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Marcelo Bielsa, l'anti-Mourinho
InterviewPublié le 28/08 à 07:00

Marcelo Bielsa, l'anti-Mourinho

Lors de sa dernière conférence de presse, l'entraîneur de l'OM s'est encore un peu plus dévoilé.

La curiosité du début s'estompe peu à peu. Désormais, la conférence de presse hebdomadaire de Marcelo Bielsa n'est plus vendue comme un évènement. Un confrère de presse écrite s'est même endormi en pleine séance, sous le regard médusé de ceux qui ont entendu ses ronflements. Même tenue, même posture, l'entraîneur de l'OM ne change finalement qu'une chose lors de ses passages en salle de presse : de traducteur. Certaines de ses réponses (ou démonstrations) ne bougent également pas trop de semaines en semaines. Mais à force de rester devant le micro, le technicien argentin se dévoile, notamment sur ses convictions footballistiques. Et dans le monde du ballon rond, force est de constater qu"'El Loco" est aux antipodes de celui qui se fait désormais appeler "The Happy One", José Mourinho. 

Ce qui fait que l'on s'intéresse au football, c'est le jeu, pas la victoire

Car pour Marcelo Bielsa, le mythe du coach qui fait gagner son équipe est un peu surfait. "Le public et les médias vont peut-être trop loin dans l'importance que l'on donne aux entraîneurs" explique-t-il. Pour lui, le football, c'est avant tout les joueurs, les techniciens, ceux capables d'inventer des gestes techniques, de maîtriser collectivement une attaque. Le rôle de l'entraîneur consiste pour lui à observer ce qui se fait de mieux et trouver le moyen de le transmettre à ses joueurs pour qu'ils pratiquent eux aussi le meilleur football possible. En fait, Bielsa n'oublie pas que ce qui compte, c'est ce qui pousse tous les jours des gens à s'intéresser au sport le plus populaire de la planète : "Ce qui fait qu'on regarde le football, ce sont de superbes actions collectives, des gestes techniques, et c'est encore mieux quand ils sont réalisés par des éléments de son équipe. Mais maintenant, c'est le contexte qui prédomine et le succès est plus important que le reste". Bielsa prendra l'exemple du match de Montpellier, où dès l'échauffement, avec l'engouement dans le stade, ses joueurs se sont sentis dans l'obligation de gagner. Un réflexe. Alors qu'il fallait avant tout être dans l'obligation de bien jouer. On est loin des préceptes de Mourinho.

Marre de passer pour une bête de foire

Mais c'est un discours également peu commun dans une ligue 1 adepte des formations "bien en place". Gageons qu'il faudra un peu de temps pour que les joueurs l'assimilent, eux qui ont connus jusque-là des entraîneurs qui aiment "ne pas perdre un match quand on ne peut pas le gagner". Là où Bielsa se différencie totalement du Portugais, c'est dans son approche des médias. Alors que l'entraîneur de Chelsea se sert des conférences de presse pour briller avec un bon mot, une phrase choc, d'envoyer son adjoint s'il n'est pas d'humeur, et parfois faire passer des messages à ses joueurs, Bielsa y voit un lien avec ce qui compte le plus à ses yeux : les gens qui paient leur place pour aller encourager leur équipe. "J'accorde beaucoup d'importance aux bonnes relations avec les médias. C'est un devoir, ce sont eux qui transmettent les informations au public. Mais ça ne se passe pas comme ça, et c'est une perte de temps" souffle-t-il. Le message est plutôt clair, Bielsa en a marre de passer pour une bête de foire. À ses yeux, ses apparitions médiatiques doivent servir à répondre aux questions que les relais du public peuvent se poser. La déception est grande lorsqu'il observe le lendemain que cela s'est simplement transformé en un "Bielsa a dit". Là aussi, il va peut-être falloir un temps d'adaptation...