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Bielsa : ce qu'on ne voulait pas entendre
Autour de l'OMPublié le 25/04 à 12:18

Bielsa : ce qu'on ne voulait pas entendre

On nous avait prévenus, mais notre engouement pour ce mage, cet extra-terrestre venu d'une Argentine idéalisée depuis toujours dans les tribunes du Vél', était plus fort que les alertes lancées par ces pisses-vinaigres que l'on ne voulait pas entendre. Des jaloux, conditionnés par cette formation française veillant sur ses plates-bandes, allergiques à toute nouveauté venue de l'extérieur.

Une vision romantique du football

Pourtant, les signaux n'étaient pas si virulents qu'on a bien voulu le dire. Aucun manque de respect pour El Loco, juste quelques doutes par rapport à sa méthode, qu'ils ont surtout pu observer lors de son passage à la tête de l'Athletic Bilbao il y a deux ans. La lune de miel fut grandiose et les aficionados de San Mamès se pincent encore. Du jeu, jusqu'à l'obsession, des attaques jusqu'à épuisement, mais pas de plan B, jamais ! Pourtant, au Pays Basque, beaucoup souhaitaient le voir renoncer à certains de ses principes lors des finales perdues en Europa League et en coupe du Roi, mais le Loco n'a rien voulu entendre, évidemment. L'expression "mourir pour ses idées" n'a jamais été aussi bien incarnée. Une vision romantique du football, qui n'est pas pour nous déplaire, mais pas vraiment compatible avec l'obligation de résultats. Une notion pourtant vitale au niveau européen, et surtout à Marseille où l'absence de Champions League deux années de suite sonne comme un immense coup de massue.

Les lanceurs d'alertes avaient raison ?

Malheureusement, et même s'il serait profondément idiot d'en faire le seul responsable, Marcelo Bielsa n'a pas donné tort aux lanceurs d'alerte. En avril dernier, lors des premières rumeurs de l'arrivée de l'Argentin sur la Canebière, un ancien technicien de Liga nous livrait son sentiment et surtout ses prédictions : "Compte tenu de l'évolution du football et des mentalités, je n'y crois pas. Les joueurs auront du mal avec le marquage individuel, par exemple. Ils courent partout, ils font tout à fond. Cela peut être plaisant à voir, mais attention à ça. Les joueurs explosent au bout d'un moment". Message confirmé peu après par l'un de ses anciens joueurs à Bilbao, le français Aymeric Laporte. Mais que valaient ces quelques témoignages discrets, face aux déclarations admiratives des Guardiola, Heinze, Lucho et autres géants du foot mondial ? Moins que rien, pour les amoureux transis que nous étions.

Un amour à la hauteur du rejet de l'ancienne équipe

L'OM sortait d'une des périodes les plus ennuyeuses de son histoire récente, et les responsables de l'équipe, Elie Baup puis surtout José Anigo, suscitaient un rejet rarement atteint. L'attraction pour pour cette sommité du football sud-américain s'est donc vue, quasi-mathématiquement, augmentée d'autant. Débarrassé de ses vieux fantômes, l'OM repartait sur des bases neuves, saines, et les matches de préparation de l'intersaison validaient cette impression. La suite fut à l'avenant. Football champagne, buts à gogo, état d'esprit irréprochable, commentaires dithyrambiques et titre de champion d'automne... Les supporters que nous sommes ne touchaient plus terre.

Seulement voilà, 2015 est arrivé, avec son cortège de désillusions, d'injustices aussi, et surtout de défaites, plongeant l'OM dans une situation inimaginable il y a de cela quelques semaines. Adieu le titre, adieu la qualification directe en Ligue des Champions, et bonjour l'Europa League et ses galères ukrainiennes ou Chypriotes du jeudi soir. Comment pouvait-on imaginer un scénario tel que celui de vendredi soir face à Lorient ? Une telle dégringolade avec quatre défaites d'affilée ? Qui pointer du doigt ? S'en prendre uniquement à la méthode et à l'inflexibilité de Bielsa ne tient pas la route. Il n'est pas responsable de l'apathie d'un Thauvin, du trou noir de Mandanda ou de la chute de tension d'un Nkoulou méconnaissable. Pour autant, et c'est à son honneur, il ne se permettra jamais de mettre en cause l'un de ses joueurs. La défaite est pour lui, comme toujours : "Quand une équipe est désordonnée, l'organisation de l'équipe dépend de l'entraîneur, affirmait-il hier soir. La première chose que j'ai dite c'est qu'on était absents en première mi-temps et désordonnés en deuxième mi-temps, avec très peu de réactions face aux mauvais moments de l'équipe. Il est clair que je ne peux me séparer de la responsabilité de ces trois thèmes".

Les soirées ukrainiennes et chypriotes de l'Europa League

Au milieu de cette crise, qu'il ne nie pas, Bielsa continue de tenir la barre, et il avoue chercher des solutions, lui que l'on accuse de ne jamais rien changer : "Après une défaite comme celle d'aujourd'hui, c'est difficile de prononcer un message sincère et constructif. Quand on sait qu'il faut réfléchir pour trouver une aide correcte, je préfère attendre et réfléchir pour trouver les bons mots pour changer cette phase négative". Comment ? Aucune idée, tant les joueurs semblent avoir lâché prise. L'avenir sombre annoncé par ces prédicateurs de mauvaise augure que l'on ne voulait entendre est malheureusement au rendez-vous, qu'on le veuille ou non. A Bielsa de bien jouer ses dernières cartes pour limiter la casse, et préparer la saison prochaine, avec ou sans lui, en commençant peut-être par faire jouer les joueurs concernés, s'il en reste...