"José Anigo m'a préféré David Sommeil"

Ce dimanche, Daniel Van Buyten disputera son deuxième match avec la Belgique dans cette coupe du monde 2014 contre la Russie. Titulaire d'un des favoris du Mondial, le défenseur belge finit sa carrière en beauté, lui qui est le seul Belge de l'équipe à avoir connu des matchs dans la plus prestigieuse des compétitions avant cette édition. C'était en 2002, avec un match mémorable contre le Brésil qui lui avait valu récemment d'être dans le onze type des Olympiens du Mondial (voir ici).
Marqué par ses deux saisons et demie à Marseille, "Dany" n'a pas manqué d'évoquer cette grande page de sa carrière dans sa biographie. Des extraits sont sortis il y a quelques semaines, notamment pour évoquer les règlements de comptes entre dirigeants et les vols de voiture dont les joueurs étaient victimes sur le chemin de la Commanderie (voir ici). Mais dans cet ouvrage, le joueur livre également deux savoureuses anecdotes sur son arrivée et son départ du club olympien...

C'est qu'au moment de signer à l'OM, en juillet 2001, tous les supporters phocéens s'étaient étonnés du tarif élevé (plus de 11 millions d'euros) pour un défenseur central inconnu jusque-là. Mais ce que Van Buyten révèle aujourd'hui, c'est que s'il était fou de joie à l'idée de rejoindre l'OM, il était tout près de signer également... au Bayern Munich ! Uli Hoeness, Karl-Heinze Rummenigge et Ottmar Hitzfeld l'accueillent dans la capitale bavaroise pour lui faire part de leur intérêt. Un rêve pour le jeune belge : "Je leur explique ma vie, je leur dis que ce club m'a toujours fait rêver, que je recevais des cadeaux du Bayern quand j'étais gosse : des maillots, des posters ... Ils rigolent quand j'ajoute que j'ai reçu un jour une brosse à dents du Borussia Dortmund et que je ne l'ai jamais sortie de sa boîte". Blessé, le joueur sait que pour signer en Allemagne, il doit attendre d'être rétabli et de passer entre les mains du docteur du club. Les dirigeants marseillais, Bernard Tapie en tête, se montrent plus pressants pour le faire signer, bien aidés par le directeur sportif du Standard de Liège, Lucien D'Onofrio, qui lui fixe un ultimatum. Uli Hoeness, le président du Bayern condamné récemment à plus de trois ans de prison pour avoir dissimulé au fisc 28 millions d'euros, tente de dissuader le joueur de signer ailleurs avec un : "Marseille ? Tapie ? Mais c'est la mafia. Surtout, ne va jamais là-bas". "Big Dan" ne suivra pas la recommandation du dirigeant allemand.

Deux ans et demi plus tard, touché par la mise à l'écart de Vedran Runje lors de la saison 2003/2004, Daniel Van Buyten n'envisage toutefois pas de quitter l'OM en cours d'exercice. Sauf qu'à la fin du mois de janvier, Christophe Bouchet le convoque dans son bureau pour lui dire que José Anigo, qui est devenu entraîneur de l'équipe première, veut absolument recruter David Sommeil à Manchester City. Comme le club anglais pourrait être intéressé par ses services, il pourrait faire baisser le prix du stoppeur français. Comme une simple monnaie d'échange. Furieux, le Belge ne veut pas en rester là et exige d'avoir une explication. Que lui fournit le nouvel entraîneur de l'OM : "C'est vrai que le profil de Sommeil m'intéresse aussi. Il est un peu plus petit que toi, donc un peu plus rapide". Écoeuré, il se résout à quitter l'OM, n'oubliant pas qu'il avait refusé la Juventus et Newcastle six mois auparavant pour prolonger son contrat. De l'Angleterre, il se tiendra au courant d'ailleurs de la situation phocéenne, espérant faire son retour la saison suivante. Mais la confirmation de José Anigo au poste d'entraîneur l'incita à accepter un transfert à Hambourg, avant de rejoindre enfin le Bayern deux saisons plus tard. Il y connaîtra huit années de succès total avec une Ligue des champions, deux finales, quatre championnats et quatre coupes d'Allemagne notamment. David Sommeil, lui, n'est resté que cinq mois à l'OM où il a joué 13 matchs au total.

> Retrouvez dans la vidéo ci-dessous les meilleurs moments de Daniel Van Buyten à l'OM.