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Blanc, Anelka, Anderson : Courbis s'explique
InterviewPublié le 17/04 à 12:00

Blanc, Anelka, Anderson : Courbis s'explique

20 ans après, Rolland Courbis s'explique sur son passage à l'OM.

C'est sûrement l'une des intersaisons les plus marquantes de l'OM. Celle dont on parle encore, plus de 20 ans après. Passée à un cheveu du titre mais également finaliste de coupe d'Europe, l'équipe de Rolland Courbis va être totalement métamorphosée au mercato, avec de nombreux paris qui ne s'avèreront pas payants, c'est le moins que l'on puisse dire. Alors qu'avant même la fin de saison, Cyril Domoraud et Titi Camara signent dans de prestigieuses écuries européennes (respectivement l'Inter Milan et Liverpool), le club laisse partir lors de l'été des remplaçants comme Bravo (Nice), Gourvennec (Montpellier), Guel (Saint-Etienne) mais aussi et surtout deux cadres en la personne de Laurent Blanc (également pour l'Inter Milan) et Eric Roy (Sunderland). De passage sur le plateau du Talk Show la semaine dernière, ce dernier s'en était expliqué, comme vous pouvez le voir en vidéo : "On s'en est réexpliqué avec Rolland. Il avait envie de faire progresser cette équipe, il voulait faire un milieu avec Dalmat et Luccin, qui était déjà arrivé la saison d'avant. Dalmat devait me remplacer numériquement au milieu de terrain dans un rôle inédit pour lui et il s'est avéré que la complémentarité entre eux n'a jamais fonctionné. Rolland avec sa gouaille m'a dit un jour que cette intersaison-là, il n'avait pas été très bon...". Cité, Stéphane Dalmat fut peut-être la meilleure des recrues avec Sébastien Perez et c'est peut-être là le problème, alors que le club avait également engagé Ibrahima Bakayoko, Daniel Montenegro, Eduardo Berizzo, Kaba Diawara, Pablo Calandria et Ivan De la Pena, sans oublier Lamine Diatta et Eric Decroix, repartis avant la fin du mercato alors qu'ils avaient été recrutés au début... 

Le départ de Laurent Blanc

A l'occasion d'un live sur Instagram avec Romain Canuti, Rolland Courbis est revenu sur les évènements, non sans faire quelques révélations. Tout d'abord sur le dossier le plus brûlant, le fameux départ de Laurent Blanc : "Il nous fait une fin de saison moyenne. Il lui restait un an de contrat et son agent voulait le prolonger mais aussi l'augmenter. Il avait déjà 33 ans. On pourra dire que c'est une connerie, je l'accepte, mais je m'explique. Quand son agent vient avec une offre de l'Inter, on se dit qu'eux ils ont un effectif large, en plus ils ne jouent pas de coupe d'Europe, nous on va avoir du mal à lui faire enchaîner le championnat et la Ligue des champions. L'idée, c'était de ne plus jouer étiré avec un joueur qui joue 30 ou 40 mètres derrière les autres. Pour le remplacer, je voulais Walter Samuel de Boca Juniors, que je voyais bien former la charnière dynamique avec Gallas. Mais on se prend une surenchère de l'AS Roma qui avait des moyens supérieurs. Pas de panique, on avait un plan B avec Gabriel Milito. Ca ferait une charnière très jeune mais je prends le risque. Di Meco, directeur sportif, va le superviser en Argentine et nous confirme vite qu'il sent les coups. On tombe d'accord pour un contrat de cinq ans. Malheureusement, il y a un problème familial avec sa mère qui est malade et il ne veut plus partir. Du coup, on va chercher un plan C, Berizzo, qui avait une certaine expérience. Je ne pouvais qu'être positif avec lui. Il me paraissait expérimenté. Au final... Mais il ne faut pas faire le raccourci et comparer Blanc et Berizzo". 

Quand l'OM a raté Anelka

Au départ, l'intersaison était pleine de promesses avec deux internationaux français sur les tablettes dans les gazettes transferts : Marcel Desailly et Nicolas Anelka. Mais ils étaient hors d'atteinte pour l'OM. "Desailly, ça a duré une minute. On a entendu le chiffre de ce qu'il gagnait net d'impôts à Chelsea, c'était impossible de s'aligner. Ou ça aurait fait une ambiance catastrophique dans le vestiaire, il gagnait 5 ou 6 fois plus que le mieux payé de notre équipe" précise aujourd'hui Courbis. Pour Anelka, la bataille entre la Lazio et le Real Madrid le fera signer en Espagne pour 220 millions de francs. Loin des possibilités de l'équipe marseillaise qui aurait cependant pu faire signer le natif de Trappes un an avant. C'est ce que révèle aujourd'hui Courbis : "Au printemps 98, je rencontre Anelka et ses proches à Monaco. Il est dans une période où ça ne va pas du tout à Arsenal, il demande à partir et ne s'entend pas avec Wenger. Le club est OK. On fait les efforts qu'il faut, on arrive à le convaincre et on se met d'accord sur un contrat. On se laisse tous quelques jours de réflexion. Et je sais pas si le fait d'être convoité lui redonne confiance, mais 3-4 jours après, il marque deux buts avec Arsenal, il s'impose dans l'équipe, ils font le doublé et il marque en finale de la coupe". 

Bakayoko et Diawara plutôt que Sonny Anderson

Pour en revenir à la fameuse intersaison 1999, le plan de Courbis était tout autre, mais il avait quand même de la gueule. "Notre option numéro 1 à ce moment-là, c'était Sonny Anderson. Il était remplaçant de Kluivert au Barça. Les échos qu'on a, c'est qu'il aurait une blessure à la voute plantaire très difficile à guérir. Il fallait mettre 80-100 millions de francs à l'époque. On hésite avec Robert Louis-Dreyfus. On se dit que si le Barça veut s'en séparer... On ne le fait pas, et avec l'argent qui était prévu, on fait deux joueurs : Ibrahima Bakayoko et Kaba Diawara. Il y en a qui ne se trompent jamais dans leur vie, moi malheureusement ça m'est arrivé" déroule aujourd'hui Courbis avec cette manipulation de l'euphémisme qui lui est propre. Alors que Lyon convoitait Bakayoko, l'OM signera l'attaquant prometteur de 22 ans d'Everton, ne laissant d'autres choix à Jean-Michel Aulas que de signer un chèque de 120 millions de francs pour engager Sonny Anderson... ce qui s'avèrera peut-être être le plus grand recrutement de l'histoire du club lyonnais, "Sonnygoal" était à l'origine des premiers titres des Gones, la coupe de la Ligue en 2001 puis les deux premiers championnats en 2002 et 2003.