Et Villas-Boas dans tout ça ?

Signe que les temps ont vraiment changé à Marseille, l'arrivée d'André Villas-Boas à la tête de l'équipe n'a pas franchement soulevé les foules, et ses premiers pas en survêtement cette semaine à La Commanderie non plus. Il faut dire que le contexte n'y était pas franchement favorable, avec des supporters plus préoccupés par la perspective d'un mercato de l'OM pas franchement palpitant et, d'un autre côté, un coach portugais qui avait complètement disparu des radars après son départ de Shanghai il y a un an et demi. Pourtant, il n'y a pas si longtemps que ça, la signature d'une telle pointure à l'OM aurait fait beaucoup plus de bruit. On parle quand même d'un coach de renommée internationale, auteur d'un exploit historique avec le FC Porto et de passages dans les hauteurs de la Premier League. Mais, ses choix contestables en Russie et en Chine sont passés par là, et AVB doit se reconstruire une réputation. Cela tombe bien, finalement, car l'OM est un peu dans le même cas.

"Beaucoup disent qu'il a réalisé la plus belle saison de l'histoire du FC Porto en terme de jeu"

Si on connait les problématiques olympiennes (effectif à reconstruire ; masse salariale surgonflée ; capacité financière limitée et direction contestée), on sait moins où se situe le curseur crédibilité du nouveau coach olympien. Superstar dès le début de sa carrière, où en est André Villas-Boas après ses exils dorés ? "Les avis sont très partagés sur lui au Portugal, explique au Phocéen Alex Ribeiro, du site Trivela.fr. Certains ne comprennent pas ses choix de carrière, et notamment d'avoir quitté Porto après une seule saison. On lui reprochait de privilégier l'argent, et ce fut encore plus le cas lorsqu'il est parti au Zénith St-Pétersbourg puis à Shanghai. Mais, à côté de ça, il a laissé un énorme souvenir à Porto où on le considère comme l'un des deux ou trois plus grands entraîneurs de l'histoire du club. Beaucoup disent qu'il a réalisé la plus belle saison de l'histoire du FC Porto en terme de jeu en 2010-2011, avec le triplé coupe- championnat-Europa League. Les fans du club croient encore beaucoup en lui". AVB va donc tenter de se remettre sur les rails de son début de carrière fulgurant avec l'OM. Un choix qui transpire tout sauf la facilité, même si la situation du club olympien ne semblait peut-être pas aussi compliquée au moment de sa signature fin mai. Ce retour dans un des championnats du Big 5 européen a évidemment été commenté au pays, mais n'a pas non plus fait l'effet d'une bombe. "Il y a eu beaucoup de bruit pendant quelques jours, entre les premières rumeurs et l'officialisation de sa signature, mais pas beaucoup plus, explique Alex Ribeiro. Il y avait d'autres sujets brûlants en matière de mercato, et encore une fois, c'est quelqu'un qui n'est pas resté longtemps au Portugal. Il n'a pas l'impact médiatique d'un Mourinho, par exemple".

"Je continue de le considérer comme un génie sur le plan tactique, très porté sur le jeu offensif à la manière d'un Bielsa"

Le nom de Mourinho continue évidemment de suivre Villas-Boas, lui qui fut son disciple à Porto, puis son adjoint à Chelsea et à l'Inter, mais la comparaison s'arrête là. Les supporters marseillais vont découvrir un coach à la philosophie de jeu opposée à celle du Special One. Avec AVB, l'OM devrait proposer un profil jeune et porté vers l'avant. Un style qui ne va pas sans risque, évidemment. "Je continue de le considérer comme un génie sur le plan tactique, affirme Ribeiro, très porté sur le jeu offensif à la manière d'un Bielsa. Après, j'ai des doutes sur sa capacité à le mettre en place à l'OM, un peu comme il a eu du mal à le faire à Chelsea. En fait, c'est un problème de management, notamment avec les joueurs-cadres ou expérimentés, et il peut rencontrer des soucis avec les joueurs âgés de l'effectif marseillais. Il a besoin de travailler avec de jeunes joueurs qui adhèrent totalement à son projet, et j'en reviens à l'exemple Bielsa. C'est pour cela que le recrutement de l'OM sera très important en terme de profils. S'il a son mot à dire, je pense qu'on verra arriver une majorité de jeunes joueurs. En revanche, s'il doit composer avec des Payet, Mandanda ou Rami, ça peut être compliqué, car il est du genre à les mettre sur le banc sans leur donner d'explications". Un dernier détail pas franchement rassurant, mais d'ici là, espérons que beaucoup d'eau aura coulé sous les ponts...