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Bielsa : bon courage les amis !
SaisonPublié le 09/04 à 07:00

Bielsa : bon courage les amis !

"El Loco" est décrit comme un entraîneur à poigne. Ceux qui l'ont connu en Liga le confirment. Et même bien plus que ça ! Choc culturel en perspective.

En quelques jours, tout a été dit, ou presque sur Marcelo Bielsa. Son autorité, ses colères, ses obsessions. Obsessionnel, c'est d'ailleurs le terme employé par les deux personnages dont nous avons recueilli les témoignages. L'un l'a affronté, et même espionné à plusieurs reprises en Liga, tandis que l'autre connait le championnat espagnol sur le bout des doigts puisqu'il y est recruteur.

Marquage individuel et autres réjouissances

Tout d'abord, l'avis du technicien. Michel Troin, adjoint de Philippe Montanier à Rennes, a pratiqué Bielsa durant deux saisons lorsque le duo coachait la Real Sociedad. Il se souvient de ses matches face à Bilbao, et même de ses entraînements puisqu'il parcourait régulièrement les quelques kilomètres entre les deux villes pour aller zieuter en douce les séances de l'Argentin. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il lui tarde d'assister au choc culturel. Parce qu'il va falloir courir, beaucoup même, et tout le temps. Jusqu'à l'épuisement ? : "Compte-tenu de l'évolution du football aujourd'hui et des mentalités, ça ne va pas être évident. Comme le marquage individuel par exemple. Regardez le match Real Sociedad-Bilbao l'an dernier, vous verrez ce que c'est que le marquage individuel ! Il joue beaucoup à une ou deux touches, sans porter trop le ballon. Mais c'est un jeu qu'on ne peut pas pratiquer sur toute une année, c'est trop usant. Ils courent partout, ils font tout à fond. Ils ne calment jamais le jeu. Ca peut être très plaisant à voir, mais attention à ça, surtout en France ! Maintenant, il avait fait une démonstration, un très grand match à Manchester en Europa League lors de sa première année, il nous avait aussi battu chez nous avec un grand Llorente. Mais la deuxième année les joueurs étaient rincés, Llorente ne jouait plus, et là, c'était plus dur."

Rincés psychologiquement

Le fameux syndrome de la deuxième saison. Un phénomène confirmé par Antonio Salamanca, recruteur en Liga. Il a connu des joueurs passés par la moulinette Bielsa, et ne dit pas autre chose : "Il est très exigeant. Chaque joueur connait son rôle à la perfection et doit adhérer à son esprit de combativité. Mais, à la longue, c'est usant. Physiquement et surtout mentalement. La dernière partie de saison est dure. D'ailleurs, en finale de l'Europa League, contre l'Atlético Madrid (0-3), ils étaient rincés physiquement et dans la tête. Ses deuxièmes saisons sont dures pour les joueurs."

Des joueurs à bout de souffle, y compris psychologiquement, qui redoutaient les fameuses séances vidéos aussi épuisantes que les sprints répétés sur le terrain. Le stress du marquage individuel également, quand l'adversaire désigné réussit à passer, ou pire, à marquer.

Le foot poussé jusqu'à l'obsession

Mais attention, il n'y a pas que ça. Ceux qui supportent l'exigence ont l'assurance de pouvoir s'appuyer sur un technicien et un patron de très haut niveau, et le club ne peut qu´en profiter : "C'est un gros pari pour Bielsa. Connaissant sa façon d'être, à l'OM il va être confronté à pas mal de situations qu'il n'aura jamais vues auparavant. Mais il peut vraiment mettre de l'ordre dans le clubC'est la rigueur. C'est le foot poussé jusqu'à l'obsession, jusqu'à l'extrême. Il veut tout contrôler. La pelouse, le matériel, la nutrition... tout ! Et d'ailleurs, ce sera certainement un entraîneur qui passera plus de temps à la commanderie qu'ailleurs. 24 heures sur 24 pratiquement !". Il voit même Bielsa habiter à la Commanderie, c'est dire.

Reste à savoir comment serait accueilli un tel ouragan, dans un club ou les prés carrés sont jalousement gardés. Et là, ça ne sent pas très bon pour le staff actuel. A titre d'exemple, la Real Sociedad, qui en avait fait son choix numéro un il y a trois ans, avait reculé car l'Argentin souhaitait emmener six personnes dans ses bagages. Son adjoint chilien Diego Reyes, Manu Amoros, et d'autres suivront sûrement si l'affaire se fait. Et visiblement, Labrune est prêt à lui donner carte blanche, y compris pour restructurer la formation.

Pas un obsédé du recrutement

On pense évidemment aussi au recrutement, auquel l'entraîneur a rarement été mélé ces dernières années. Mais visiblement, ce n'est pas un secteur primordial chez Bielsa. Il pourrait se contenter de ce qu'il aura à disposition, même si on n'imagine pas un été blanc en matière de mercato :"A Bilbao, il n'a eu aucune exigence particulière sur le recrutement, explique Troin, puisqu'il a pris l'équipe comme elle était, et la deuxième année, il n'a pris personne. Il croit en lui et en son travail."

Ca en fait déjà un. Mais vu l'enthousiasme sur les forums, les adeptes du "Locoïsme" devrait rapidement se multiplier.
S'il vient. Evidemment...