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Les anecdotes de Pancho Abardonado
InterviewPublié le 13/11 à 17:01

Les anecdotes de Pancho Abardonado

Pancho Abardonado porte un regard passionné sur ses années olympiennes, au gré des anecdotes qu'il raconte avec sa gentillesse toute naturelle.

C'est avec grand plaisir que nous avons reçu Jacques "Pancho" Abardonado lundi soir sur le plateau du Talk Show du Phocéen. Joueur de caractère, il fut le symbole à la fin des années 90, début 2000, de ce que pouvait représenter l'esprit marseillais. Très apprécié des supporters, Pancho a dû néanmoins partir pour faire carrière du côté de Nice, Nuremberg et Valenciennes.

Désormais retraité du football après une dernière pige en National à Fréjus St Raphaël, le grand cousin d'André-Pierre Gignac ("sa maman et la mienne sont des cousines germaines") porte un regard passionné sur ses années olympiennes, au gré des anecdotes qu'il raconte avec sa gentillesse toute naturelle.

"Quand je marque contre Paris, c'était l'explosion !"

Pancho, quel est ton meilleur souvenir avec l'OM ?

Pancho Abardonado : "C'est le but contre Paris (OM-PSG 4-1 en février 2000), parce que je suis Marseillais et j'avais le maillot de ma ville. Donc marquer contre Paris, en plus au Vélodrome, devant ma famille, c'était extraordinaire. Le lendemain, je vais faire mes courses à Plan de Campagne (à Marseille), je remplis le chariot, j'arrive à la caisse et le gars me reconnait et me dit : 'Je ne vais pas te faire payer, t'as marqué contre Paris !' J'ai passé le chariot entier de courses !"

Sur l'action du but, Bernard Lama (le gardien du PSG), il te le donne ce but.

P.A. : "Oui, c'est clair. À la fin du match, il était venu me dire qu'il a été ébloui par le projecteur. Sur le coup, je ne pensais pas qu'il allait rater le ballon. Moi je mets ma tête, mais je ne sais pas comment je marque. Je vois juste le ballon qui rentre tout doucement dans le but. Et là c'est l'explosion ! Dire que j'étais monté parce que Monsieur Casoni (l'entraîneur de l'OM à l'époque) m'avait dit d'aller faire le surnombre, alors d'habitude je ne monte jamais."

Tu avais dédié ce but à ton oncle.

P.A. : "Oui, car c'était un très gros fumeur, donc je lui avais dit : 'le jour ou je marque en pro t’arrêtes de fumer' et il m'avait donné sa parole. Depuis ce but, il a arrêté totalement de fumer... et il a pris 20 kilos !"

Quel est le joueur qui t'a fait le plus de misères ?

P.A. : "C'est Ronaldinho. Et encore à l'époque il était fou-fou, ce n'était pas encore le grand Ronaldinho. Il fallait lui faire mal pour l’arrêter. J'étais obligé. C'est un magicien, il était extraordinaire. En plus, il ne disait pas un mot quand il prenait des coups, il se relevait avec le sourire. Et puis il accélérait derrière"

Quand tu étais au centre de formation de l'OM, est-ce qu'il y a un joueur qui aurait pu faire une grande carrière, mais qui n'a pas percé ?

P.A. : "Frédéric Vernet. C'est lui qui m'a le plus impressionné. C'était un surdoué. Il avait 16 ans quand il a débuté avec les pros, c'était à l'époque où l'OM était en D2 (saison 1995-1996). Il avait tout, techniquement il avait des pieds extraordinaires. Mais la tête, ça a bloqué à un certain moment, il n'a pas franchi ce pas."

À l'époque on t'avait dit de couper tes cheveux.

P.A. : "Oui, c'était Monsieur Francini (éducateur de l'équipe réserve de l'OM) qui m'avait dit de le faire, car les arbitres me reconnaissaient trop vite quand je mettais un coup. À chaque fois ils m'alignaient ! Mais comme je n'ai pas voulu me les couper, j'ai dû faire une queue de cheval et la mettre sous le maillot avec du strap."

"Mes racines sont à Marseille"

Pourquoi es-tu parti de l'OM ?

P.A. : "Pour progresser. C'était à l'époque où Bernard Tapie revenait, il m'avait convoqué avec Monsieur Ivic (entraîneur de l'OM) et ils m'ont dit : 'Pancho, il faut que tu progresses, tu as 21 ans, il faut que tu joues, ça serait dommage de gâcher une carrière en restant sur le banc ou en CFA'. Je leur ai répondu, vous avez raison de me le dire et je suis parti pour pouvoir continuer à jouer en Ligue 1. Sans ça, je n'aurais peut-être pas eu la carrière que j'ai eue..."

À choisir, c'est Marseille ou Nice ?

