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Metz-OM : Aznar, Vasconcellos et Kohut, héros olympiens d'avant-guerre
Autour de l'OMPublié le 13/02 à 12:33

Metz-OM : Aznar, Vasconcellos et Kohut, héros olympiens d'avant-guerre

La rubrique Histoire OM avant Metz-Marseille, sous la plume et les souvenirs de Fernand Bonaguidi.

Metz-OM, c'est notamment le souvenir d'une victoire en coupe avec les stars olympiennes de l'époque, Vasconcellos, Aznar et Kohut. Le match de légende entre les Lorrains et les Provençaux eut lieu juste avant la guerre, en 1938, dans une finale de coupe de France qui restera dans les annales. Une rencontre qui fut très disputée, avec un but litigieux à la 118eme minute qui offrit la victoire aux Phocéens. Le ballon était-il rentré sur la frappe de Manu Aznar ? Et la VAR n'existait pas. Kohut ouvrit le score à la 49eme minute, mais Rohrbacher (84eme) égalisa. Il y eut des prolongations et Aznar (118eme) offrit la victoire aux Olympiens sur un but contesté. Pourquoi n’aurait-il pas été valable ? Les joueurs messins disaient que leur demi-centre Fosset aurait repoussé de la tête le ballon, alors que celui-ci n’avait pas franchi la ligne de but. Bon, mais pour les Marseillais, il y avait belle lurette que le ballon avait pénétré à l’intérieur du but lorsque l’action désespérée et malheureusement trop tardive de Fosset se produisit.
 En tout cas, l'OM remportait sa 5eme Coupe de France après celles de 1924, 27, 28, et 35. Ce sera l'occasion de revenir sur les stars de cette époque d'avant guerre, le Jaguar Vasconcellos, Manu Aznar et Willy Kohut.

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Vasconcellos (Jaguare de Besvecoune).
Né au Brésil à une date indéterminée (il l'ignorait lui-même), le Jaguar est l'un des héros mythiques de la grande aventure olympienne. Ses arrêts étonnants comme ses fantaisies dans la cage et sa verve intarissable firent de ce gardien venu de Vasco de Gama via Barcelone l'une des grandes attractions de l'OM des années trente. Mort pendant la guerre, au Brésil, dans des circonstances mystérieuses, Vasconcellos avait la particularité d'arrêter les penalties mais aussi de les marquer. Il prenait un malin plaisir à décontenancer ses adversaires en prenant des paris. Avec Korany du FC Sète, grand tireur de coup-franc, le tête à tête ne manquait pas de sel. Son jour de gloire en la matière intervint le 1er mai 1938, à Sète, où, à deux journées de la fin, les deux rivaux sudistes s'affrontaient dans un sommet de la dernière chance, finalement sans vainqueur (1-1), ce qui allait quasi offrir le titre à Sochaux (Sète terminera troisième à 3 points de Sochaux et l'OM deuxième à 2 points). Or, au cours de ce match capital, Vasconcellos fit preuve d'une décontraction absolue... et décisive, puisqu'il se trouva impliqué dans les trois penalties sifflés par l'arbitre. Le premier le fut en faveur de l'OM, Kohut absent et Aznar légèrement touché, ce fut le gardien brésilien qui arriva les bras ballants et tout sourire, ne prenant même pas la peine de replacer le ballon, "Là !" se contenta-t-il de dire, en indiquant un coin à son vis-à-vis René Llense, qui n'était tout de même pas le premier venu. Et hop, le ballon, expédié d'un insolent "pointu", finit sa course exactement où annoncé, près de son poteau gauche. Vasconcellos venait d'égaliser. Regagnant sa cage, il dit à Bruhin, venu à sa rencontre : "Tou es content, Napoléon ?" Il l'appelait ainsi en raison d'une mèche en forme d'accroche-cœur que le Suisse portait sur son front. Mais l'histoire ne s'arrête pas là puisque dans la foulée, Sète allait manquer deux penalties ! Que Vasconcellos leur ait ou non fait perdre leurs moyens en les branchant sur son thème favori ("No possible marquer oun bout' au grand Vasconcellos !"), le vétéran espagnol Domingo Balmanya (34 ans) comme le jeune Pierre Danzelle (18 ans) échouèrent tout à tour en effet devant le Brésilien, l'un tirant au-dessus et l'autre dans les bras du Jaguar, immobile et souriant. Sacré Jaguar....

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Emmanuel Aznar était né le 23 décembre 1915 à Sidi Bel Abbès et était arrivé en 1936 à l'Olympique de Marseille.
Il a remporté deux fois la Coupe avec l'O.M. en 1938 et 1943 et deux fois le Championnat en 1937 et 1948. Il fut sélectionné une fois en équipe de France, le 24 mars 1938 contre la Bulgarie, battue 6 à 1. C'était un attaquant de race dont le tir était violent et précis. Il lui arriva de trouer les filets, mais Manu n'aimait pas trop parler de ça. "Vous savez, c'était des filets de guerre, de mauvaise qualité", précisait-il. Il était très opportuniste et marqua 118 buts sous le maillot Olympien. Sa carrière fut gâchée par la guerre qui arriva alors qu'il avait 24 ans. En 1943, il réalisa une performance qui elle aussi n'est pas près d'être égalée : contre Avignon battu par l'OM 20 à 2, en quarante-cinq minutes, il inscrivit 8 buts en première mi-temps et un 9e en deuxième, avant de quitter le terrain sur blessure. Il continua à pratiquer à l'OM à près de 40 ans dans l'équipe amateur. Propriétaire de plusieurs magasins de chaussures à Marseille, il joua ensuite le dimanche matin, mais il décéda d'une rupture d'anévrisme à 55 ans sur le terrain le 4 Octobre 1970. Manu était allé au-delà de sa passion.

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Vilmos "Willy" Kohut était né le 17 mars 1906 à Budapest.
Ses deux victoires en Coupe de France en 1935 contre Rennes et en 1938 contre Metz le rendirent très populaire à Marseille. Ses déboulés et ses tirs du pied gauche sont demeurés célèbres. International dès 1927 (un fameux 13 à 1 contre la France) il prit part encore à la Coupe du Monde 1938 dont il disputa la demi-finale mais ne fut pas sélectionné contre l'Italie en finale. Il possédait un tir extraordinaire du pied gauche, la légende disant qu'il cassait les barres transversales. Celles de l'Huveaune en tremblent encore...

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