a pas une seule vérité, il faut tenir compte de toutes les circonstances pour se faire une opinion. C'est quelque chose que nous devons faire pour être sérieux, et il ne faut pas profiter des situations. Nous comprenons cela en premier lieu et cherchons des solutions. Je tiens à souligner que ce n'est pas une critique des syndicats, bien au contraire. En France, le syndicat a joué un rôle essentiel pour les joueurs, mais ici à l'Olympique de Marseille, certaines choses ont nécessité beaucoup d'énergie pour construire un message. Il y a l'institution, les entraîneurs, les joueurs. À l'Olympique de Marseille, ce n'est pas négociable. Beaucoup de gens semblent avoir oublié ce principe ces derniers temps. Je vais mettre fin à la polémique avec Jonathan Clauss. Lorsqu'un président de club s'exprime en conférence de presse, c'est terminé, pour tout le monde. Je ne souhaite pas voir, dans un journal trois jours après, une partie de la vérité qui est en plus fausse. La parole est synonyme de respect, elle consiste à exposer la réalité, pas à enjoliver les faits dans un article qui prend parti, même si cela reflète la vérité. Ce n'est pas la meilleure situation de parler de notre propre joueur avant un match, j'en conviens. Lorsque nous avons choisi Mehdi Benatia comme conseiller sportif, c'est en raison de ses qualités et de son potentiel. Il doit traverser des situations pour apprendre, en particulier en matière de communication, qui diffère lorsqu'il est agent, joueur, ou commence à devenir dirigeant d'un club en tant que conseiller sportif. C'est un aspect important de son développement personnel. Son potentiel est immense. Cependant, les affirmations concernant des menaces envers les joueurs ou les agents sont complètement fausses. En tant que club, que devrions-nous faire? Accepter? Je n'aime pas accepter des situations injustes. C'est injuste, complètement injuste, mais je suis ici pour défendre mes collaborateurs, et Mehdi est très important pour ce club.

 

On sait que tu aimes bien analyser les choses depuis que tu es arrivé à l'Olympique de Marseille, d'abord comme directeur du football, puis comme président. Il y a eu beaucoup d'entraîneurs qui se sont succédés sur le banc de l'équipe. Comment expliques-tu le fait que l'OM consomme autant d'entraîneurs?

P.L : C'est une bonne question, et naturellement, c'est vrai. On doit réfléchir à cela, car c'est quelque chose de factuel. En ce moment, je peux dire que oui, il y a un apprentissage en tant que directeur sportif ici, car tu apprends toujours dans la vie, en cherchant à analyser différentes situations. Je crois que tout s'est passé très vite, surtout en période compliquée avec la COVID. Cependant, on se retrouve avec trois entraîneurs qui démissionnent pour différentes raisons. On peut dire que ces changements que nous avons faits maintenant en tant que président constituent le premier changement que nous décidons de faire en tant que club, même avec une conversation très sincère avec Gennaro. Je tiens également à remercier la sincérité dans la conversation que nous avons eue hier matin. Pourquoi? Pour moi, il y a deux questions différentes. Premièrement, c'est l'impression qui existe dans ce club. C'est quelque chose que j'ai vécu dans différents clubs. C'est un club magique, mais c'est un club où il y a toujours besoin d'avoir un maximum d'énergie dans la gestion quotidienne. C'est quelque chose de particulier à ce club, mais à dire la vérité, c'est comme ça. Et on doit s'adapter à ce type de situation. C'est quelque chose d'important, non? On doit trouver la manière d'assurer une stabilité dans toutes les différentes directions techniques. C'est quelque chose d'important. Marseille est une place incontestable historiquement. On le sait tous, je crois, non? En même temps, c'est à nous de trouver la responsabilité, et je suis responsable, de trouver une stabilité qui doit nous donner des résultats durables. Déjà, je me suis posé la même question. On travaille pour trouver des solutions. Hier, après ma conversation avec Gennaro, la prochaine étape, outre parler avec Jean-Louis, était surtout de trouver une solution pour ce que nous pouvons mettre en place pour la saison prochaine. En changeant la méthodologie, ce n'est pas une décision des coachs, attention. Mais on doit faire quelque chose de différent pour Marseille. C'est à nous de trouver des solutions. Cela passe par l'établissement d'un modèle de jeu qui devra perdurer, c'est la vérité. Et on a fait des erreurs. Trouver un modèle de jeu, mettre en place une méthodologie de travail, créer un groupe de professionnels avec la création de différents départements qui soient stables au club, surtout dans le domaine sportif, car on voit passer différents entraîneurs et une partie du staff reste. Il faut trouver une stabilité pour que le club ait une base solide. C'est cela qui nous permettra d'avoir un modèle de jeu durable, une identité qui perdurera dans le temps. Je crois que c'est une question très importante pour notre avenir, et nous travaillons déjà dessus.

