Sanson : ce qu'il lui reste à faire pour aller chez les Bleus

Si l'OM de cette première partie de saison rechigne à donner satisfaction, il en est un qui poursuit tranquillement son bonhomme de chemin dans la plus grande discrétion. Désormais pilier incontournable du dispositif de Rudi Garcia, Morgan Sanson (24 ans) enchaîne les matches et les bonnes performances au milieu d'un OM qui cherche péniblement à trouver la bonne carburation. Déjà très performant la saison dernière, que ce soit aux côtés de Gustavo à la récupération ou plus haut à la distribution, le natif de Saint-Doulchard récite ses gammes quelle que soit la difficulté du contexte, même s'il faut reconnaître qu'il a été le plus mauvais sur la pelouse lors du dernier OM-PSG. Malgré ça, il a reçu une première présélection avec les Bleus en septembre dernier et son nom circule dans ce secteur, au cas où, même si c'est Ndombele qui a été appelé lors du dernier rassemblement.

Pas vraiment étonnant lorsque l'on affiche déjà plus de 200 matches chez les pros à tout juste 24 ans. Une histoire qui a commencé au Mans en 2012, lorsque le club évoluait en Ligue 2. Peu de temps avant, Arnaud Cormier, le coach manceau de l'époque, a été le premier à le tester avec l'équipe professionnelle, et il s'en souvient pour Le Phocéen : "Lorsque j'entraînais l'équipe première du Mans, Morgan avait 17 ans, et j'ai commencé à le prendre régulièrement à l'entraînement avec nous à ce moment-là. Il faut savoir qu'à l'époque, c'était encore une brindille en terme de gabarit. C'est l'année suivante qu'il a commencé à s'étoffer physiquement. Mais, techniquement, je sentais que c'était un joueur qui allait passer le cap, il ne dépareillait pas avec les pros car il avait déjà une vraie lecture du jeu. J'avais hésité à cause de son déficit athlétique, mais sa qualité technique était déjà là. C'était la seule interrogation que j'avais le concernant". Il faut dire que Morgan affichait déjà à l'époque cette qualité que tout le monde lui reconnait aujourd'hui : le désir d'en faire toujours plus. "Ce qui m'a frappé, c'était ses prises de balles vers l'avant, confirme Cormier. Au milieu, vous avez une majorité de joueurs qui se retournent sur eux même et qui, finalement, jouent en retrait vers leur but. Morgan, lui, prend toujours l'initiative d'aller vers l'avant. Ça comporte une prise de risque, mais c'est ce qui fait basculer une action anodine en occasion de but. Lui l'a toujours fait, même en cas d'échec, et c'est ce que j'ai retrouvé lorsqu'il était à Montpellier et maintenant à l'OM. Il a, en plus, une vitesse de jambes sur les premiers appuis qui lui permet d'accélérer après cette prise de balle".

Des qualités confirmées par son ancien coéquipier à Montpellier, l'ex-Olympien Gary Bocaly dans La Provence : "Je suis particulièrement Morgan, que j'ai vu arriver tout jeune à Montpellier avec énormément de qualités. Le voir passer un palier à l'OM, c'est plaisant. Avec ces joueurs-là, l'OM va jouer le haut du tableau". Et individuellement, que lui manque-t-il pour décrocher enfin ce maillot bleu, face à l'énorme concurrence chez les milieux de Didier Deschamps ? Pour Arnaud Cormier, pas grand-chose, juste un peu plus de régularité : "Il a commencé très jeune et il a déjà un paquet de matches en Ligue 1, ce qui joue pour lui, et bien sûr en coupe d'Europe avec l'OM. Déjà, faire partie d'une présélection avec les Bleus, c'est énorme. Ce qui va faire la différence, c'est s'il arrive à afficher encore plus de régularité avec l'OM dans les grands matches. C'est à mon avis ce que regardent les sélectionneurs, cette capacité à enchaîner tous les trois jours les performances de haut niveau avec un club à haute pression. C'est ce que réussit à faire actuellement un Ndombélé avec Lyon et c'est ce qui fait d'un très bon joueur un international. C'est le dernier palier qui fait que Morgan ira ou pas chez les Bleus. Il a montré qu'il était capable de performances de très haut niveau. S'il veut y aller, il doit les enchaîner". En commençant par le choc de dimanche face à Montpellier, le club qui l'a révélé. Nul doute que Morgan a déjà ce challenge dans un coin de sa tête, parce qu'il faut se racheter, aller de l'avant. Normalement, il sait faire.