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"Assumer", n'est-ce pas aussi démissionner ?
SaisonPublié le 19/03 à 11:15

"Assumer", n'est-ce pas aussi démissionner ?

Pour clarifier le propos d'emblée, ce titre est une question. Une simple question et pas une sommation. En effet, les simples supporters que nous sommes n'ont pas vocation à décider de qui doit partir ou rester, de qui doit diriger le club ou pas. Il y a une propriétaire pour cela, et il n'est pas dans nos intentions, ni dans nos prérogatives de lui tordre le bras. Pour autant, sommes-nous condamnés à observer indéfiniment la mise à sac de "notre" club sans réagir ? Le peuple du Vélodrome a répondu à cette question avec la franchise et la passion qui le caractérise, comme il a toujours su le faire dans des timings plus ou moins inégaux. Du côté de Madrid, on agite des mouchoirs blancs. Au Vél', les mouchoirs sont un peu plus grands, bariolés de sentences explicites et souvent définitives.

Au temps de Robert Louis-Dreyfus, là encore de façon inégale et pas forcément toujours pertinente, la sentence finissait toujours par tomber. Le président délégué honni, ou en mal de résultats, ne pouvait plus entrer au stade et finissait inexorablement par rentrer chez lui. Vous-même, Vincent, lorsque vous étiez aux affaires tout en restant dans l'ombre, vous avez appuyé sur le bouton à deux reprises. Pape Diouf, puis Jean-Claude Dassier, ont fini par débarrasser leur bureau pour des raisons diverses et variées, et pas forcément par manque de résultats, d'ailleurs. Mais, peu importe les raisons. Vous estimiez qu'ils avaient failli à leur tâche et ils ont dû assumer ce bilan que vous leur reprochiez.

Aujourd'hui, sans se lancer dans un procès d'intention, ni dans un délit de sale gueule, il serait intéressant de se pencher cinq minutes sur ce fameux bilan, indissociable de l'action d'un dirigeant. Cela est d'autant plus facile dans le sport qu'il s'agit de regarder les résultats, puisqu'il n'y a que cela qui compte, finalement. Cinq années se sont écoulées depuis votre accession à la fonction suprême, et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elles ne devraient pas rester dans les annales. Une Coupe de la Ligue emportée sous l'ère Didier Deschamps, et c'est tout, même si l'on n'oublie pas cette deuxième place arrachée par l'équipe d'Élie Baup. Une place en Ligue des Champions que vous placiez à l'époque parmi "les plus belles pages sportives de l'histoire du club depuis sa victoire en Ligue des Champions en 1993". On aura la décence de ne pas revenir sur la campagne européenne qui s'en est suivie, la mule est déjà assez chargée comme ça...

Pourtant, tout au long de ces cinq années, l'OM n'a pas eu à faire la manche. Le budget, c'est peut-être même le seul secteur où le club a su garder son rang : 125 millions cette saison, 105 la précédente, 125 en 2013/2014, 110 en 2012/2013, et enfin 140 millions pour votre première année de mandat. Pas de quoi partir à l'assaut du Parc des Princes, certes, mais largement de quoi faire bonne figure, sans compter les 20 millions d'apports réguliers de la propriétaire ou ses abandons de créances. Sur le plan européen, on connaît des clubs espagnols ou portugais bien plus performants avec bien moins que ça. Question de savoir-faire, peut-être...

Question de projet, aussi. Celui de faire de l'OM un "Dortmund du Sud" était séduisant, on vous l'accorde et on vous l'a même dit. Attraper les meilleurs espoirs français quand le PSG s'offrait les meilleurs étrangers, opposer les bonnes idées au pétrole n'était pas pour nous déplaire, loin de là. La décision de mettre aux commandes de ce projet Marcelo Bielsa nous a même enchantés. Les supporters vous l'ont fait savoir au travers des cotes de popularité régulièrement dévoilées sur le site. Ce que l'on ne pouvait pas savoir à l'époque, c'est que l'Argentin finirait par claquer la porte, excédé par l'accumulation de promesses non tenues, et que nos meilleurs joueurs s'en iraient gratuitement pour certains, ou serviraient à faire du cash sans avoir donné leur pleine mesure. On ne pouvait pas savoir non plus que le club finirait par tomber dans l'escarcelle d'un fonds d'investissement douteux, fournisseur de recrues douteuses, elles aussi.

Pour finir, et revenir au sujet initial du statut de l'OM dans la cité, nous maintenons que l'OM ne nous appartient pas et que, de fait, il n'est ni à nous, ni à qui que ce soit d'autre, de sommer son propriétaire ou son président de rester ou partir. Mais l'OM n'est pas qu'une marque déposée ou un numéro de SIRET, c'est aussi une institution marseillaise, au même titre que le Vieux-Port ou la Bonne Mère. Une institution vieille de plus d'un siècle qui a vécu bien avant son actuel propriétaire et qui continuera après. On ne joue pas avec ça. On ne la met pas en danger sous le seul prétexte que la place est bonne et qu'on veut s'y accrocher. On ne prétend pas qu'il n'y a aucune solution ni argent disponibles alors que des investisseurs souhaitent se pencher sur le sujet. Avec un tel bilan, et notamment cette tache de six mois sans victoire au Vél', il est temps d'assumer sans se décharger sur les "abrutis" et les "oracles du chaos". Assumer, c'est bien sûr réagir, mais en l'absence de solutions viables, c'est peut-être aussi tout simplement partir.