Les coulisses du fiasco Njié / Nkoudou
Soyons clairs, Clinton Njié est quand même loin d'égaler la légende Mario Jardel. Dans la catégorie des "je devais venir mais finalement je ne viens pas", le buteur brésilien reste devant : car son arrivée devait suffire à changer totalement la face de l'équipe et qu'il avait fait des déclarations pour dire qu'il avait signé. On en est loin avec la coqueluche camerounaise. Il n'empêche, Njié sera lui aussi synonyme de goût amer dans la bouche des supporters olympiens. A chaque fois qu'il brillera, ce sera une petite pique de plus lancée aux amoureux de l'OM. Comme lorsque Erik Lamela marque. A chaque fois, c'est un prétexte pour ressortir les conditions de sa non-venue à Marseille : pour rappel, les dirigeants phocéens veulent l'Argentin en prêt. Son club est ok à condition de prendre Berahino de WBA à la place. Mais quand les Baggies l'apprennent, ils se savent en position de force et augmentent leurs exigences. Le marché anglais se terminant plus tard que le marché français, les positions se figent et l'OM se retrouve sur le carreau. Le dénominateur commun avec Njié est le club avec lequel l'état-major olympien a dû négocier : Tottenham. Il n'y a pourtant pas de quoi monter une rivalité contre le club du nord de Londres. Ce transfert qui ne se réalise pas, c'est avant-tout une bévue du camp marseillais.
A l'origine, comme nous vous le révélions il y a plus d'une semaine, ce sont les Spurs qui cherchent un club susceptible de récupérer Njié, le "Doria" du dernier troisième de Premier League. Acheté 17 millions bonus compris, le Camerounais n'a jamais fait partie des plans de Pochettino. Vincent Labrune saisit la balle au bond. Comme il l'avait fait en son temps avec Barton, qu'il prend en prêt mais où il vend MBia 6 millions dans le même temps à QPR, où l'an dernier, avec le prêt avec option obligatoire pour Cabella à 9 millions d'euros contre une vente de Florian Thauvin à 17, il propose au club londonien de récupérer le jeune attaquant à condition qu'Nkoudou fasse le chemin inverse pour 13 millions d'euros. Les Londoniens acceptent. Mais alors que les négociations durent, Daniel Lévy, le président de Tottenham, devient de plus en plus méfiant. Il observe, note l'empressement de son homologue pour conclure mais également la mise à l'écart d'Nkoudou, qui reste à Marseille alors que l'équipe première dispute des matchs amicaux en Allemagne. Tiens, et si Nkoudou n'était pas "le Raheem Sterling français" comme Labrune a un jour essayé de le vendre ? Comme bien souvent dans ce genre de situation, l'ego en prend un coup. Lévy ne veut pas passer pour le dindon de la farce, surtout face à Vincent Labrune, l'homme qui a un jour vendu Azpilicueta à Chelsea pour moins de 8 millions d'euros. Alors le "chairman" prend les choses en main. Il se met à rogner sur les options, inclus des clauses en cas de blessure, trouve tous les prétextes pour baisser les prix. Et le dirigeant des Spurs Paul Mitchell, qui poussait lui aussi pour que le deal se fasse, serait désormais sur la sellette. Ces derniers jours, le départ d'Nkoudou ne devait se facturer plus que 5 millions d'euros, contre les 13 initiaux. Plus de 60% de réduction, qui dit mieux ? Pas l'OM, où les successeurs de Labrune préfèrent stopper les négociations.
Là où l'on est loin de Mario Jardel, c'est qu'au moment où il doit signer à l'OM, le Brésilien a été soulier d'or européen, avec 187 buts sur ses 5 dernières saisons. Clinton Njie, lui, n'a jamais fait une seule saison en tant que titulaire. Du coup, alors que vous avez été plus de 22 000 à être sollicités, les regrets sur ce deal qui tombe à l'eau sont peu nombreux, comme l'indiquent les résultats du sondage. Reste que cela fait tache à quelques jours du début du championnat. A compter pendant des semaines sur ce deal pour rien, des pistes peut-être plus intéressantes que le Camerounais se sont envolées. Sans parler de l'état dans lequel Georges-Kévin Nkoudou se trouve. L'an dernier, "GK" a prouvé qu'il avait les épaules pour porter l'équipe tout seul pendant une période. Ce n'est vraiment pas donné à tout le monde. Mais, gêné par une blessure à l'aine, il n'a plus rien fait de notable sur les quatre derniers mois de compétition. Et il vient de passer son été entre la Commanderie et une chambre d'hôtel à Londres. Il y a mieux pour se préparer à confirmer un premier exerice réussi. Ce n'est pas sans rappeler la situation de Loïc Rémy à l'OM. Après l'Euro 2012, l'attaquant n'avait plus la tête à Marseille. Il s'attend à être transféré en Premier League. Le dernier jour du mercato, les discussions sont très avancées avec Chelsea mais le club marseillais refuse de le lâcher pour 5 millions d'euros. Il reprendra dans l'équipe de Baup mais n'arrivera jamais à déloger les titulaires pour partir quelques mois plus tard à QPR. La chance des dirigeants marseillais, c'est que contrairement à Lamela et Rémy, il reste encore trois semaines de mercato. A eux de se rattraper, après s'être déjà fait un peu avoir par l'agent de Thauvin qui a fait monter les enchères avec la Lazio Rome...