A jamais les premiers (bis)
Du petit lait. Ou petit déjeuner copieux. C'est au choix. Ce matin, tout supporter marseillais qui se respecte a le sourire jusqu'aux oreilles et se fait une revue de presse des plus exhaustives. Les yeux se font petits, parce que mercredi soir, déjà, la veille s'est faite jusqu'à très tard, pour regarder tous les commentaires, sur toutes les chaînes infos, toutes les mines déconfites de consultants qui invitaient quelques heures plus tôt les Catalans à faire preuve de plus d'humilité. Parce que oui, l'objet de cette euphorie, ce n'est pas un match de l'OM, c'est la défaite du PSG à Barcelone (6-1). C'est la première fois dans l'histoire de la coupe d'Europe (avec 185 précédents tout de même) qu'une équipe qui gagne 4-0 au match aller ne se qualifie finalement pas. Même des heures après, chaque petite statistique distillée est un délice. Comme le fait que les Parisiens n'aient réussi que 4 passes dans les dix dernières minutes du match... dont trois fois sur le coup d'envoi après un but.
Un coup dur qui incite les fans du PSG à brandir un débat de fond : "Pourquoi ne pas se concentrer sur son club, qui n'a plus gagné un match en Ligue des champions depuis cinq ans ?" Bien essayé, mais la théorie du "vous vivez à travers notre club, preuve que nous sommes supérieurs", ça ne prend pas. Il suffit de se rappeler les commentaires rageurs de ces mêmes personnes après le zéro pointé en Ligue des champions en phase de poule en 2013. Pourtant, il y avait la place de s'occuper de Paris, qui était sur cette même piste aux étoiles. Et que dire des réactions après le dernier OM-PSG ? Des vidéos d'un humoriste sur l'instru d'un rappeur marseillais, qui tente de se faire du buzz en interpellant ses homologues marseillais, bien plus populaires ? Difficile derrière de vanter les mérites de l'identité propre à chaque équipe...
Chambrer l'équipe rivale, cela fait partie du jeu. Les Parisiens le savent très bien. Sur ce match, ils ne paient pas seulement le fait de s'en prendre six au Nou Camp. Soyons honnêtes, Rolando, Fanni et Doria se prendraient peut-être le même tarif en un petit quart d'heure. Mais c'est un ensemble. Beaucoup d'éléments remontent à la surface. Les déclarations après la victoire au match aller, l'envie de certains de faire entrer ce match dans les plus gros exploits du sport français, rien que ça. Oui, au final, la prophétie se vérifie : comme le XV de France ou les Mousquetaires au tennis, un exploit est toujours suivi d'une désillusion, et à la fin, le drapeau tricolore n'est jamais celui qui flotte le plus haut. Cela fait donc cinq ans que Paris, qui clame haut et fort ses envies de conquête en Ligue des champions, se ramasse. Après la fessée au Vélodrome (1-5), les Parisiens, dirigeants en tête, s'étaient fait un plaisir de rappeler que les Marseillais avaient peut-être trop chanté avant la rencontre pour ne pas ramasser la foudre. C'est assez drôle donc quelques jours plus tard de voir que ces mêmes personnes ne se le sont pas appliqué à elles-mêmes.
Avec la mauvaise foi qui caractérise le peuple marseillais, on pourrait même se dire que nous avons notre part de mérite dans cette humiliation historique. Après tout, en acceptant de se prendre un 1-5 au Vélodrome, les Olympiens ont contribué à gonfler artificiellement la confiance des Matuidi, Draxler and co, trop heureux de chambrer l'ambiance du Vélodrome dans une pizzeria à quelques jours du retour en Catalogne... Plus sérieusement, ce qu'il y a finalement de plus beau avec cette remontada, c'est que les Parisiens ne pourront plus la ramener sur leur victoire 5-1 au Vélodrome. Jamais. Parce qu'elle sera forcément liée à cette sortie prématurée en Ligue des champions. Ce sera un des éléments qui ont précipité leur chute. Eux qui aimaient bien reprendre l'épithète "à jamais les premiers" pour se moquer de nous vont devoir aussi faire avec désormais.
