Quelle fin de saison pour l'OM ?

Après cette 30e journée de Ligue 1, l'OM pointe donc au dixième du classement, avec 39 unités. Une moyenne de 1.3 point par match catastrophique. Une situation inédite pour le club olympien depuis la saison 2001/2002, où l'équipe comptait alors 37 points après trente journées. L'OM avait terminé en roue libre, à la neuvième place, dans un championnat disputé alors en 34 journées. Abel Braga avait débuté la saison sur le banc et Tomislav Ivic avait clôturé l'exercice comme coach. Une saison déjà houleuse et qui ressemble à l'actuelle, avec le départ de Bielsa et l'arrivée de Michel, sans oublier la faiblesse du collectif.

À ce petit jeu du match nul qui se répète semaine après semaine, l'OM s'enfonce dans le ventre mou du championnat. Outre les places au classement - terminer septième ou douzième pour les supporters, la différence est minime - c'est en terme financier que la position finale aura un impact direct sur les comptes du club. Entre une cinquième place au final en Ligue1 et une quinzième, c'est sept millions d'euros d'écart au final sur la répartition des droits audiovisuels. Sans oublier que l'OM, avec son niveau de jeu affiché, est de moins en moins diffusé par Canal+, et cela a un impact également sur la répartition en fin de saison, c'est ce que la LFP appelle "la notoriété". On peut évaluer à cinq millions d'euros environ la perte possible sur la saison, là où l'OM était premier en 2014/2015 avec 19.4 millions d'euros. Effet Bielsa oblige, et titre de champion d'automne à la clef, les diffuseurs se ruaient sur l'OM. C'est bien moins le cas cette saison où le Paris SG (16.7 M€ en 2014/2015) est devenu le seul eldorado des télévisions. L'OM, en fonction des dernières diffusions de la saison, pourrait se retrouver au niveau de Lyon (14.4 M€ l'an dernier). Mis bout à bout, on arrive déjà à plus de dix millions d'euros en moins dans les caisses si le championnat s'arrêtait aujourd'hui.

À ce jour, la situation est grave. Tout le monde au club en a conscience, même s'ils sont peu à le dire ouvertement. La réaction de Lucas Silva en est le symbole, une caricature de communication : "Nous avons une grande équipe, et nous devons rejoindre le haut du tableau" a dit le Brésilien suite au match nul à Lorient (voir vidéo). Entre langue de bois et hypocrisie monumentale, les supporters ont cette vaste impression d'être pris pour des imbéciles, et cela dure depuis des mois désormais, depuis le départ de Bielsa, si l'on veut être plus précis. Certains joueurs oseront peut-être nous (re)sortir qu'il reste "huit finales à jouer en Ligue 1" et qu'une victoire en Coupe de France "sauverait la saison". Si certains rêvaient à demi-mot de parade devant l'Hôtel de Ville en brandissant la coupe, ce songe est bel et bien caduc, tant l'indifférence envers cette équipe semble irréversible. La réception de Rennes vendredi soir - les Bretons jouent une place sur le podium - sera un vrai révélateur au niveau de la cote qu'a encore cette équipe auprès des supporters. Un vendredi soir au Vélodrome, avec cette piteuse série actuelle, le Vél' sonnera bien creux et ce n'est pas le chiffre officiel des supporters présents, qui est communiqué par le club - qui compte tous les abonnés - qui cachera le ras-le-bol général.

Pire, à ce jour, l'OM n'a pas assuré son maintien. La victoire d'Ajaccio samedi a mis le club de l'île de beauté à six points seulement de l'OM. S'il y a encore sept clubs entre les formations phocéenne et corse, le danger est total. Les joueurs et le coach nous ont tellement expliqué qu'il fallait regarder devant, que l'écart était faible, qu'à contrario, s'ils font un constat lucide, la réciprocité avec la zone rouge est également vraie. Si personne ne veut entendre parler aujourd'hui de cette hypothèse au club, il faut se rendre à l'évidence. 'Gouverner, c'est prévoir' dit le dicton. Ça fait mal à entendre, mais il faut être conscient des réalités pour avancer. La poudre aux yeux lancée à tout va s'est volatilisée, il faut désormais regarder derrière, que cela plaise ou non. Et le calendrier qui sera proposé aux Olympiens d'ici mai n'est pas des plus facile (voir ci-dessous).

La situation actuelle est résumée par Pierre Ménès, sur son blog sur Canalplus.fr : "En première mi-temps, les Merlus ont littéralement haché leurs adversaires, stupéfiants de renonciation. Mis à part Isla et son gardien, donc. Avant le match, Michel avait ironisé sur son avenir, sur le niveau de son équipe et même sur la situation géographique de Marseille. Après, il a fracassé ses joueurs. Comme les autres, il navigue à vue. On a désormais hâte que cette saison se termine pour l'OM, mais rien ne dit que la prochaine ne sera pas encore plus compliquée." La fin du propos fait froid dans le dos, mais ça, on serait tenté de dire qu'on le sait depuis longtemps que les cadres en fin de contrat vont partir, qu'il faudra tout reconstruire, encore une fois. L'avenir ne s'annonce pas radieux à l'OM, et le pire dans tout ça, c'est qu'au club, on a l'impression que tout le monde s'en fout, et que la saison prochaine, une grande partie des acteurs sera loin, très loin de Marseille. Les joueurs et dirigeants passent, les supporters, eux, restent. Ce sera sans doute ça, le triste fin mot de l'histoire.