P.A. : "Marseille, c'est toute ma vie, mais à Nice j'ai passé 6 ans extraordinaires, je me suis énormément identifié à ce club, car il m'a tout apporté. Mais Marseille reste Marseille. Mes racines sont à Marseille."

Dimanche, tu étais pour l'OM ou pour Nice ?

P.A. : "Je suis pour le beau football. Ce que je voulais, c'est que ça se passe bien sur le terrain et en dehors, car à mon époque, ça ne se passait pas bien au niveau des supporters. Ce n'est pas ça le vrai football, c'est sur le terrain. Mais donc le match nul dimanche, ça m'a arrangé (sourire)."

As-tu déjà joué contre ton cousin André-Pierre Gignac ?

P.A. : "Oui, quand il était à Toulouse et moi à Valenciennes, et à Lorient quand j'étais à Nice. C'est moi qui le chargeais, mais dans le creux de l'oreille, je lui disais : 'change de côté s'il te plait'. Je ne voulais pas lui faire mal, c'est mon sang quand même !"

As-tu été affecté par les critiques dont il a fait l'objet à l'OM ?

P.A. : "Oh oui. C'est surtout pour ses proches, ils ont vraiment souffert, le papa, Gérald, la maman, le frère... et le petit, n'en parlons pas. Même moi, quand j'allais faire les courses, on me parlait de mon petit cousin. Je disais : 'écoute si t'es un homme tu vas lui dire en face, pas à moi'.

Il a eu une sacrée force de caractère pour revenir ?

P.A. : "C'est la force de la famille. On est tous des battants. Son papa, ça a été un grand battant, dans le foot comme dans la vie. C'est un fanatique de foot à la base, moi, il me suivait, il montait me voir jouer à Lorient, Nice... c'est un vrai passionné. Ça s'est transmis à son fils. Ce qu'il est en train de faire à Marseille, c'est grandiose."

"La famille, ça met une certaine pression à Marseille"

"C'est plus difficile pour les Marseillais de réussir à l'OM ?

P.A. : "Quand nous, on rentre sur le terrain, on est fier de porter ce maillot. En tribunes, il y a toujours du monde. Toute la famille, les copains. On veut faire plaisir à tout le monde, que ce soit sur le terrain et aussi en dehors. Ça met une certaine pression. Après, on ne pense plus au football, au terrain, on pense plus à faire plaisir qu'à se faire plaisir nous même sur le terrain. C'est ce qui peut arriver aux Marseillais."

Tu es originaire du même quartier que Zidane, l'as-tu connu ?

P.A. : "La première fois que j'ai croisé Yazid (le premier prénom de Zidane) c'était par hasard au quartier de la Castellane. C'est quand il jouait à Bordeaux. Du coup, il avait le survêt des Girondins, alors que moi, j'avais celui du centre de formation de l'OM. Je savais qui c'était bien sûr, mais lui ne me connaissait pas. Je lui ai serré la main, mais on ne s'est pas parlé. Comme si on était dans un match (sourire)."

D'où vient ton surnom ?

P.A. : "C'était pour faire plaisir à l'oncle de mon papa qui s'appelait Pancho. Il était d'ailleurs footballeur à l'OM aussi, il a commencé en CFA. Jacques, c'est mon nom de baptême. Ça ne me dérange pas que tout le monde m'appelle Pancho, même mes profs m'appelaient comme ça."

À quand entraîneur de l'OM ?

P.A. : "Ce n'est pas un objectif que je me fixe ! Mais début décembre, je commence mes autres diplômes d'entraineur, car j'en ai déjà deux par rapport à mes années pros."

Tu aimerais t'occuper des jeunes ?

P.A. : "Ah oui, bien sûr. Je sors d'un quartier difficile de Marseille, j'ai vu pas mal de jeunes jouer au foot avec des qualités extraordinaires, mais qui n'ont pas pu aller plus loin, car ils ont dévié ailleurs. Quand je vois une jeunesse qui se perd un peu, j'aimerais - pas à moi tout seul, car je n'y arriverais pas et ça serait prétentieux de ma part - les récupérer et les former pour qu'ils puissent porter le maillot de Marseille. Mais j'aurais du mal à en mettre sur le banc, moi je ferais jouer tout le monde ! Ça veut dire que je ne suis pas prêt pour entrainer, mais avec le temps, ça viendra."

Tu fais toujours de la batterie ?

P.A. : "J'ai envie de m'y remettre ! J'ai demandé à ma femme de m'acheter une batterie électronique, mais elle ne veut pas, car ça fait trop de bruit ! Mon père était un batteur pro, il voulait qu'on fasse soit de la musique, soit du foot. On n'avait pas le choix. Grâce à Dieu, on a réussi, moi dans le foot et mes frères dans la musique, car ils sont musiciens professionnels."