"Lass, ce soir, c'est ton match !"

Tel le phénix de la légende, Lassana Diarra renaît de ses cendres. Des cendres éparpillées ces dernières années dans le championnat russe, à l'Anzhi Makhachkala puis au Lokomotiv Moscou. Mais comment un tel joueur, 27 ans à l'époque, pièce maîtresse du Real Madrid, a-t-il pu aller se perdre au fin-fond du Caucase, dans une région aussi improbable et instable que le Daghestan ? Par passion pour la géopolitique ? Pas sûr. Par attrait pour les devises ? Beaucoup plus, même si on imagine que le Real ne le payait pas en Tickets Resto. Toujours est-il que l'un des meilleurs milieux européens de sa génération s'est perdu trois ans, certainement dans les plus belles années de sa carrière.

Dommage pour lui, tant mieux pour l'OM qui a récupéré à peu de frais un joueur qu'il n'aurait jamais pu s'offrir s'il avait fait le choix du sport. Le pari était certes risqué en engageant pour quatre ans un Diarra inactif durant quinze mois, mais le club avait des garanties. C'est ce qu'explique Vincent Labrune ce dimanche à RMC : "Si on l’a fait signer quatre ans, c'est justement car on n’avait aucun doute sur son niveau. On n'est donc pas surpris de ses performances actuelles, même s'il a retrouvé ses capacités plus vite qu'on ne l'espérait, ça c'est vrai !". Des informations glanées auprès de ceux qui l'ont entouré ces deux dernières années, comme son préparateur physique Eduardo Parra Garcia qui s'exprimait ce matin dans Téléfoot : "Son mental d'acier l'a sauvé d'une dépression. Je le motivais à s'entraîner et je reliais tous les exercices avec le football." Un travail efficace puisque l'international s'est mis tout le monde dans la poche en deux semaines d'entraînement et un premier match stupéfiant de facilité face à Troyes.

Inutile de dire que ce soir au Parc, les yeux des observateurs seront en grande partie braqués sur lui, seul élément marseillais de classe mondiale au milieu des stars parisiennes. Les yeux de Didier Deschamps par exemple, qui n'a pas mis longtemps à comprendre tout ce que "Lass" pourrait apporter à son milieu de terrain en vue d'un Euro où les Bleus sont condamnés à briller. Quant à nous, on a simplement envie de lui dire que ce soir, c'est son match. Qu'il représente le peu qu'il nous reste de fierté dans la morosité ambiante. C'est à lui de rameuter et de guider ce troupeau égaré dans un Parc des Princes où les loups seront partout. Il a déjà gagné son pari, il peut en gagner un autre et faire profiter les copains...