Ocampos en pointe, pour le meilleur ou pour le pire ?

Jeudi dernier, Rudi Garcia a tenté une nouveauté de plus dans le laboratoire européen que peut parfois être l'Europa League. Un 4-4-2 losange avec pour attaquants le duo Thauvin-Ocampos, puis Ocampos seul en pointe après le carton rouge de Boubacar Kamara. L'Argentin, qui aura donc connu cette saison les postes de latéral gauche et d'avant-centre, est-il un véritable recours à court, moyen ou long terme pour ce poste (un débat à retrouver également en vidéo) ?

L'idée de placer Lucas Ocampos en pointe ne date pas d'hier. Elle tient même sans doute sa source à la genèse du recrutement de l'Argentin, à la toute fin du mercato d'hiver de janvier 2015. A cette époque, Marcelo Bielsa avait livré l'analyse suivante : "J'ai fait son évaluation suite à ses parties avec Monaco. C'est un joueur qui peut jouer sur les deux côtés, comme à la pointe de l'attaque. Un joueur dynamique, rapide, un attaquant direct. On l'utilisera selon les nécessités. Il peut jouer sur les trois positions de l'attaque. Il a davantage joué au poste d'ailier gauche, moins comme ailier droit et exceptionnellement comme avant-centre. Au vu de la composition actuelle de l'effectif, il aura plus d'options pour jouer sur les côtés qu'au centre". Et comme l'Argentin a de la suite dans les idées, au départ d'André-Pierre Gignac, et voyant qu'il ne restait plus que Michy Batshuayi comme véritable numéro neuf, El Loco avait pris la décision de faire d'Ocampos la doublure du Belge. Après son départ précipité, Michel, qui n'a pas réussi à convaincre la direction de l'époque d'acheter un autre avant-centre, avait choisi de piquer l'idée du coach démissionnaire. Cette saison-là, Ocampos n'inscrira que 4 buts.

Cette saison, l'OM ne comptait pas un, deux, mais trois attaquants capables (sur le papier) d'évoluer seuls en pointe. Seulement voilà, Valère Germain traverse un long désert (dernier de ses 3 buts inscrit le 26 septembre), Kostas Mitroglou est à la cave (dernier de ses trois buts inscrit le 7 octobre) et Clinton Njie, en plus de ne jamais crever l'écran, n'entre pas souvent dans les plans de Rudi Garcia (un seul but le 23 septembre). Pour faire simple, voilà plus de deux mois et onze matchs qu'aucun des attaquants de l'OM n'est parvenu à trouver le chemin des filets. Du coup, plus aucun des trois ne semble figurer dans les petits papiers du coach, qui tente des choses : Dimitri Payet en faux numéro neuf (contre Paris), des systèmes à deux pointes (le 3-4-1-2 ou le 4-4-2 losange). Après avoir tenté de recentrer Thauvin en le plaçant avec un autre attaquant, Rudi Garcia a testé une nouvelle chose : Lucas Ocampos avant-centre.

Mais là où Marcelo Bielsa avait vu quelque chose, à l'arrivée, le profil de Lucas Ocampos pourrait encore davantage coller avec le poste qu'à l'époque où il était frêle, fantasque et peu combatif. Depuis le retour de ses prêts en Série A, l'OM a récupéré une machine. Physiquement, il est capable d'enchaîner les pressings, ce qui lui a permis de gagner quelques ballons en gênant les relances chypriotes, il peut gagner des duels et même servir de point d'appui. Mais que faire de sa grande maladresse ? Certes, il ne sera jamais le plus grand technicien de la planète, mais ses chiffres de la saison dernière sont loin d'être ridicules, d'autant plus qu'il jouait sur un côté. Avec 16 buts inscrits toutes compétitions confondues, il a joué un rôle majeur face aux buts. Si l'OM envisage de faire du ménage à la pointe de l'attaque cet hiver, Lucas Ocampos peut-il être un recours à court ou moyen terme ? Sur le match contre Limassol, il a touché beaucoup plus de ballons que ce que peuvent le faire Germain, Njie ou Mitroglou, mais il en a perdu beaucoup. Son pressing a dérangé un peu la défense adverse en 1ère mi-temps. Il a touché le poteau lors d'un cafouillage. Bref, c'est le même joueur qu'à gauche. Une expérience à renouveler contre Strasbourg mercredi, à Angers samedi et à Saint-Etienne contre Andrézieux le 6 janvier en Coupe de France ?