Décryptage de la conférence de Bielsa

Dans son projet initial, Bielsa voulait un groupe de 22 joueurs. Deux joueurs pour chaque poste donc, histoire de créer une belle émulation, de pousser chaque membre de l'effectif à donner le meilleur de lui-même. Après avoir étudié scrupuleusement l'effectif de la saison dernière, en tenant compte de la volonté de la direction de se séparer de certains, il était parti sur une formule avec 15 joueurs de la saison dernière et 7 recrues. Avec un budget de recrutement qui devait être de 35 millions d'euros, dont 15 millions devaient provenir des ventes, il ambitionnait des recrues avec un prix moyen de 5 millions d'euros, comme Barrada ou Alessandrini. Mais tout ne s'est pas passé comme prévu. Dimitri Payet par exemple n'a pas rejoint Swansea pour 8 millions d'euros. Du coup, alors que le rush du mercato approche, Bielsa ne veut pas faire de folies. Si ça ne tient qu'à lui, l'OM ne bougera que pour recruter des éléments susceptibles d'amener un vrai plus. Sinon, autant donner du temps de jeu à un jeune élément. Il s'est d'ailleurs préparé à compléter son groupe de 22 avec des produits du centre qui devaient être promis au départ à un rôle de complément. À la lecture de ces lignes, Stéphane Sparagna et Jérémie Porsan peuvent serrer le poing. Mais le club espère toujours un défenseur central et un latéral droit. Si l'histoire se finit bien, cela fera donc six recrues, la septième étant un joueur sur le départ finalement resté (comme André Ayew). Par contre, lorsqu'on se penche sur la liste des joueurs de la saison dernière, on en trouve fatalement 13 (Mandanda, Samba, Mendy, Morel, Dja Djédjé, Nkoulou, Romao, Lemina, Imbula, Payet, André Ayew, Thauvin, Gignac). Ce qui veut donc dire que le départ d'un Mendes n'était pas forcément prévu. Ou qu'un Morgan Amalfitano, un Benoît Cheyrou, était dans les plans initiaux...

Ces derniers jours, la réputation du technicien argentin (surnommé "El Loco", pour ceux qui ne le savent toujours pas), l'a peut-être dépassé. Alors que certains commencent déjà à redouter de le voir claquer la porte, las de voir ses souhaits non réalisés, Bielsa a tenu à préciser qu'il était conscient que sa direction faisait le maximum pour aller dans son sens. Mais il a tout de même entretenu le mythe, histoire peut-être de ne pas lâcher la pression, se refusant par exemple à confirmer qu'il maintiendrait le cap jusqu'à la fin de la saison. En renvoyant une énième fois la balle dans le camp de la direction au sujet des ouvertures au public pour les entraînements de la semaine, il a pris de court le service communication du club. Simple boutade ? Preuve en tout cas que les deux camps se jaugent encore.

Le technicien assure ne pas avoir pris encore sa décision. Il a pourtant déjà tendu la main au défenseur, étant prêt à aller contre sa direction pour le réintégrer au groupe pro. C'était lors de la préparation. Conscient qu'il n'y avait pas assez de matière sous la main pour tester sa défense à trois, Bielsa fait rappeler le défenseur pour le faire reprendre plus tôt, alors qu'un mail lui a indiqué qu'il reprendrait avec la réserve, à la mi-juillet. Fanni n'y a pas répondu favorablement. Pourquoi ? Le Martégal, conscient qu'il n'a pas forcément été écarté pour des raisons sportives, n'avait plus aucune confiance dans un staff qu'il estimait capable de l'écarter à nouveau au dernier moment, alors que les chances de trouver une porte de sortie se seraient singulièrement réduites. Le traitement de Morgan Amalfitano, écarté par texto alors qu'il se rendait à l'entraînement la semaine dernière, ne lui donne pas tort. Échaudé par le premier refus, Bielsa est néanmoins prêt à le réintégrer. À condition que sa situation soit éclaircie pour de bon, et ce, jusqu'à la fin de la saison. Voilà pourquoi sa place pour le déplacement à Guingamp n'est pas encore tranchée.

Si Bielsa se plaît à répéter qu'il n'y est pour rien dans les venues de Batshuayi, Alessandrini et maintenant Alef, il n'en est pas de même pour Abdelaziz Barrada. Le technicien assure que le Real Madrid et le Barça l'avaient dans le collimateur lors de sa dernière saison à Getafe. L'international marocain est pour lui un milieu de terrain plutôt axial, utilisé dans l'idéal derrière l'attaquant (à la place de Payet donc). Mais il peut au besoin jouer devant la défense, comme le fait actuellement Imbula.

Absolument pas. Ou alors, c'est encore le cas ! Le technicien n'a rien changé cette semaine dans ses séances d'entraînement vis-à-vis des précédentes. L'Argentin est d'ailleurs satisfait de ce qu'il voit jusqu'ici sur les terrains du centre Robert Louis-Dreyfus. Même s'il concède que la seule chose qui compte à ses yeux, c'est la production de ses hommes le week-end sur les terrains de Ligue 1.