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"Le transfert de Drogba est limpide"
InterviewPublié le 20/11 à 07:00

"Le transfert de Drogba est limpide"

Parmi les transferts épluchés par la justice dans l'affaire qui a secoué l'OM mardi, le dossier Drogba en 2004 a été évoqué. Christophe Bouchet, président à l'époque, répond au Phocéen.

Fin de saison 2004. Les larmes aux yeux, Didier Drogba annonce son départ à Chelsea.  À l'époque, le club d'Abramovitch déclare avoir payé un transfert de 36 millions d'euros. De son côté, l'OM en encaisse 33. Où sont les trois millions manquant ? Égarés dans l'Eurostar ? Restés dans une soute à Marignane ? À Marseille, on explique en souriant que quelques "familles" ont déjà commandé le dernier SUV à la mode, ou écument déjà les agences immobilières de la Corniche. Voilà pour la légende.

Dans les faits, parmi les transferts évoqués tout au long de la journée de mardi, celui de l'Ivoirien est revenu sur le tapis. Une rumeur assez vite éteinte à priori. Quoi qu'il en soit, Le Phocéen a contacté le président de l'époque, Christophe Bouchet, pour un éclairage intéressant sur les affres d'un système, réel ou fantasmé. interview :

Vos trois successeurs on été ou sont en garde à vue. Vous ne craignez pas d'être le quatrième ?

Christophe Bouchet : "Je ne m'inquiète pas du tout et je ne m'attends pas à être interrogé. Toute la gestion que l'on a faite pendant trois ans a été inspectée sous toutes ses coutures et je serais assez surpris qu'on y revienne."

On a pourtant évoqué le transfert de Drogba. A cette époque, vous étiez aux affaires !

C.B : "Le transfert de Drogba, tout le monde l'a ausculté sous toutes ses coutures. Il est d'une limpidité totale entre l'OM et Chelsea. Néammoins, il y a eu des commissions d'agents versées au titre des salaires du joueurs sur lesquelles je n'ai eu aucune visibilité. Et quand je vois les dossiers aux mains des enquêteurs, j'ai l'impression qu'ils travaillent sur les commissions versées aux agents."

L'OM sous influence du milieu, c'est une réalité ?

C.B : "J'ai toujours dit que le milieu, en tant qu'organisation, n'existait plus vraiment, et qu'il n'avait pas une mainmise sur l'OM. Pour moi, c'est une certitude. Maintenant, il se trouve que les sommes en jeu lors des transferts sont importantes via les commissions des agents. Que ces montants puisse intéresser des agents liés au milieu, je n'en serais pas surpris. Mais c'est un fantasme que de penser que le milieu régit l'OM, je suis sûr de ça. Aujourd'hui, les montants des transferts et des salaires sont tellement faramineux, et il n'est pas exclu qu'il y ait des ententes, ou des pressions. Ça, c'est possible".

En attendant, des dirigeants sont en garde à vue. et ce n'est pas la première fois.

C.B : "Je vous donne un exemple : quand on achète une maison, il y a un agent immobilier qui perçoit une commission. Ce qu'il en fait après échappe totalement à la visibilité de l'acheteur et du vendeur. On est exactement dans le même cas de figure. L'agent perçoit sa commission, souvent énorme, et ce qu'il en fait est invisible pour le club."

Pour vous, les dirigeants successifs n'ont donc rien à craindre quant à d'éventuelles malversations ?

C.B : "Aucun système de ce genre n'aurait perduré depuis toutes ces années pour une raison facile à comprendre. Pape Diouf détestant tellement Jean-Claude Dassier, Dassier détestant tellement Vincent Labrune et réciproquement, que s'il y avait eu des sujets de ce type là, cela ferait bien longtemps qu'on le saurait. Mais je répète qu'ils n'ont pas eu de visiblité sur les commissions versées aux agents. Qu'il y ait eu un système souterrain sur plusieurs joueurs, c'est possible. Mais qu'il soit lié à l'exercice de ces présidents, ça m'étonnerait".

L'intégralité de l'entretien avec Christophe Bouchet en vidéo ci-dessus.