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"On ne se demandait pas combien gagnait Papin ou Amoros"
InterviewPublié le 16/12 à 15:24

"On ne se demandait pas combien gagnait Papin ou Amoros"

Comme tous les supporters marseillais, Bernard Pardo a vu l'OM s'effondrer jeudi soir face à Limassol (1-3). Un nouvel écart que l'ancien milieu du grand OM a du mal à avaler, lui qui n'avait pas l'habitude de lâcher sur un terrain. Pour lui, les Olympiens ont intérêt à vite se remettre les idées en place, sous peine de lendemains qui déchantent. C'est ce qu'il a expliqué au Phocéen. Interview :

Bernard, que t'inspire cette triste démonstration face à Limassol, même si ce match comptait pour du beurre ?

Bernard Pardo : "Pour moi, c'est une faute professionnelle ! C'est dramatique de faire un tel grand écart, en étant finaliste la saison dernière et dernier d'un groupe comme ça cette saison. On a quand même perdu au Vélodrome contre Limassol ! Bien sûr, le match comptait pour du beurre, mais il pouvait te relancer. Avec 4 ou 5 buts, une belle performance, les joueurs pouvaient reprendre confiance et rassurer les supporters. Là, dans les têtes, c'est le flou artistique !".

Tu parles de la saison dernière. Comment expliques-tu une telle différence, alors que l'équipe est sensiblement la même ?

BP : "L'équipe de l'an dernier était peut-être à bout de souffle, et l'importance d'un recrutement, c'est justement de revitaliser l'ensemble. Là, les recrues n'apportent rien à l'équipe. Soit elles ne parviennent pas à s'adapter, soit on s'est trompé, tout simplement".

À l'image d'un Kevin Strootman, par exemple, encore inexistant face à Limassol ?

BP : "Déjà, est-ce qu'on en avait besoin ? Est-ce que l'important, c'était de recruter Strootman ? C'est comme ça qu'il faut poser le problème. Pour moi, des milieux, on en avait une tonne. L'effort, il ne fallait peut-être pas le faire sur Strootman, même si c'était un très bon joueur. Je dis "c'était", car on sait tous qu'un joueur qui a été opéré des croisés met beaucoup de temps à revenir. Mais, quoi qu'il en soit, ce n'est pas lui qui va faire la différence".

Le recrutement, c'est le principal raté de cette saison ?

BP : "Tout le monde peut se tromper, personne n'est infaillible. Mais mettre autant d'argent sur des joueurs qui ne fonctionnent pas, c'est gênant, alors que ce sont eux qui devraient te tirer vers le haut. Et puis, le problème reste entier devant, avec des attaquants en échec. J'aurais aimé qu'on joue avec deux attaquants, au moins sur quelques matches d'affilée, alors que là, on en fait sortir un pour faire entrer l'autre... Dire au début de la saison qu'on n'avait pas besoin d'attaquant, ce n'était peut-être pas la bonne solution".

On évoque des jalousies de vestiaires à propos des salaires démesurés de certains joueurs. Qu'en penses-tu ?

BP : "Ca, je ne peux pas l'entendre. Quand tu es devant le président, tu négocies ton salaire avec ton agent. Si les gars ont signé, c'est qu'ils étaient satisfaits, donc ils n'ont pas à regarder le salaire du voisin. S'ils ne sont pas contents, c'est qu'ils n'ont pas été bons dans la négociation. À la limite, qu'ils aillent voir le président s'ils veulent une rallonge. Mais, semer la zizanie parce qu'on est jaloux du salaire du voisin, c'est n'importe quoi. À mon époque, on gagnait tous très bien notre vie, et on ne demandait pas combien gagnaient Jean-Pierre (Papin) ou Manu (Amoros). On avait négocié nos contrats, et si d'autres avaient mieux négocié, tant mieux pour eux. Je veux bien qu'on se fritte sur des faits de jeu, parce qu'un gars défend moins que les autres, mais là...".

Les supporters commencent à gronder vis-à-vis de Garcia et Eyraud. Comment observes-tu tout ça ?

BP : "D'une manière générale, j'ai rarement vu les supporters marseillais être aussi gentils avec les joueurs que depuis quelques années. Pour les dirigeants ou les entraîneurs, c'est assez classique. Malgré tout, sur le plan comptable, on est quand même pas si mal que ça. On sait que tout va se jouer dans les 5-6 dernières journées, alors si on arrive à la trêve dans cette position, on peut encore sauver les meubles. Garcia doit profiter de cette trêve pour remettre les gars d'aplomb, car il y a encore un coup à jouer. Quand on voit les matches de cette équipe, c'est fou de pouvoir dire ça. Alors, il faut vite réagir, parce que là, il y a le feu à la maison !".