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Villas-Boas a-t-il toujours la cote en Premier League ?
InterviewPublié le 21/03 à 01:00

Villas-Boas a-t-il toujours la cote en Premier League ?

Le Phocéen s'est penché sur la popularité du coach olympien outre-Manche.

À l'été 2011, fort de son triplé avec Porto, André Villas-Boas débarquait en grande pompe en Premier League. À seulement 33 ans, il devient l'entraîneur le plus cher de l'histoire en s'engageant avec Chelsea pour 15 M€. Une aventure contrastée, puisqu'il est limogé au mois de mars par les Blues. AVB rebondit l'été suivant à Tottenham, mais n'y reste qu'un an et demi avant d'être débarqué. L'expérience est donc mitigée, même si son nom continue de circuler outre-Manche. Le Phocéen s'est intéressé à cette expérience anglaise de celui qui est aujourd'hui adulé à Marseille et même en Ligue 1 avec le journaliste anglais Jack Pitt-Brooke, suiveur à l'année de Tottenham pour The Athletic. Interview :

Quelle a été la réaction des fans de Tottenham lors de l'arrivée de Villas-Boas ?

Jack Pitt-Brooke : "Les gens étaient très excités. Il remplaçait Harry Redknapp qui avait plutôt bien réussi avec deux quatrièmes places consécutives. Mais le président Daniel Levy souhaitait un manager plus moderne pour donner à l'équipe un nouveau visage, plus sophistiqué sur le plan tactique. C'était exactement l'image de Villas-Boas à l'époque, même s'il s'était planté à Chelsea la saison précédente. Les gens le voyaient comme un coach visionnaire par rapport à ses exploits à Porto. On était tous très optimistes sur le fait qu'il allait être le coach dont les Spurs avaient besoin".

Avec le recul, ce ne fut pas vraiment le cas puisqu'il est parti au bout d'un an et demi ?

JPB : "Oui et non. Ses débuts ont été vraiment réussis, et il rate de très peu la qualification en Champions League malgré un total de 72 points, ce qui constitue un record pour une 5e place. Les Spurs auraient vraiment mérité d'être quatrièmes, mais ça se joue à un point derrière Arsenal. En fait, l'équipe a été formidable jusqu'au mois de mars, lorsqu'ils battent Arsenal, justement. Mais, après le match, AVB explique que les Gunners sont une équipe en fin de course, et cela a été perçu comme de l'arrogance. Ce le fut d'autant plus lorsque son équipe s'est écroulée et qu'Arsenal a terminé devant. Les fans n'ont pas du tout apprécié".

Que se passe-t-il la saison suivante, lorsqu'il est limogé en décembre ?

JPB : "Il y a un véritable tremblement de terre lors de l'été, lorsque Gareth Bale est vendu au Real Madrid. Il faut savoir qu'il était le joueur qui portait toute l'équipe sur ses épaules. Avec l'argent, AVB recrute sept joueurs pour le remplacer, avec quelques réussites comme Erikssen ou Lamela, mais la transition a été très difficile pour l'équipe. Les résultats ne sont pas au rendez-vous et il est licencié juste avant Noël. Mais, je pense qu'ils ne l'ont pas viré juste à cause des résultats, qui n'étaient pas si mauvais. Le problème était plutôt ses relations avec les gens à l'intérieur du club, qui se sont vite dégradées. Ils ont profité des résultats moyens pour s'en séparer, mais le mal était plus profond que ça".

Comment était jugé son style de jeu ?

JPB : "Il a apporté son 4-3-3 basé sur la possession, surtout au début. Mais on ne peut pas dire que le jeu était vraiment excitant, comparé à celui qu'il produisait à Porto. Celui qui a vraiment transformé le club et le jeu de l'équipe est plutôt Mauricio Pochettino, qui est arrivé six mois plus tard. AVB n'a pas laissé une grande impression tactique".

Et en terme de personnalité ? Ses conférences de presse sont très appréciées à Marseille et en France, était-ce le cas en Angleterre ?

JPB : "On sentait vraiment un type très brillant intellectuellement. Ses opinions étaient souvent intéressantes, mais on ne peut pas parler de conférences de presse mémorables. En fait, il était sans cesse comparé à Mourinho, car les fans attendaient le Special Two, mais Mourinho était incomparable sur ce plan. J'ai assisté à la plupart des prises de paroles d'AVB, que ce soit à Chelsea ou à Tottenham, et malheureusement, la seule que l'on retient est cette fameuse phrase après le match contre Arsenal. Il y a aussi sa sortie après l'un de ses derniers matchs. Tottenham avait perdu 6-0 face à City, et il avait parlé de honte totale pour l'équipe. Les médias l'ont interprété comme une façon de se défausser sur les joueurs".

Est-ce que ses résultats à Marseille sont suivis en Angleterre et a-t-on une chance de le revoir un jour en Premier League ?

JPB : "Oui, forcément, car il a dirigé deux des plus grands clubs anglais. Son nom avait d'ailleurs été cité à Liverpool avant l'arrivée de Jurgen Klopp, puis après à Everton et West Ham. C'est une bonne chose pour lui d'être de retour dans un grand championnat après s'être éloigné en Chine et en Russie. Mais, les choses évoluent rapidement en Premier league, et je pense que s'il souhaitait revenir, il n'aurait plus accès aux Big Five. Il faut se rendre compte qu'un club moyen comme Everton est dirigé par Carlo Ancelotti, ce qui en dit sur le niveau des managers ici. S'il veut revenir, il devra viser des clubs de milieu ou de bas de tableau dans un premier temps, comme Newcastle ou West Ham".