 

Je voulais vous poser une question et avoir votre réaction, votre vérité sur ce qui se dit, sur ce qu'on entend ci et là, concernant le choix de Jean-Louis Gasset. Il est suggéré que ce choix serait celui de Stéphane Tessier, directeur général de l'OM, et que vous seriez un peu en retrait sur ce dossier. C'est simplement ma question. Quelle est votre vérité par rapport à cela et au fait qu'il y ait parfois une opposition supposée entre vous et le directeur général?

P.L : Voilà, je vais permettre au coach de répondre. Vous connaissez monsieur Tessier ? (NDLR : Le coach fait non de la tête). La vérité, pour une raison qui m'échappe, c'est qu'ici on aime beaucoup diviser les gens. Il faut de l'unité. Stéphane Tessier est une personne que j'ai personnellement choisie. C'est quelqu'un en qui j'ai entièrement confiance. Nous sommes même partis en vacances ensemble, en hiver. Jusqu'à ce point. Pourquoi chercher à créer une division et dans quel but? Déstabiliser le club encore plus? Non, non, ce n'est pas juste, ce n'est pas juste. Quelle est la vérité? Stéphane Tessier est quelqu'un qui gère très bien les relations humaines au quotidien, qui partage les ambitions du club, et qui possède une grande expérience dans le club, où il excelle dans son domaine. Nous travaillons à différents niveaux. En tant que président de ce club, j'ai pris la décision de choisir mon entourage. Il est donc essentiel d'assumer les différentes responsabilités à chaque niveau. Il n'y a rien, et personne ne sera en mesure de trouver un problème entre Stéphane et moi.

 

On dit souvent que le président de l'OM, c'est un peu comme le Premier ministre, c'est extrêmement fatigant. Vous, ça fait 3 ans que vous êtes là, et il y a quelques semaines vous avez dit que vous aviez encore l'énergie. Est-ce qu'avec tout ce qui se passe, est-ce que vous êtes toujours là, présent, un peu comme Jean-Louis, hyper motivé? Vous n'avez pas 70 ans, mais vous avez moins de 40 ans, et pourtant, on a l'impression qu'en 3 ans vous avez quand même vieilli. Êtes-vous toujours prêt au combat et jusqu'à quand?

P.L : Il est normal de ressentir la pression ici dans le club. La saison dernière, pour moi, était plus difficile au niveau psychologique que cette saison. Cette saison, il y a des frustrations, notamment parce que l'on souhaite réussir, obtenir des résultats, et travailler pour les atteindre. La saison dernière, pour moi, c'était injuste, avec beaucoup de choses en jeu. Je parle de cette division à la fois dans les moments négatifs et positifs. J'ai encore beaucoup d'énergie, sincèrement, même s'il y a des moments de grande frustration. Cette saison, psychologiquement, n'est pas facile pour tout le monde, car il y a eu beaucoup de revers, mais c'est le monde du sport. Ma détermination est claire, avec un objectif fondamental : chercher à réussir, bien finir notre saison et mobiliser toutes les énergies de tous les salariés du club pour changer complètement notre dynamique actuelle. C'est l'objectif numéro un. L'objectif numéro deux consiste à analyser toutes les erreurs commises, à avoir la détermination de construire quelque chose de stable ici. C'est très clair. Au niveau de l'institution, nous allons apporter des améliorations. Au niveau sportif également. Il y aura des erreurs, oui, car c'est la vie. L'objectif est de réussir à créer quelque chose d'identifiable avec des règles, avec du respect de l'institution, et avec de nombreux résultats sportifs. Voilà où réside mon énergie. 

