Ricardo Rodriguez : le vrai bon coup à gauche
La défaite à Lyon à au moins permis une chose, celle de dégager les vraies priorités de ce mercato olympien, et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il y a urgence sur le côté gauche où Rekik et Doria dépannent en alternance sans évidemment convaincre. Hier lundi, plusieurs médias faisaient état d'un intérêt pour l'expérimenté Patrice Evra, mais le boss des Bleus ne fait pas l'unanimité, d'autant que son âge (35 ans) n'entre pas réellement dans le cadre d'un vrai projet comme celui que tentent de mettre en place les dirigeants marseillais. En fait, s'il y a un nom qui colle parfaitement au schéma espéré par les supporters, c'est celui de l'international suisse de Wolfsburg Ricardo Rodriguez (24 ans, 45 sélections). Il faut dire que le gaillard a vraiment tout pour plaire.
Son nom a été cité pour la première fois la semaine dernière par L'Equipe. Sous contrat jusqu'en 2019 avec le club allemand, il dispose toutefois d'une clause libératoire de 22 millions d'euros qui ne découragerait pas les dirigeants olympiens. Si cela est vrai, Rodriguez a tout de la belle affaire selon Hervé Bochud, entraîneur suisse et ancien pro à Neûchatel et en Allemagne : "Sur la scène européenne, il fait certainement partie des meilleurs à son poste, c'est d'ailleurs pour cela que le Real Madrid le suit. Même s'il est parti assez jeune de Suisse, il est considéré comme l'un des plus grands talents du pays et il est titulaire indiscutable en sélection où il fait partie des cadres. Il fait des saisons très constantes avec Wolfsburg et il pourrait largement jouer dans un très grand club européen, d'autant qu'il est encore jeune. C'est un vrai joueur de Champions League".
Formé au FC Zürich, où il est né d'un père espagnol et d'une mère chilienne, il y fait ses débuts à seulement 17 ans chez les pros et s'impose très rapidement comme titulaire, tout en intégrant la "Nati" un an après avec succès. Au point d'être recruté deux ans plus tard par Wolfsburg pour 8 millions d'euros. Même chose là-bas, ou il fait vite partie du onze-type de Felix Magath qui apprécie son profil de latéral complet. "Il est capable d'être offensif avec son gros volume de jeu et son très bon pied gauche qui lui permet d'être performant sur les coups de pied arrêtés, explique Hervé Bochud. Paradoxalement, il a beaucoup de finesse technique par rapport à sa rudesse physique. Il donne l'impression d'être un peu lourd, mais c'est un faux lent, il est très puissant. Défensivement, il est solide et il peut même jouer dans l'axe de par sa taille et sa technique. Il peut assumer les responsabilités".
Un vrai profil de Sud-Américain, accentué par son physique et son catogan. Ricardo Rodriguez n'est pas un découpeur, mais il vaut mieux avoir de bons protège-tibias si on traine dans son couloir. "C'est un vrai teigneux, confirme Bochud, peut-être à cause de ses origines modestes, il ne lâche rien. Il est arrivé à ce niveau par le travail et beaucoup d'humilité. C'est pour ça qu'il est aussi constant en Bundesliga. C'est un leader, et comme beaucoup de Latins en Suisse, il parle français. En fait, il me fait penser à Gabi Heinze qui jouait chez vous, peut-être pas aussi hargneux, mais aussi polyvalent et capable d'emmener l'équipe dans son sillage".
De quoi séduire des supporters en manque de ce type de joueurs performants sportivement et mentalement. Évidemment, l'addition semble un peu salée pour un latéral, mais cela fait longtemps que ce poste n'est plus considéré comme secondaire, et les tarifs sont désormais très élevés. Au contraire de Patrice Evra, Rodriguez pourrait s'inscrire dans un projet de haute performance à long terme et représenter une vraie possibilité de plus-value. Reste aux décideurs olympiens à peser le pour et le contre, et surtout à se montrer bons négociateurs. En effet, le lascar est suivi de près par le Real Madrid, mais aussi et surtout par l'Inter Milan, prêt à rallonger la facture de 5M€ supplémentaires. Selon L'Equipe, nos dirigeants ont fait savoir à ses représentants que l'opération était faisable. La preuve d'une réelle ambition pour un élément que l'on imagine dans son jardin au Vélodrome...