OM Actualités Foot de l’Olympique de Marseille
Abdallah : "Villas-Boas a été clair avec moi dès le départ"
InterviewPublié le 14/10 à 01:00

Abdallah : "Villas-Boas a été clair avec moi dès le départ"

Interview d'Ali Abdallah Mohamed, jeune latéral droit de l'OM prêté cette saison à Zulte-Waregem en Belgique.

A 21 ans, Ali Abdallah Mohamed a été prêté par l'OM à Zulte Waregem. Une ascension logique. Formé à l'OM, titulaire avec la réserve en 2017, pro en 2019 (et sous contrat jusqu'en 2022), le voici avec une chance désormais de prouver ce qu'il vaut au plus haut niveau. Cela semble limpide mais c'est tellement rare pour une jeune pousse phocéenne. Entretien avec un latéral droit qui est conscient de sa chance, et qui va tout faire pour la saisir comme il faut.

Bonjour "Balla". Pour commencer, les Comores ont battu la Libye ce dimanche (2-1)...

Ali Abdallah Mohamed : "Evidemment, c'était impossible pour moi de ne pas voir ce match. Je l'ai regardé après, sur Youtube. C'est génial, quand tu ne peux malheureusement pas voir une rencontre en direct, tu peux te remettre au coup d'envoi pour la suivre. Le truc, c'est que je connaissais le résultat en avance avec les messages reçus, donc j'ai pas explosé sur le but de la victoire de Youssouf M'Changama (ancien joueur de Consolat, aujourd'hui à Guingamp, ndlr). C'est vrai que c'était une belle frappe, qu'il y avait de quoi s'enflammer, mais je voulais avant tout voir le match sérieusement. Et on a été bon, meilleur que la Libye, c'est de bon augure pour les qualifications pour la CAN, on continue à engranger de la confiance. C'est parfait pour rester sur notre lancée, mais aussi pour le classement FIFA. Dans notre position tout est bon à prendre". 

Pour toi, cette sélection, c'est plus qu'un bonus. Tu étais appelé alors que tu n'avais même pas joué avec l'OM.

A.A.M : "L'opportunité de jouer aux Comores, ça me donne un crédit, on peut le voir comme ça. Mais ça ne tombe pas tout seul. La sélection c'est un plus. N'importe laquelle, tout le monde le sait. Ca a peut-être aidé pour me faire passer pro à l'OM, aidé pour ce prêt en Belgique. Mais pas dans le sens "s'il est international, il faut qu'on le signe, parce qu'il doit être bon, dans le doute...". Vous pensez bien que les clubs sont capables de se faire leur propre avis. C'est plus au niveau de l'expérience que ça peut procurer, même en étant jeune. On joue des qualifs, on joue de belles équipes, et on est loin d'être ridicules. Donc ça peut aider à ce que je me fasse remarquer, mais le sélectionneur, il aligne une équipe pour gagner, pas pour "exposer" untel ou untel. C'était bien par rapport à l'OM aussi parce qu'à chaque fois, Villas-Boas me faisait savoir qu'il suivait mes matchs. On débrieffait à mon retour, il était satisfait. Après à l'entraînement, ce sont des choix. Il y a un groupe en place, qui obtient des résultats, ça ne se bouge pas comme ça".

Cette fois-ci, tu n'étais pas en sélection. Pour mieux t'adapter à ton nouveau club.

A.A.M : "Déjà, quand on arrive en Belgique en provenance de Marseille, on est en quarantaine parce que c'est considéré comme zone rouge avec le Covid. Pendant une semaine, cela veut dire que je ne me suis pas entraîné avec le groupe. Avant ce départ en sélection il ne restait plus qu'une semaine... En accord avec le sélectionneur, on a estimé que ma priorité c'était de retrouver le rythme. On a fait un match amical avec Zulte-Waregem pendant la trêve, j'ai fait 90 minutes, c'est parfait. Mon objectif désormais c'est de tout faire pour être une possibilité sur la prochaine liste pour la sélection au mois de novembre. Au moins que je sois éligible, à 100%, après ce sont des choix il faut les respecter".

Pour les jeunes formés à l'OM, le gap entre l'équipe réserve et l'élite semble énorme. En parvenant à te faire prêter, est-ce que tu te dis que tu as fait le plus dur ? Maintenant tu peux montrer ce que tu vaux...

A.A.M : "Le plus dur, ça va être maintenant. A l'Olympique de Marseille je n'ai pas eu ma chance. Là, je vais l'avoir mais il va falloir prouver quand même. Il ne faut pas croire qu'il ne va pas y avoir de concurrence. Il y en a partout au haut niveau. C'est à moi de montrer que j'aurais pu jouer à l'OM. Mais pour l'instant je n'ai encore rien prouvé. Avant de venir en prêt en Belgique, j'ai eu la chance d'avoir le coach au téléphone. Je voulais l'avoir moi, sentir qu'ils étaient intéressés. Le projet c'est de me faire jouer. Il y a un arrière droit en poste mais c'est le meilleur qui jouera. Ils m'ont pris en prêt avec option d'achat, donc c'est à moi de mériter le fait qu'ils m'achètent. Encore aujourd'hui à l'entraînement, je sentais qu'ils comptent sur moi. Après, je suis encore sous contrat avec l'OM, c'est à moi de leur faire envie aussi. Tout est lié. Quand je vois un joueur comme Laurent Abergel, latéral droit formé à Marseille, il a fait plein de clubs pour percer en Ligue 1 (Ajaccio, Nancy et Lorient, ndlr). Je ne l'ai pas connu personnellement mais j'ai vu son évolution. C'est un exemple, il a une carrière. Il n'a pas pu s'exprimer à l'OM mais il a pu faire son bonhomme de chemin".

