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Mais qui es-tu vraiment, Marcelo Bielsa ?
SaisonPublié le 07/04 à 07:00

Mais qui es-tu vraiment, Marcelo Bielsa ?

Viendra, viendra pas ? La venue de Marcelo Bielsa à l'OM est sur toutes les lèvres. Mais qui est-il vraiment ? Et quelles sont, concrètement, ses idées ?

Marcelo Bielsa a rencontré Vincent Labrune dans le week-end. Selon RMC, l'entraîneur est reparti de l'entretien avec une proposition et les conditions d'embauche dans les mains. Il doit donner sa réponse dans les prochaines heures. Certains supporters retiennent leur souffle. D'autres pestent, jurent qu'il ne s'agit que d'un écran de fumée. Un mouchoir agité pour que les supporters rêvent aux lendemains meilleurs plutôt que de regarder avec mépris le douloureux présent. C'est peut-être le cas. Mais comment ne pas être excité à l'idée de voir le technicien argentin à la tête de l'OM ? Et pas seulement en raison de sa nationalité, qui a, c'est vrai, la cote dans les virages. Si tout le monde est élogieux à son égard, ce n'est pas le fruit du hasard ou du copinage, Bielsa fuyant les journalistes comme la peste. Récemment, le site de So Foot a établi le classement des plus grands entraîneurs de l'histoire du football. Bielsa occupait le 11e rang, entre le mythique Brian Clough et César Luis Menotti, pas très loin de Pep Guardiola et Mourinho, mais devant Van Gaal et Trapattoni. Tous ceux qui ont été amenés à parler de lui, comme Pierre Ménès et André Ayew, que vous pouvez retrouver sur Le Phocéen TV, ont été élogieux. Pourquoi donc ? 

Comment il a détecté Pochettino et Batistuta

Plus que son palmarès, ce qui fait fantasmer chez Bielsa, c'est son côté imprévisible et sa méthode, qui lui ont rapidement fait gagner un surnom : "El Loco", le fou. Pas pour rien. Dans les années 80, alors qu'il intègre la cellule de recrutement de Rosario, il prend un an pour parcourir l'Argentine avec cinq étapes de 5000 kilomètres chacune, dans une modeste Fiat. Dans chaque village, il commence par demander à parler à la personne qui connaît le mieux le football pour en faire son contact privilégié. "Si j'ai besoin d'un buteur gaucher de grande taille, je l'ai dans mon carnet, si chez lui il n'y a pas de téléphone, j'ai le numéro du magasin le plus proche où je peux l'appeler. Ou celui du marchand de journaux, du coiffeur" explique-t-il dans Una Luz de Almacén, ouvrage de son frère Rafael. La légende raconte qu'un jour, alors qu'on lui avait parlé d'un phénomène de 13 ans dans la province de Santa Fe, il s'est rendu au domicile des parents dans la nuit, et il a insisté pour entrer dans la chambre, pour, finalement, se contenter de voir les jambes du prodige. Convaincu, il engagera Mauricio Pochettino, futur champion d'Argentine. Avec le même flair, Bielsa a détecté un jeune buteur, un certain Gabriel Batistuta.

La science des coups de pied arrêtés

Mais l'Argentin sait aussi se distinguer par ses séances d'entraînement plutôt spéciales : "On va faire 220 centres sur un type avec cette idée que le ballon et le joueur arrivent à une vitesse maximum et se rencontrent à un point donné. C'est comme ça qu'on met des buts sur coup de pied arrêté. Sur les 220, 5 seulement vont arriver à destination, mais j'oblige le joueur à aller tous les prendre. Si le type ne va pas sur l'un des 220 centres que je lui fais, je le tue. Je dois lui faire sentir que c'est comme s'il avait violé une femme. Parce que ce ballon qu'il n'a pas été chercher nous a enlevé notre argent, notre victoire, notre gloire, notre vie" est-il écrit dans la biographie qui lui est consacré, Lo suficientemente loco, par Ariel Senosian. Pour sa première saison en tant qu'entraîneur, il finit champion d'Argentine avec les Newell's Old Boys, avec plus de 60% de buts marqués sur coup de pied arrêté. Pour préparer au mieux son groupe, il visionne trois matchs de football par jour et récolte toutes les informations possibles dans la presse pour mieux les classer par thème, avant de les remettre aux joueurs.

Attraction au Mondial 2010

Bielsa partira ensuite au Mexique, puis redeviendra champion d'Argentine avec le Vélez Sarsfield. Il se plante dans les grandes largeurs au Mondial 2002 avec la sélection Albiceleste, alors qu'on parlait avant le tournoi de la plus grande sélection argentine de l'histoire. Déçu, il attend pourtant la médaille d'or aux JO de 2004 pour rendre son tablier. Sa revanche, il la prendra en 2010 au Mondial sud-africain. Avec le Chili, il tombera en huitième de finale. Mais son 3-6-1 a été l'une des attractions majeures de la compétition. Cruyff parlera de "la meilleure sélection de la première phase du Mondial". À peu de choses près, il maintient ce schéma pour son arrivée en 2011 à l'Athletic Bilbao. Il atteint la finale de la Ligue Europa et de la Copa del Rey pour sa première saison. Avec lui, Llorente, Iraola, Muniain et Javi Martinez deviennent des pépites que toute l'Europe s'arrache. Sa victoire à Old Trafford en Europa League contre Manchester United marque les esprits.

Un schéma ultra-offensif

Après deux saisons, il quitte le Pays Basque. Il manque d'en venir aux mains avec un membre du staff, lorsqu'il constate que les travaux pour le centre d'entraînement n'avancent pas. Si les infrastructures de la Commanderie sont de qualité, difficile de ne pas imaginer l'Argentin s'accrocher dans un environnement aussi bouillant que Marseille. Sans parler de son fameux schéma, qui donnerait une drôle d'allure à l'équipe actuelle (voir formation ci-dessous). Mais Bielsa croit en ses principes : "Concentration, mobilité, rotation et repli. Quand l'adversaire a le ballon, toute l'équipe fait le pressing le plus près possible de la surface adverse. Je suis un obsessionnel de l'attaque. Le football offensif est infini. Moi, je joue avec un schéma court, avec peu de distances entre les lignes, je place mes joueurs sur l'une des moitiés longitudinales du terrain pour obtenir une supériorité numérique. Si on le fait bien, l'adversaire n'a pas d'issue". Aymeric Laporte, le jeune défenseur français qui a connu l'Argentin à Bilbao complète : "Pour les défenseurs, on fait de la tactique spéciale défense. Il insiste sur la ligne défensive où le placement des joueurs se joue à un mètre, tout est pensé de sa part". Une révolution en somme, qui ne demande qu'à commencer...