 

Mais c'est vrai qu'on entend souvent dire que Longoria est en fin de cycle, Longoria est fatigué, et cela fait trois ans ainsi de suite. Il y a encore, et on en a parlé cinq ou six mois, les supporters voulaient vous voir rester dix ans ici parce que Longoria était le super président. Aujourd'hui, c'est plus compliqué pour vous aussi, car la saison sportive est difficile. Vous serez encore, par exemple, le président de l'OM la saison prochaine. Est-ce votre idée, comme vous venez de le dire, tant que vous n'avez pas fini votre travail quelque part?

P.L : Je le disais dans le moment positif, et je le dis de la même manière dans la dynamique actuelle qui n'est pas bonne. La crédibilité vient des résultats sportifs. Quand il n'y a pas de résultats sportifs, il est normal d'être remis en question, et je suis le premier à me remettre en question tous les jours en faisant mon autocritique. En ce qui concerne l'avenir, est-ce que je serai ici? Oui, j'aime être ici, j'aimerais continuer, c'est ce que je souhaite. Mais en même temps, comme je l'ai dit dans une interview, je me rends compte que beaucoup de personnes qui parlent en mon nom ne me connaissent pas. C'est un club qui peut rendre fou. Même hier, des amis ont vu une vidéo où ils m'ont trouvé très tendu dans les loges. Avec tout le respect, j'étais tendu quand je suis arrivé dans ce club. Au début, j'étais comme en turbulence continue dans les tribunes. Maintenant, je suis dans la tribune à côté de ce que j'étais quand je suis arrivé au club, je me rends compte. C'est pour ça que je ne sais pas quel est l'objectif, mais en même temps, je me rends compte qu'il y a beaucoup de gens qui parlent en mon nom sans me connaître.

 

Tu prends Jean-Louis pour 4 mois, ce n'est pas très stable. Est-ce que cela veut dire que tu vas le replonger ?

P.L : Il y a une situation qui est très claire, on parle de stabilité. Il faut être pragmatique dans ces moments. À un tiers de la compétition, tu avais besoin de pragmatisme si tu veux changer. L'objectif et la responsabilité de tous, parce qu'on est à l'Olympique de Marseille, c'est de ne jamais dire que la saison va mal se finir. Ça ne va pas. Ça ne va pas avec cette institution. Parce que si on vise l'excellence, on doit faire le maximum pour se regarder dans les miroirs et dire que l'on a fait tout notre possible pour chercher à réussir cette saison qui s'est compliquée.

Que pense McCourt de ces changements ?

P.L : Avec Frank McCourt, je vais être clair parce que sinon, à chaque conférence de presse, vous me posez des questions sur Frank, sur ce qui se passe, sur les relations. Et je l'ai dit beaucoup de fois, un club de football n'a pas un seul modèle de propriétaire. Il y a des propriétaires qui vont à tous les matchs, il y a des propriétaires qui ne vont jamais aux matchs, il y a des propriétaires (j'ai vécu ça dans différents clubs) comme Sassuolo, c'était un exemple de stabilité. Cette saison, j'espère que la situation de Sassuolo va s'améliorer. Mais quand j'étais à Sassuolo, le propriétaire, sincèrement, on ne le voyait jamais, et personne ne se posait la question. Quand on était à la Juventus, le propriétaire de la Juventus, c'était le holding familial. On ne connaissait pas les gens qui étaient dans le holding. Si, on connaissait son président, qui dans ce cas était un membre de la famille. Il n'y a pas de modèle standard. Sur notre modèle, ce qu'il y a à dire, c'est un modèle où on a un propriétaire, dans ce cas, c'est le groupe McCourt, qui est représenté par une personne physique, Franck, qui est engagé, parce que je parle avec lui toutes les semaines. On a un conseil de surveillance dans lequel on parle quatre heures par semaine. Jamais dans aucun club où j'ai travaillé, il y a eu une relation entre le directoire et le conseil de surveillance avec autant de temps par semaine. Ça parle beaucoup de l'engagement des gens, parce que je m'imagine qu'à l'intérieur du holding, il y a différentes choses à faire et d'autres activités. Mais de dire que 4 heures par semaine sont consacrées à connaître l'actualité du club, les stratégies, etc., c'est quelque chose que je n'ai jamais vu dans le monde du football. On a discuté pendant une heure et demie la nuit, de dimanche à lundi, pour analyser la situation. On a discuté lundi matin pendant toute la matinée pour partager l'information et décider des choix que nous allions faire. Ça s'appelle de l'engagement, du moins dans ma vie.