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Eric Gerets : "Si on n'avait pas proposé du beau jeu, l'OM m'aurait déjà oublié, non ?"
Autour de l'OMPublié le 06/11 à 18:00

Eric Gerets : "Si on n'avait pas proposé du beau jeu, l'OM m'aurait déjà oublié, non ?"

Qu'est-ce que le beau jeu ? Le Phocéen Mag de ce mois de novembre fait la part belle à cette question, avec notamment un entretien avec Eric Gerets.

Dans l'histoire du "jeu" de l'Olympique de Marseille, on retient surtout les schémas et les entraîneurs qui ont apporté des résultats, et la combinaison des deux a finalement été assez rare. Pourquoi ? Parce qu'ici, on retient avant tout celui qui nous a fait gagner avant de disserter sur ses schémas tactiques. Parmi les rares élus, figure en très bonne place Eric Gerets, arrivé en 2007 au chevet d'un OM 19e à la 13e journée, et qui a enchaîné deux saisons avec la Champions League à la clé. Une performance immense, à l'image du charisme d'un personnage que les supporters chérissent encore aujourd'hui. Sur le plan du jeu, on retient évidemment son fameux milieu en losange, ou plutôt en "diamant" comme il l'appelait, même si ce n'était pas forcément son schéma préférentiel, comme il l'explique longuement au Phocéen Mag. Interview d'un maître éternel du jeu marseillais :

Eric, quel était votre plan tactique en arrivant à Marseille ?

Eric Gerets : "C'était une tactique assez offensive où je demandais à tous les joueurs de participer à la remontée du ballon. J'exigeais aussi et surtout une grande intensité dans les duels, car c'est comme ça que tu récupères les ballons et que tu limites les possibilités de l'adversaire. J'insistais notamment sur les deuxièmes ballons, parce que les occasions viennent souvent de là. On ne pouvait pas avoir de résultats sans les efforts collectifs et un état d'esprit positif, c'est ce que j'ai essayé de créer dès mon arrivée".

Et quel était votre schéma préférentiel ?

EG : "Mon organisation de base était le 4-2-3-1, mais j'ai souvent alterné avec un 4-4-2 en losange selon les joueurs que j'avais, et aussi par rapport aux adversaires. Dans le premier cas, j'alignais deux numéros six et un dix en meneur de jeu, comme je l'ai fait le plus souvent ma carrière, et dans le cas du losange, je mettais Cana en six et deux milieux plus offensifs plus haut comme Nasri et Cheyrou, et Valbuena dans l'axe. C'était une option un peu plus risquée, mais je pouvais compter sur une bonne défense. La défense à quatre en zone était ma base, avec de la densité dans l'axe et une totale liberté pour les joueurs offensifs. À condition qu'ils fassent les efforts quand même, hein !"

Vous vous souvenez de votre onze-type ?

EG : "Oui, à quelques différences près selon les périodes, mais je retiendrais : Mandanda - Bonnart, Civelli, Hilton, Taiwo - Cana, Cheyrou -Ziani, Nasri, Valbuena - Niang. Et il y avait bien sûr des variantes".

D'où viennent vos bases tactiques ? Y a-t-il un entraîneur qui vous a marqué ?

EG : "Quand j'ai débuté en pro au Standard de Liège, celui qui a formé le joueur que j'étais s'appelait Vlatko Markovic. J'étais attaquant au départ et il a fait de moi un défenseur latéral. Il m'a tout appris sur le plan tactique et a fait de moi un international. Après, j'ai appris de tous mes coachs, et j'ai aussi beaucoup regardé ce qui se faisait à l'étranger. Dès mes débuts, j'ai toujours prôné un football agressif et offensif, et c'est comme ça que j'ai remporté mes premiers titres avec Lierse et le FC Bruges face aux géants d'Anderlecht et du Standard. C'est encore plus vrai avec le PSV Eindhoven, où j'avais joué une grande partie de ma carrière, et avec Galatasaray".

Comment avez-vous mis en place votre jeu à votre arrivée à l'OM ?

EG : "La première chose que j'ai faite, c'est de regarder les qualités individuelles des joueurs de l'effectif. J'ai ensuite observé leur comportement dans le collectif et c'est ensuite que j'ai choisi le style adapté. Comme je vous l'ai dit, le mental et l'engagement sont très importants, mais la force d'une équipe vient, pour moi, à 95% de la qualité des joueurs que vous avez. Vous pouvez faire illusion sur des périodes avec des joueurs moyens motivés, mais ça ne peut pas aller très loin".

C'est avec ce travail d'observation que vous avez fait d'un OM moribond une équipe du haut de tableau en Ligue 1 ?

EG : "Disons que j'ai certainement réussi à provoquer un déclic dans ce groupe. Avec mon staff, on a été capables de maintenir ce déclic pendant deux saisons. Il faut réussir à garder les joueurs en éveil, et je pense que ma bonne relation avec eux m'a permis de le faire. Je me suis aussi beaucoup appuyé sur mon adjoint et ami Dominique Cuperly, un vrai technicien et surtout un adjoint loyal. Ce n'est pas l'adjoint qui pense à prendre la place du numéro un, déjà parce que c'est un rôle dont il ne voulait pas. Il était là pour m'aider".

On juge un entraîneur par ses résultats, mais aussi aujourd'hui par le jeu qu'il propose. C'est une bonne chose ?

EG : "Je crois que les supporters de Marseille vous ont donné la réponse à mon époque. S'ils ont apprécié, je crois, mon passage à l'OM, c'est parce que les résultats étaient là, mais aussi parce qu'on a produit un football de très bonne qualité. On a qualifié l'équipe pour la Champions League chaque année et on a failli être champion de justesse avant mon départ. Tout ça en donnant du bon spectacle, je crois. On me dit que je reste un des entraîneurs préférés des supporters marseillais encore aujourd'hui. Si on n'avait pas proposé du beau jeu, ils m'auraient déjà oublié, non ?".

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