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Un OM plus "bankable" ?
SaisonPublié le 30/09 à 07:00

Un OM plus "bankable" ?

Stade flambant neuf, départ des gros salaires, assainissement des comptes et aujourd'hui, reprise en main de la commercialisation des abonnements. Cette remise aux normes du club à marche forcée et la disparition progressive des particularismes marseillais ont beaucoup fait jaser hier mardi, et inutile de préciser que le spectre - ou fantasme - de la vente de l'OM est ressorti du bois sans se faire prier. Il faut dire que, tous ces éléments mis bout à bout, l'opération ne ressemble pas à un simple dépoussiérage, mais bel et bien à une rénovation de la cave au grenier. Certes, la menace qui plane sur le club depuis les événements d'OM-Lyon a poussé les dirigeants à réagir, d'autant que les instances nationales ne laisseront rien passer à quelques mois de l'Euro. Mais l'enchaînement de mesures fortes auquel on assiste ces derniers temps, avec en point d'orgue ce symbole des virages que l'on pensait inscrit dans le marbre, ne peut que mettre la puce à l'oreille des suiveurs que nous sommes, journalistes comme supporters.

Le serpent de mer de la vente s'agite de nouveau

Agité à intervalles réguliers ces dernières années, le serpent de mer de la vente du club ressemble ainsi de moins en moins à son légendaire cousin écossais, mais bel et bien à une véritable éventualité. C'est en tout cas l'avis de beaucoup d'observateurs. Interrogé mardi par le Phocéen, l'ancien président Christophe Bouchet applaudissait des deux mains cette "avancée essentielle pour le club". A la question d'une éventuelle rénovation préalable à une mise en vente, il répond sans hésiter : "Oui, assurément". Un autre ancien président est, lui, un peu moins convaincu par la manœuvre, mais n'écarte pas l'éventualité : "Oui, c'est possible. Mais la vente du club peut intervenir à tout moment depuis longtemps, et il n'y a pas besoin de cela. Il suffit qu'un acheteur s'engage publiquement à payer MLD et à investir beaucoup chaque année. L'actuelle propriétaire serait alors obligée de faire de même ou alors de céder le club". Toujours est-il que l'OM semble bien, faire le nécessaire afin de se présenter sous ses meilleurs atours. C'est d'ailleurs ce que Vincent Labrune déclarait récemment à L'Equipe : "Notre stratégie est de rendre l’OM plus bankable en ayant, à la fois, de bons résultats, des indicateurs économiques au vert et un environnement pacifié... Si demain je peux attirer des investisseurs pour renforcer la compétitivité de mon équipe et que ça permet, un jour, à l’actionnaire de partir, j’en serais ravi". Toujours très au fait de ce que disent et pensent les supporters, le président a bien compris que ces derniers souhaitent changer d'ère, et le message est passé.

Une véritable opposition au PSG

Reste à savoir si le fantasme est réalisable, ou en tout cas en voie de le devenir. Si l'OM s'applique à être "bankable", la Ligue 1 tarde à l'être. Mais certains signaux apparaissent. D'un côté, l'Euro arrive, avec des stades enfin présentables. De l'autre, le PSG version qatarienne présente chaque semaine en Ligue des Champions, qu'on le veuille ou non, une formation de stars digne du top 5 européen. Il n'est pas dit que les dirigeants parisiens, ni ceux de la Ligue, ne se satisfassent longtemps d'un championnat dont on connaît systématiquement le vainqueur à l'avance. Un peu comme l'OM de Tapie au début des années 90, le PSG a besoin d'un adversaire à la hauteur et Marseille est évidemment le client idéal pour pimenter le feuilleton. L'idée d'une "opération séduction" afin d'attirer un investisseur digne de ce nom prend alors du sens.

Mennucci : "Personne n'achète un club où l'on ne maîtrise pas 28 000 places !"

Mais tout cela ne reste qu'hypothèses. Si l'OM a provoqué cette réunion avec les supporters et ce soudain changement de cap, c'est avant tout sous la pression de l'état. Suite aux incidents d'OM-Lyon, Vincent Labrune et ses collaborateurs ont, en effet, passé un sale quart d'heure mardi dernier dans le bureau du préfet de police. En clair, le discours était : "Si vous ne le faites pas, nous ne sommes plus en mesure d'assurer la sécurité". Inutile de dire que l'OM n'avait plus vraiment le choix. Mais dans le cadre du ravalement de façade, on peut estimer que cette injonction tombe à pic si les intentions de vendre le club existent. Cette vente, le député marseillais Patrick Mennucci l'appelle de ses voeux depuis longtemps, c'était même l'un de ses crédos lors des dernières municipales. Pour lui, ce changement de politique dans les virages est une bonne décision : "Enfin ! C'est une bonne chose, même si je regrette qu'il ait fallu ces événements lamentables pour que le club commence à prendre ses responsabilités. Je regrette également qu'on ne mette en avant que les problèmes de sécurité, car il y a aussi un problème de morale. On sait qu'il y a du trafic sur la vente des places généré par ce système. Et qu'on ne me dise pas que c'est un problème de prix, car l'OM peut très bien faire des places pas chères et les vendre individuellement. En tous cas, cela a bien sûr du sens si on veut vendre le club, car personne n'achète un club où l'on ne maîtrise pas 28 000 places". Pour lui aussi, l'OM se refait une beauté afin de paraître plus attrayant en cas d'approche : "Bien sûr ! Les événements accélèrent les choses, mais c'est fait pour ça. L'OM a le stade pour, le public pour et l'histoire pour attirer des investisseurs".

En attendant, au-delà de ces réformes structurelles, l'OM doit impérativement se remettre sur les rails en ce qui concerne sa raison d'être, à savoir la performance sportive. Elle aussi fait partie de la vitrine, elle est même placée en premier plan. Ce sera le cas dimanche, plus que jamais, avec PSG-OM. Si un seul match français intéresse l'international, c'est bien celui-là.