L'ex-coach de Salzbourg prévient l'OM
Jeudi, l'OM a de nouveau rendez-vous avec le Red Bull Salzbourg en demi-finale aller de l'Europa League. Les hommes de Rudi Garcia se souviendront évidemment que les Autrichiens leur avaient mené la vie dure lors de la phase de groupe en les battant à la Red Bull Arena et en obtenant un 0-0 au Vélodrome. Depuis, l'OM a su élever son niveau de plusieurs crans en réalisant un sans-faute dans la compétition et en se plaçant dans la course à la deuxième place en championnat. Mais, de leur côté, les jeunes pousses de Marco Rose ont accumulé les exploits en sortant tour à tour la Real Sociedad, le Borussia Dortmund et la Lazio de Rome. Alors, inutile de dire que les Olympiens ont tout intérêt à faire preuve du plus grand respect pour cet étonnant adversaire. Peter Zeidler, actuel entraîneur du FC Sochaux, a été le coach du RB Salzbourg entre 2012 et 2016, d'abord avec la réserve, puis avec l'équipe première. Il a donc eu sous ses ordres la majorité des joueurs qui affronteront l'OM jeudi. Pour Le Phocéen, il a accepté de décrypter le parcours de cet ambitieux club autrichien. Interview :
Six mois après les deux premières confrontations en phase de groupes, où en est votre ancienne équipe ?
Peter Zeidler : "Il faut savoir que le RB a encore fait des progrès depuis ces deux matches, ce qui est logique avec des joueurs de cet âge-là. Mais leur principal atout est leur parfaite entente tactique, tout est parfaitement synchronisé dans cette équipe. À tel point que j'ai souvent utilisé les images de leurs deux matches face à Dortmund (2-1, 0-0) pour les montrer à mon staff et à mes joueurs. C'est la parfaite illustration de tout ce qu'il faut faire dans un match en terme de tactique, de solidarité, et d'automatismes avec les partenaires".
On peut parler d'une véritable équipe composée de joueurs qui se connaissent parfaitement ?
PZ : "Exactement. Si on prend l'équipe type, avec les expérimentés Walke, le gardien, l'arrière gauche Ulmer ou le numéro 6 Berisha, on a des joueurs qui sont là depuis 8 ou 10 ans. Ils connaissent parfaitement la philosophie du club. Et puis il y a les jeunes, que j'ai eu le bonheur d'entraîner, avec l'arrière droit Lainer, les deux centraux Ramalho et Caleta-Car, le milieu Schlager... ils sont au club depuis l'âge de 14 ans, et c'est comme ça pour la majorité de l'équipe, vous vous rendez compte ? Finalement, il n'y a que le buteur Dabbur qui est arrivé plus tard et qui avait déjà une bonne expérience avec Zurich".
Nous aurons donc l'affrontement de deux équipes dotées d'un formidable état d'esprit ?
PZ : "Voilà. L'OM est très impressionnant à ce niveau-là, c'est un exemple pour nous tous. Et du côté de Salzbourg, c'est exactement pareil, on l'a vu avec les exploits contre la Real Sociedad, Dortmund, et la Lazio. C'est une équipe de copains, ils sont fiers de jouer ensemble depuis les catégories de jeunes. Dans mes causeries, j'ai cité en exemple l'exploit du Vélodrome face à Leipzig, qui est pour moi un match historique, et je cite aussi mon ancienne équipe de Salzbourg. C'est ça le football pour moi, et Salzbourg et l'OM en sont les meilleurs exemples".
Ce sera aussi un affrontement entre deux entraîneurs : Rudi Garcia et Marco Rose. Où les situez-vous actuellement ?
PZ : "Ce sont deux exemples. J'ai déjà eu l'honneur de discuter avec Rudi, et je pense qu'il fait partie des plus grands coachs en Europe actuellement. Ce qu'il fait en ce moment avec l'OM, c'est extraordinaire ! D'ailleurs, mon adjoint à Sochaux Pierre-Alain Frau me dit qu'il est le plus grand coach avec qui il a travaillé. Marco Rose, qui a été mon adjoint chez les jeunes, est un très grand tacticien qui a en plus la chance d'avoir un groupe qu'il connait par coeur. Il maîtrise son sujet sur le bout des doigts. En plus, il dispose d'installations extraordinaires à Salzbourg, c'est le top niveau européen".
Qui est votre favori ?
PZ : "Je ne sais pas. Il y a quand même à Marseille des joueurs de classe mondiale comme Thauvin, Payet ou Gustavo, que j'ai entraîné à Hoffenheim. Mais, c'est loin d'être gagné d'avance pour l'OM, car en plus, le match retour n'est pas à Marseille, ce qui change beaucoup de choses. Je connais bien Hasenhüttl, le coach de Leipzig, et il m'a dit qu'il croyait tout avoir vu en terme d'ambiance à Besiktas, mais ce qu'il a vécu au Vélodrome dépasse tout ce qu'il avait imaginé. Alors, c'est quand même un petit avantage pour les Autrichiens de jouer le retour chez eux. Pour moi, c'est vraiment du 50/50, avec le talent individuel côté OM et une histoire collective unique en Europe côté Salzbourg. En tout cas, ce sera formidable pour tous les coachs, avec deux équipes parmi les plus intéressantes actuellement".
Nicolas Chabert