Reims-OM : deux légendes éternelles du foot français s'affrontent
Un peu d'histoire avant Reims-OM avec notre conteur de la légende olympienne Fernand Bonaguidi.
Avec le Stade de Reims, les souvenirs reviennent à la surface, en se rappelant une époque dans les années 50 où les deux clubs ne boxaient pas dans la même catégorie. Premier match entre les deux équipes après la guerre, le 21 octobre 1945, avec une victoire rémoise au Vélodrome 5 à 3, avec deux buts notamment de Pierre Sinibaldi. Dans l'équipe champenoise jouaient d'autres célébrités : Robert Jonquet, Roger Marche, Henri Roessler, futur entraîneur de l'OM, Albert Batteux, Pierre Flamion, que du beau monde. Si l'OM fut champion en 1948 après une belle bagarre avec les Rémois, il leur céda son titre en 1949 et s'enfonça ensuite dans la médiocrité jusqu'à descendre en 1959 en deuxième division.
Les deux poids lourds du championnat, et le premier titre pour Reims
Le 25 janvier 1948, dans un Vélodrome plein à ras bord (35000 spectateurs) pour ce match au sommet, les Marseillais s'imposèrent sur un but de Felix Pironti, dit "tête d'or", à la 41e minute du match. "Fèli" remplacera ensuite dans les buts Liberati, le gardien, blessé à l'heure de jeu. De plus, l'OM était handicapé, Roger Scotti jouait arrière droit, Felix Pironti demi et Georges Dard ailier gauche, pour compenser toutes les absences. L'équipe de l'OM pour ce match: LIBERATI (sorti blessé à 60' minute)- SCOTTI, RODRIGUEZ, SALEM- PIRONTI (remplace LIBERATI blessé) , BASTIEN - MARTIN, NAGY, BIHEL, TRSKAN, DARD. Et l'OM sera champion avec 1 point d'avance sur Lille et 2 sur Reims. L'année suivante, le titre sera pour Reims, pour la première fois de son histoire, l'OM finissant à la 3e place, avec un autre match au sommet, mais une défaite 3 à 4, devant plus de 38000 Marseillais.
Quand les Rémois marchent sur l'Europe, 35 ans avant les Marseillais
Durant les années 50, le Stade de Reims va être le club le plus prestigieux du football français jusqu'au début de la décennie suivante. Il jouait aussi dans un vélodrome municipal, le stade Auguste-Delaune. Le club au célèbre maillot rouge et manches blanches s'imposa comme le numéro 1 en France, amassant en quelques années un palmarès prestigieux. Porté par des personnalités emblématiques (l'entraîneur Albert Batteux, le président Henri Germain et bien sûr Raymond Kopa, Ballon d'Or en 1958). Avec le formidable Justo Fontaine, recordman de buts en une seule Coupe du Monde avec 13 réalisations (!), et Roger Piantoni qui possédait un pied gauche exceptionnel, Reims remporta à six reprises le Championnat de France et deux fois la Coupe de France entre 1949 et 1962. Il participa à la première édition de la Coupe des clubs champions européens en 1956, s'inclinant de justesse en finale face au Real de Madrid 4 buts à 3 au Parc des Princes. Cette saison-là, l'OM s'imposa au Vélodrome 1 à 0 sur un but de Jean-Jacques Marcel, qui avec les Rémois, réussira une formidable Coupe du Monde en 1958 (3e). Dans l'équipe rémoise jouait Michel Hidalgo, que l'OM a honoré après son décès en 2020, et qui fut de l'aventure Olympienne avec Bernard Tapie.
Dégringolades, faillites, et renaissances...
Nouvelle finale européenne trois ans plus tard, toujours face au Real où jouait Kopa et défaite 0 à 2. Avec l'OM, il y eut un match curieux en 1957, avec un nul 3 à 3 et un but de Gunnar Andersson qui avait troué les filets, l'arbitre ne s'en étant pas aperçu, mais sifflant un penalty de compensation juste après. Reims finira premier, l'OM se sauvant lors de la dernière journée... pour descendre un an plus tard en 1959. Après le dernier titre de Champion en 1962 pour les Rémois, le licenciement d'Albert Batteux un an après coïncida avec le recul sportif du club, relégué en deuxième division en 1964 puis en 1967. Curieusement, l'OM et Reims remontèrent ensemble en 1966 en Première Division, après des années de disette, avec une victoire olympienne à l'Huveaune 2 à 1 le 20 septembre 1965. Mais le club rémois ne parvint jamais à retrouver l'éclat du passé, malgré les exploits de l'Argentin Carlos Bianchi. Sauvé de justesse de la faillite en 1978, relégué l'année suivante, il devint un pensionnaire régulier de la D2 jusqu'à sa liquidation judiciaire en 1991. Le Stade de Reims a depuis retrouvé l'élite, en espérant pour l'OM renouveler la victoire 3 à 1 de la saison dernière avec deux buts de Payet et un de Milik (3 – 1). On ne demande pas mieux !