Tu disais que le plus dur commence. C'est dur d'arriver dans un club et d'être vu comme celui qui est formé à l'OM ?

A.A.M : "La première fois que je suis rentré dans le vestiaire ici, on m'a posé beaucoup de questions sur l'OM. On ne parle pas de n'importe quel club, c'est l'Olympique de Marseille. Et c'est là que tu te dis que c'est costaud ce club. A voir le regard que les gens peuvent avoir dessus. La façon dont ils en parlent, tu sens quelque part, sans parler de pression, qu'il va falloir être à la hauteur. Tu représentes ta ville quand même, ton club. L'image en soi n'est pas mauvaise. L'OM ça impressionne tout le monde, tout le monde veut y jouer. Dès que je suis à l'étranger je le constate. Donc forcément, tu es attendu au tournant. Tu n'as peut-être pas joué mais tu étais dans le groupe, et pas à mi-temps. C'est pour ça que je dis que c'est le plus dur, parce qu'il va falloir que je prouve que j'aurais pu jouer à l'OM, pas juste que je tienne mon poste".

Il y en a plein dans ta situation qui ont enchaîné les saisons avec la réserve sans avoir une chance en pro...

A.A.M : "C'est délicat. Souvent les clubs disent qu'un jeune joueur a le potentiel. Mais est-ce qu'il a le niveau ? Ce n'est pas pareil. Le niveau, tu ne le sais que quand tu as joué et la plupart des clubs de Ligue 2 ou de National ne veulent pas prendre le risque. Même s'ils savent que tu as du potentiel... Ca reste compliqué. Ce qui fait la différence dans ces moments-là, c'est aussi le conseiller que tu peux choisir. Grâce à Dieu, celui qui m'accompagne a fait le boulot. Il m'a trouvé une opportunité et c'est son rôle, il a convaincu sur le potentiel ET sur le niveau". 

Tu parlais d'André Villas-Boas. Quelles relations aviez-vous ?

A.A.M : "On avait discuté ensemble au début de la préparation. Il avait été clair, il ne voulait pas que je refasse la même saison que l'an dernier. Ce n'était pas un problème de niveau à ses yeux mais il avait ses deux arrières droit. Il avait son groupe et il comptait bien le renforcer. Donc il m'a dit : "tu es jeune, il faut que tu joues". J'ai compris le message, tout est transparent. J'ai donc fait ma prépa normalement, l'OM m'a cherché une porte de sortie, j'ai cherché aussi de mon côté et mon agent a trouvé cette solution en Belgique".

Une semaine après ton arrivée, l'OM se sépare de Bouna Sarr et ne le remplace pas. Tu t'es dit que ça aurait pu être ta chance ?

A.A.M : "Ca fait partie du jeu. Je savais que Bouna ou Sakai pouvaient partir à tout moment. De mon côté, il fallait que je pense à moi. Qu'est-ce qui était bon pour moi ? Il ne fallait pas calculer en fonction des autres. Le coach m'a dit de trouver un bon projet pour jouer, c'est fait. Quand j'ai vu le transfert, mon premier réflexe, c'était d'être content pour lui parce que signer au Bayern Munich, c'est une belle récompense. Moi, même si l'OM ça reste mon club de coeur, mon choix était déjà fait. Mais de la même manière, je suis pas en train d'espérer qu'ils ne parviennent pas à recruter de latéral et que ça leur manque à un moment de la saison, en me disant que peut-être, pour moi, la saison prochaine, ça sera plus simple. Non, je veux le meilleur pour l'OM, si ça passe par un recrutement à mon poste, très bien. Ce sera à moi de réussir ailleurs".

Justement, c'est plutôt bien d'être en Belgique pour ça, un championnat très suivi, en Angleterre notamment.

A.A.M : "La Belgique, c'est très bien placé. Pour l'Angleterre mais pour la France aussi. Lille (Jonathan David, 30 millions, la Gantoise), Rennes (Jérémy Doku, 26 millions, Anderlecht) viennent piocher ici désormais. L'OM a essayé aussi avec le latéral de Genk, Joakim Maehle. C'est un championnat où on laisse jouer les jeunes, c'est une pépinière. Dans mon équipe, le capitaine a 20 ans. C'est pour ça que j'ai choisi ce projet, ils n'ont pas peur de donner leur chance aux jeunes. C'est un tremplin, encore faut-il sauter, on en revient à ce que je disais tout à l'heure".

Au niveau de ton intégration ça se passe comment quand on vient de Marseille, on te parle de "Bande Organisée" ?

A.A.M : "Déjà ça parle français, donc ça simplifie les choses. Après Marseille, ça parle à tout le monde. Dans le bon comme dans le mauvais malheureusement. Quand je suis arrivé on m'a posé beaucoup de questions sur notre manière de s'entraîner parce que les gens aiment beaucoup le coach Villas-Boas et veulent savoir comment ça se passe avec lui. Après oui, Bande Organisée, à ce niveau, c'est plus qu'un buzz donc on m'en parle aussi. Et comme j'ai grandi dans les quartiers à Marseille, on me demande aussi comment c'est vraiment... mais c'est sympa".