Mardi noir : l'épisode de trop ?

Cela aurait pu être pire finalement. L'OM n'a pas rencontré le Nîmes Olympique la saison dernière en championnat et on s'en félicite. Non, parce qu'en matière de mardi noir, on a donné. Et toute la journée, sept heures - minuit. De longues heures à voir les gardes à vue tomber les unes après les autres sur les bandeaux déroulants des chaînes info. A qui le tour ? Faites vos jeux. D'abord incrédules, puis amusés, et enfin consternés. Et inquiets.

Au-delà des suites judiciaires de ces affaires qu'il est impossible aujourd'hui d'évaluer et qui, peut-être, se dégonfleront, c'est bien d'inquiétude dont il faut parler. Inquiétude vis-à-vis de l'actionnaire du club. Que doit penser depuis hier matin Margarita Louis-Dreyfus devant ce spectacle affligeant, elle dont le seul et unique souci est justement de ne plus en avoir à propos de ce club. Elle qui sait combien ils ont pesé sur la santé de son mari. Ce dernier, d'abord séduit par les oiseaux des nuits marseillaises, puis lassé d'être pigeonné, avait fini par demander à un ancien boxeur de descendre faire le ménage parmi les pies grouillantes autour d'un magot à ciel ouvert, offert aux plus costauds et aux plus grandes gueules. De son côté, MLD n'a pas voulu évacuer d'un tour de main l'héritage de son époux, même si l'envie l'a certainement effleurée plus d'une fois. La passion de son jeune fils Kyril l'en a dissuadée. Elle a donc confié le sac à emmerdes à son fidèle conseiller, aujourd'hui dans le tambour du lave-linge judiciaire. L'épisode de trop dans cette série sulfureuse à succès ? Ce ne serait pas étonnant.

Inquiétude également vis-à-vis de Marcelo Bielsa. Lui dont l'obsession de l'intégrité semble parfois confiner à la folie. Lui qui a poussé son étude des particularités du club au point de faire rédiger un contrat-fleuve de cinquante pages afin de protéger ses plates-bandes. Lui qui a vidé puis cloisonné le bâtiment sportif pour s'y installer avec son staff avec interdiction à quiconque d'en approcher. Lui qui, dit-on, a demandé noir sur blanc à ce que personne, du club ou de l'entourage, ne lui adresse la parole en dehors des deux principaux dirigeants. Lui, surtout, qui n'a cessé depuis son arrivée d'envoyer des messages on ne peut plus clairs, et publics, sur sa façon de voir les choses. Le recrutement maison, par exemple. Comment vont réagir ces deux piliers de l'institution ? Quel sera l'impact sur les joueurs, sur cette saison tellement bien partie? Comment cette machine aussi finement ajustée que peut être une équipe qui tourne va accueillir cet énorme grain de sable médiatique ? Que vont penser les joueurs ciblés pour les mercatos à venir, et en particulier le prochain ?

La liste des questions peut encore s'allonger au fil des infos dont le robinet n'a pas fini de couler. Une foutue rengaine locale dont les Marseillais sont lassés, à tous les niveaux. Au moment où le sport semblait s'être frayé une place, dans un stade flambant neuf, sous la houlette d'un papi grognon mais génial, le spectre du fait divers revient nous gâcher la fête. Une fois de plus. Souhaitons que cela ne soit pas la fois de trop.