OM Actualités Foot de l’Olympique de Marseille
Pourquoi le Vélodrome se vide
Autour de l'OMPublié le 14/11 à 07:00

Pourquoi le Vélodrome se vide

Le Vel' n'est plus ce qu'il était. Au niveau de l'ambiance, l'enceinte du boulevard Michelet a perdu en ferveur. Les supporters marseillais tentent de l'expliquer.

Au fil des années, le stade Vélodrome a perdu de son ambiance. Celle qui faisait peur aux adversaires en visite. Celle qui donnait un vrai ascendant psychologique aux Olympiens. Comment expliquer cette désaffection du public marseillais ? Le Phocéen a interrogé des responsables de groupes de supporters marseillais afin de tenter de trouver une explication.

"On se dirige vers un stade à l'anglaise"

Comment expliquer le manque d'ambiance depuis plusieurs mois au Vélodrome ?

Lionel (Représentant de la Brava Massalia) : "La répression a beaucoup joué. On peut moins s'amuser dans un stade. Être supporter, ce n'est pas être un soldat. On ne peut plus laisser libre cour à ses délires une fois par semaine. Je comprends qu'il y ait des gens qui ne se retrouvent plus là-dedans. La crise est aussi passée par là, il n'y a plus d'argent. Avant on venait au stade en famille, on emmenait ses enfants, ses neveux. Les gamins étaient obnubilés par la magie des tribunes, tombaient amoureux de ce club, et aujourd'hui, je ne vois pas de quoi on pourrait tomber amoureux."

Christian Cataldo (Président des Dodgers) : "Quand on regarde les autres stades, c'est aussi la même chose. Il faut tenir compte de la crise, du fait que les matchs sont à n'importe quelle heure... Tout rentre en jeu. À la fin, c'est une catastrophe. Il faut aussi tenir compte de la qualité de l'équipe, même si c'est vrai que cette année on sent de l'envie et de la volonté. De plus, on ne peut plus rien faire au stade à cause de la répression... Au fur et à mesure, on se dirige vers un stade à l'anglaise où l'on arrive au dernier moment dans le stade. Cette année, le manque d'ambiance est plus criant, car dès le début de la saison les dirigeants ont annoncé qu'il n'y aurait pas de recrutement, mais pas mal de ventes."

Par contre, en déplacement, la ferveur et la passion restent intactes, comment l'expliquer ?

Lionel (Représentant de la Brava Massalia) : "En déplacement, il n'y a que des supporters qui sont là pour encourager l'équipe. C'était le cas autrefois au Vélodrome, maintenant les gens viennent voir un spectacle. Chacun est bien assis, avec sa place numérotée, alors qu'avant, l'important était de trouver une place peu importe où. On se croirait au théâtre."

Christian Cataldo (Président des Dodgers) : "C'est magnifique en déplacement, car ceux qui se déplacent sont ceux qui ont vraiment envie de voir l'OM, ils ne sont pas là pour critiquer. J'en profite pour lancer un appel à tous ceux qui viennent au stade pour critiquer, qu'ils restent chez eux. S'ils viennent, c'est pour encourager. Certains l'ont compris, mais pas tous. Peu importe que le stade ne soit pas plein, à partir du moment ou ceux qui sont là encouragent l'équipe."

"L'année où on est champion, on aurait dit qu'on avait gagné un match de Gambardella"

Depuis quand avez-vous constaté cette désaffection du public ?

Lionel (Représentant de la Brava Massalia) : "Pour moi, on a pris un coup depuis la Coupe du Monde 98, car le football a perdu en popularité depuis. Ce ne sont plus les mêmes personnes qui sont dans les tribunes. Ceux qui étaient autrefois à Ganay se retrouvent aujourd'hui en Virage, et ils ne sont pas forcement habitué à chanter. Je ne pense pas que ce soit un désamour, car les gens qui aiment l'OM n'ont pas changé d'avis. Le dernier grand souffle que je retiens du vélodrome, c'était en 2003-2004 avec le but de Drogba contre Newcastle, après, ça a été le gouffre. L'année où l'on est champion, on aurait dit qu'on avait gagné un match de Gambardella. "

Christian Cataldo (Président des Dodgers : "Ça s'est fait au fil des années. Les gens veulent trop de choses, ils ne réalisent pas qu'on ne peut pas être le Barça, le Real ou le Milan AC... Les gens en ont peut-être marre d'attendre quelque chose qui ne vient jamais. Les gens vivent toujours en 93, mais c'est fini. Il faut qu'ils se réveillent."

Du côté des groupes de supporters, il y a une remise en question suite à ce désamour ?

Lionel (Représentant de la Brava Massalia) : "Personnellement, c'est tous les jours que je me remets en cause, et que je remets en causes mes mecs, en leur disant qu'ils ne font pas assez pour faire passer la flamme à quelqu'un derrière eux. Après, c'est à chaque Marseillais de se remettre en cause. Il y aurait des choses à revoir. Certaines personnes qui sont au stade devraient regarder au-delà de leur carte d'abonné. Ils sont là pour chanter, qu'ils aiment ou pas la politique de tel ou tel groupe, car s'ils ont des cartes aujourd'hui à ce prix là, c'est grâce à ces groupes. Donc au moins respecter ça en chantant."

Christian Cataldo (Président des Dodgers) : "Oui, on se pose des questions comme l'an passé quand on a fait cette grève. Était-ce judicieux ou pas ? On a été critiqué, mais c'est plus difficile d'agir que de critiquer. Nous avons fait notre autocritique, mais quand on voit que le club a vendu des places de stade contre Mönchengladbach à n'importe qui, et qu'à l'arrivée il y a plusieurs milliers d'Allemands dans le stade, il faut qu'il y ait une prise de conscience du club."

S.R.