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Une polémique à éclaircir
SaisonPublié le 25/04 à 00:32

Une polémique à éclaircir

Le soutien affiché des Ultras aux Boulogne Boys a déclenché une polémique qu’il convient d’expliquer. Le groupe a voulu simplement défendre le mouvement ultra dans son ensemble. Un soutien mal perçu. Maladroit aussi.


La polémique a rapidement enflée cette semaine à Marseille suite à la banderole déployée dimanche soir lors du match OM-Lille par les Ultras qui ont voulu afficher leur soutien aux Boulogne Boys, le groupe de supporters du PSG dissout la semaine dernière. Le message était : "Liberté pour les boys. La passion ne se dissout pas".



Beaucoup ont été heurtés par cette banderole, et des amalgames ont rapidement été faits, les Boulogne Boys étant réputés pour leurs idées parfois nauséabondes. Mais faut-il aussi savoir distinguer la frange extrémiste, le Kop de Boulogne, minorité raciste qui se réclame indépendante de toute association. "Cette banderole n'est pas un soutien aux extrémistes parisiens du Kop de Boulogne mais au groupe Ultra, les Boulogne Boys, apolitique et fondé en 1985" précisent les Ultras sur leur site internet (commando84.free.fr).

Cela dit, on peut ne pas être d'accord avec le soutien affiché des Ultras pour les Boulogne Boys mais il est bon de rappeler qu'il s'agissait là d'une réaction de solidarité pour la défense du mouvement ultra en France. Ce soutien va donc au delà des valeurs prônées ou de l’équipe supportée par chaque groupe ultra en France. Une réaction un brin communautariste. Les Ultras auraient réagi de la même manière s’il avait s’agit d’un groupe ultra de Strasbourg ou de Nantes… Pour eux, la dissolution des Boulogne Boys est une atteinte au mouvement ultra dans son ensemble. "Par ce geste, l’association des Ultras Marseille a voulu marquer son inquiétude devant la première dissolution d’une association de supporters en France, dissolution prononcée notamment pour une banderole jugée douteuse par tous" expliquent les Ultras.



Le geste des Ultras ne cautionne donc pas les propos racistes de la fameuse banderole du Stade du France à l’origine de la dissolution des Boulogne Boys. Pour eux, cette dissolution s’apparente surtout à un coup politique et médiatique. Il est vrai que cette mesure ne va pas arranger grand-chose dans les tribunes du Parc des Princes si ce n’est d’augmenter le nombre d’indépendants… "Ils ont seulement été solidaires du mouvement Ultra" fait remarquer Michael Manoukian du Club des Amis de l'OM, joint par La Provence. Il poursuit : "Dans l'histoire de la banderole anti Ch'tis, on nous a tous pris pour des idiots. Pour éradiquer le racisme dans les stades, il faut le prendre à la racine et pas seulement à la faveur de coups médiatiques".

Il est donc déplacé de parler de "dérapage" ou de "dérives racistes" de la part des Ultras qui sont un groupe anti-raciste et qui l’ont montré à plusieurs reprises sous forme d’actions ou de tifos. "Nous sommes et serons pour toujours ouvertement contre toute forme de racisme contre lequel nous luttons au quotidien dans notre association" maintient le groupe, loin des idées d’extrême droite que l’on veut lui prêter.



Le message affiché aux Boulogne Boys est plutôt maladroit comme le dit Rachid Zeroual des South Winners : "J'estime qu'il faut mettre l'initiative de dimanche sur le compte de la maladresse. Les Ultras ont voulu marquer le coup face à la dissolution d'une association sans en mesurer les conséquences. On ne peut être sensible au devenir des Boys et cautionner leurs idées" a-t-il déclaré dans La Provence.

Mais chez d’autres groupes de supporters marseillais, le message ne passe pas du tout : "Nous tenons à manifester notre mécontentement et nous nous désolidarisons complètement de cette action" ont annoncé les MTP dans un communiqué. "Nous prônons en tant que supporters marseillais, des valeurs sportives, culturelles et antiracistes. Que ce soit au Stade Vélodrome ou en déplacement. Et il est impensable qu'un groupe se disant supporter Marseille puisse les bafouer afin de mener une telle action de solidarité envers un groupe réputé pour ses caractéristiques racistes et antisémites". Michel Tonini, des Yankee, va plus loin : "C'est bien simple, on est tombé, là, dans une débilité et un grotesque sans limite. C’est oublier toutes les exactions (NDLR : des Boulogne Boys) commises au cours des dernières années. C'est une honte !" s’est-il emporté, interrogé par La Provence.

Précisons que dans le cadre de cette affaire, le responsable des Ultras a été entendu ce mardi par le Groupe des Violences Urbaines. Le soutien des Ultras n’a évidemment pas plu du côté du ministère de l’intérieur et de Michèle Alliot-Marie (qui a prononcé la dissolution des Boulogne Boys) qui a adressé un sérieux rappel à l’ordre au groupe marseillais.

Pour finir, on laissera le mot de la fin aux Ultras qui résume bien leur état d'esprit :
"Nous sommes et serons toujours rivaux du PSG et de ses supporters. Nous voulons justement pouvoir continuer à les taquiner, et leur exhiber des phrases et autres messages à prendre au 25ème degré, sans risquer la dissolution arbitraire de notre association."

R.C. (avec N.C.)