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Durand décrypte le marché de la L2 pour l'OM
MercatoPublié le 26/04 à 01:00

Durand décrypte le marché de la L2 pour l'OM

Comment aborder l'un des marchés les plus observés en France, mais aussi en Europe ?

Avec un football français en pleine crise sanitaire, les rumeurs mercato ne fleurissent par au rythme habituel en ce mois d'avril, y compris pour l'OM. Mais, en se penchant sur les derniers bruits, on s'aperçoit qu'ils proviennent de la Ligue 2, avec le très suivi Pape Gueye du Havre et l'ailier de poche du FC Lorient Jimmy Cabot. Des noms qui ne font certes pas lever les foules, notamment pour le second, mais qui peuvent s'avérer très intéressants et ils ne sont pas les seuls. C'est ce qu'explique au Phocéen l'un des meilleurs spécialistes français de ce marché, l'ancien patron de la cellule recrutement de l'OM Jean-Philippe Durand. C'est lui qui a fait signer il y a deux ans l'Auxerrois Evan Ndicka à Francfort pour 5 M€, et les plus grosses écuries européennes se l'arrachent aujourd'hui. De quoi profiter de ses précieux conseils. Interview :

Jean-Philippe, quel est le visage du marché de la Ligue 2 aujourd'hui ?

Jean-Philippe Durand : "C'est un réservoir très important pour la Ligue 1 et pour les étrangers depuis des années. On n'imagine pas à quel point il est observé, car de jeunes joueurs s'y révèlent chaque saison. C'est là qu'ils ont la possibilité d'avoir du temps de jeu, ce qui est moins le cas à l'étage au-dessus. C'est un championnat difficile, très engagé, et il leur permet de montrer leur capacité au haut niveau. Tout n'est pas intéressant, bien sûr, mais il y a toujours de quoi trouver son bonheur".

Y compris sur le plan technique ?

JPD : "C'est inégal, on y trouve des équipes très physiques et d'autres beaucoup plus "football". C'est un mix des deux et c'est aussi pourquoi c'est intéressant. De jeunes joueurs portés sur la technique se retrouvent confrontés à d'autres très affutés physiquement. Ils sont forcés d'élever leur niveau d'engagement et leur intelligence de jeu face à des situations qu'ils ne connaissaient pas avant".

Quels sont les clubs qui travaillent bien, que tu regardes en priorité ?

JPD : "Il y a des équipes comme Le Havre, Lorient ou Auxerre qui sortent des jeunes traditionnellement. Mais, les modèles changent très vite en fonction de leurs entraîneurs ou de leurs objectifs sportifs. Par exemple, aujourd'hui, l'AJ Auxerre de Jean-Marc Furlan ne fait quasiment plus jouer de jeunes. Même chose pour Nancy qui a été en difficulté et a dû prendre des joueurs expérimentés. Du coup, on les "scoute" beaucoup moins. À l'inverse, Le Havre reste sur sa tradition avec un bassin local très intéressant et un gros travail sur la région parisienne. Ces jeunes savent bien qu'ils seront très observés en signant là-bas".

En parlant du Havre, il y a le milieu Pape Gueye qui est suivi par l'OM et beaucoup de gros clubs...

JPD : "Bien sûr, car c'est un profil moderne. Un joueur jeune, avec une grosse maturité dans le jeu et très athlétique. C'est un vrai joueur de foot, gaucher, avec une grosse qualité de passe et une technique affirmée. Il fait partie de ceux qui montrent qu'ils ont le profil pour jouer au-dessus".

C'est aussi un championnat de la deuxième chance. On pense à un Jimmy Cabot (26 ans) que l'OM suivrait aussi à Lorient...

JPD : "Oui, car il se retrouve dans une équipe qui marche bien et qui joue au football. Ce qui est intéressant avec lui, c'est qu'il s'agit d'un attaquant que Christophe Pelissier fait parfois jouer comme latéral droit lorsqu'il évolue à trois derrière. Il part ainsi de plus loin et peut élargir sa palette de jeu, ce qui était plus dur lorsqu'il était un ailier pur avec un marquage plus serré, du fait de son petit gabarit (1m64). Sa vitesse peut être très perturbante pour une défense, notamment en fin de match".

Il y a quelques noms qui ont retenu ton attention cette saison ?

JPD : "Le joueur phare, c'est le buteur du havre Tino Kadewere qui a signé à Lyon. J'aime bien aussi Enzo Le Fée (20 ans), le milieu offensif de Lorient. Un peu léger, mais doté d'une excellente technique. Un vrai numéro 10 qui devra reculer un peu, à mon sens, au plus haut niveau, à l'image de Rongier. Le type même de joueur qui a besoin de ce passage en L2 pour étoffer son bagage. Enfin, j'ai beaucoup aimé le défenseur de Valenciennes Lilian Brassier (20 ans), prêté par le Stade Rennais. Il était barré là-bas et il n'avait plus rien à faire en N2. Il a fait le bon choix".

Enfin, fait-on toujours de très bonnes affaires sur le plan financier ?

JPD : "De moins en moins. Regardez le jeune Jean Marcellin qui a signé cet hiver d'Auxerre à Monaco pour 10 M€. Mais, comme partout, la crise sanitaire va certainement rebattre les cartes".