OM Actualités Foot de l’Olympique de Marseille
Formation : pourquoi l'OM forme peu
SaisonPublié le 31/10 à 07:00

Formation : pourquoi l'OM forme peu

Mardi dernier, le classement des clubs formateurs du CIES tombait, avec une place cruelle pour l'OM. Pourquoi ? Interview avec l'ancien responsable du recrutement, Georges Prost.

En début de semaine, comme chaque année, l'Observatoire du football du CIES sortait son traditionnel classement des meilleurs clubs formateurs du "Big Five" (lire ici), les cinq plus grands championnats d'Europe. Et comme chaque année, notre fierté de Marseillais en prend un coup. Si le Barça et MU sont aux deux premières places, on voit que Lyon (4e) et le PSG (5e) ne sont pas en reste. Rennes, Bordeaux et Lens sont aussi dans les dix premiers, signe de la bonne santé de la formation française après quelques années difficiles.

L'OM 41e du "Big Five"

Mais alors, où est l'OM dans tout ça ? Pour tout dire assez loin, à la 41ème place, derrière Metz, Le Havre... 
Évidemment, ce classement ne fait pas figure de bible, mais si l'OM sort de temps en temps un Nasri ou un Ayew, il faut reconnaitre que la formation marseillaise reste, depuis des lustres, entre deux eaux. Pourtant, son budget est assez conséquent, entre cinq et six millions d'euros annuels, et ses installations sont désormais impeccables. Un constat qui peut poser question dans une région pourtant riche en talents. Régulièrement des efforts sont faits, mais au coup par coup, sans véritable suite dans les idées. Exemple avec l'arrivée, ou plutôt le retour, de Georges Prost il y a trois ans à la tête de la cellule recrutement du centre. Inconnu du grand public, il est un nom dans la formation et a fait éclore de grandes générations à Monaco, Marseille (Carrasso, Flamini, Keita...) ou plus récemment à Lyon.
Il a aussi dirigé l'academie de Southampton où il a couvé les Bale, Walcott et Lalanna et décroché les titres nationaux en U18 et U19 devant MU, Arsenal, Liverpool et autres. Bref, une pointure.

"Les dirigeants ne me connaissent pas"

Prost a donc dirigé le recrutement de la formation olympienne jusqu'à cet été, rattrapé par l'âge de la retraite. Pour lui, il ne faut pas chercher le problème bien loin. Il faut se faire une raison, la formation n'est pas vraiment dans l'ADN du club, exemple à l'appui : "J'étais responsable de la cellule recrutement au centre sur les trois dernières années, explique-t-il au Phocéen. Et bien, je n'ai pas eu un seul contact ou une seule réunion avec Vincent Labrune. S'ils me croisaient dans la rue, les dirigeants ne me reconnaîtraient pas. Est-ce que c'est normal, ça ?"

"On ne fait pas de la formation en trois ans"

On vous laisse juges, mais l'exemple n'est peut être pas anodin. Pourtant, les volontés existent. Cette année, la CFA2 semble être dans coup, l'élite a été resserrée, de bons éducateurs sont arrivés, comme Raphaël Guerreiro (AJ Auxerre) à la tête des 17 ans. Mais, à l'image d'un Henri Stambouli parti à Montpellier, ils font rarement de vieux os, souvent victimes des conflits internes : "Il y a une guéguerre entre la formation et les pros, explique Prost, ils se supportent difficilement. La formation coûte de l'argent, et ils préfèrent peut-être le miser sur les salaires ou le recrutement. Henri Stambouli a fait trois ans ici, mais on ne fait pas de la formation sur trois années. A Lyon, ce sont toujours les mêmes qui sont au recrutement depuis 20 ans, même chose pour les entraîneurs. Il y a une stabilité qui n'existe pas ici, ça bouge tout le temps".

"Un vivier où tout le monde vient se servir"

Dommage, d'autant qu'ici, la matière première ne manque pas. Le bassin marseillais est une mine d'or, juste derrière la région parisienne. Il manque juste une vraie volonté et un travail de fond sur la longueur : "Moi, je travaille sur le local. Quand j'étais à Lyon, je recrutais des Lyonnais, avec bien sûr quelques exceptions de la région parisienne. Mais à Marseille, on a un vivier où tout le monde vient se servir, alors essayons déjà d'être performants sur le local, implore Prost. Après, il faut tomber sur un manager qui croit en la formation et qui prenne le risque de les faire jouer. A Marseille, bien souvent ce n'était pas le cas, car les entraîneurs étaient toujours de passage et on leur demande des résultats immédiats. Ils ne sont pas enclins à miser sur un jeune, au contraire de Lyon, qui par soucis économiques, et par tradition, n'hésite pas à les faire jouer".

Marcelo Bielsa, en précisant bien qu'il n'avait pas de pouvoir sur la formation, a tout de même donné le ton avec ses ateliers dirigés par Diego Reyes cet été, et en dénichant, à la surprise générale, un Stéphane Sparagna. Si la mission d'El Loco reste de faire progresser le groupe mis à sa disposition, ce qu'il fait au delà de toutes espérances, pourquoi ne pas l'impliquer dans une politique générale de performance qui engloberait aussi le centre, avec un projet de jeu commun ? L'idée serait alléchante, d'autant que l'outil, humain et matériel, est au niveau des plus grands : "Il y a de vraies pépites chez nous, conclue Prostil y a un potentiel exceptionnel. Il y a tout pour bien faire, mais il faut s'en occuper !".

Ne serait-ce que pour faire taire ce cruel classement. Anecdotique peut-être pour certains, mais certainement un peu révélateur de la santé d'un grand club, et de son avenir aussi.

S..Brenguier