OM : Longoria reconnaît l’erreur Marcelino

Est-ce qu'au bout de 5 mois, diriez-vous qu'il y a peut-être eu de petites erreurs qui ont été commises cet été ? Bien évidemment, nous commettons des erreurs tout le temps, que ce soit dans la nomination de Marcelino ou dans le recrutement de nombreux joueurs concernés par la CAN. Y a-t-il des petites erreurs que vous reconnaissez et qui pourraient peut-être vous servir pour la suite en tant que Président, pour les prochains mercatos, pour la gestion de l'OM ?

Pablo Longoria : "Toute la vie est faite d'erreurs, et je suis quelqu'un qui cherche toujours à être très analytique dans tout ce que nous faisons. Au cours des cinq dernières interviews, qui remontent peut-être à un mois et demi voire deux mois, le temps passe tellement vite, je considère que l'une des erreurs les plus importantes a été de ne pas avoir suffisamment analysé l'impact du changement dans la méthodologie de travail avec Igor Tudor, notamment en ce qui concerne le marquage individuel sur l'ensemble du terrain. Ce changement a modifié un système de jeu davantage orienté vers la collectivité et la personnalisation, avec une organisation tactique qui a également entraîné un niveau de cohérence bien plus important au niveau de la structure d'équipe. Je ne critique pas ce qui était en place précédemment, ce n'était pas totalement mauvais. Je tiens à exprimer ma gratitude pour le travail d'Igor Tudor. Cependant, je pense qu'il aurait nécessité davantage de temps pour s'adapter. C'est quelque chose que nous n'avons pas suffisamment anticipé de mon point de vue, particulièrement car, si l'on analyse tous les clubs italiens ayant adopté ces méthodologies, cela a pris beaucoup plus de temps que ce que nous avions envisagé. Cela pourrait être l'une des questions les plus cruciales à examiner. En ce qui concerne le recrutement, j'ai toujours dit la même chose dans mes différentes déclarations aux médias : cela prend toujours du temps, surtout à la fin de la saison. C'est particulièrement vrai en ce moment où de nombreux événements instables se produisent au sein du club, affectant directement les performances sur le terrain.

En ce qui concerne le problème de la CAN je tiens à souligner un point plutôt important. Hier, alors que nous lisions les présélectionnés, les championnats français ont touché environ, je pense que cela atteindra environ 70 joueurs qui seront sélectionnés pour la CAN. C'est un problème généralisé, un problème également analysé à l'intérieur du championnat, en particulier parce que même si la CAN et la Coupe d'Asie font partie des calendriers officiels de la FIFA, cela mérite une réflexion de la part de tous nos responsables du football français, en particulier car de nombreux joueurs sont touchés par la CAN. En même temps, il crée un désavantage compétitif sur le marché pour l'Olympique de Marseille en termes d'attractivité dans ce type de marché, en particulier sur le marché africain où l'Olympique de Marseille bénéficie d'un niveau d'attrait supérieur à celui des autres clubs. Ce serait dommage pour nous de ne pas exploiter cet avantage compétitif offert par ce marché."

 

Vous avez abordé plusieurs sujets, notamment le fait que vous avez peut-être sous-estimé le changement de méthodologie entre Tudor et Marcelino. Il semblait également y avoir un grand changement entre Sampaoli et Tudor. Aujourd'hui, avec l'arrivée de Gattuso, nous avons un nouveau changement. Nous avons un peu perdu le fil, et je sais que c'est également le cas pour de nombreux supporters, concernant le style de jeu que vous souhaitez développer pour cette équipe. Ainsi, est-ce que nous devons nous concentrer sur cela, ou finalement, le style de jeu n'est-il pas si crucial ? Est-ce plus une question de détails ? Pourriez-vous nous éclairer sur le style de jeu et la continuité de celui-ci entre les entraîneurs, car j'ai l'impression qu'il y a beaucoup de changements entre un jeu basé sur la possession et un jeu presque à l'image de Gaspérini ?

Pablo Longoria : " C'est une bonne réflexion, notamment dans ma volonté de réaliser une analyse assez générale du football, en lien naturel avec l'Olympique de Marseille, le club auquel nous sommes tous actuellement engagés. Je suis convaincu que le football vit constamment une évolution. Tous les 3, 4 ou 5 ans, nous observons de nombreux changements dans le jeu et la manière de jouer. Adopter un style de jeu durable pour l'histoire d'un club est une question extrêmement complexe dans le monde du football actuel. C'est ma vision personnelle. D'autres personnes pourraient avoir une perception différente, mais je crois fermement qu'il est essentiel de s'adapter constamment à toutes les différentes exigences. Pourquoi ces changements ? Cette interrogation peut être élargie. Avec Igor Tudor, nous avions évoqué et considéré que c'était la vérité. Pour être compétitif au niveau européen et même au sein des championnats, nous pensions que l'effectif avait besoin d'un jeu caractérisé par une dimension physique plus prononcée. Nous croyions qu'en adoptant un style de jeu plus physique, cela serait plus avantageux avec les ressources économiques dont nous disposions, par rapport à un effectif de grande qualité. C'était la raison principale derrière tous les changements opérés avec Igor Tudor. Toutefois, maintenir un tel système sur le long terme s'est avéré extrêmement difficile. Pour être honnête, jouer ce type de football avec Igor, et avec d'autres entraîneurs comme Djuric, demandait énormément d'énergie aux joueurs, et c'était une tâche très difficile à maintenir dans la durée. Même si nous en avions l'intention, attention, car nous étions très satisfaits du travail d'Igor. Nous pensions que pour s'adapter à la nature même du championnat français, tel que nous l'observons maintenant au cours de cette saison, nous avions besoin d'une organisation collective plus poussée pour limiter les contre-attaques, que nous souhaitions éviter. Ce sont des motifs fondamentaux, en particulier si l'on se souvient de la saison précédente, où lors de nombreux matchs au Vélodrome, notre équipe souffrait dès que notre première ligne de pression était dépassée.

Je rappelle à tous ceux présents ici dans la salle que nous avons vécu de nombreux matchs à l'OM. Combien d'actions en contre-attaque avons-nous subies la saison dernière ? Au niveau de la direction, nous voulions changer cela et apporter davantage d'organisation collective pour atteindre nos objectifs. Avec les changements opérés par Gattuso, cela reflète notre volonté de maintenir ce type de structure défensive, dans laquelle le travail de Martellino sur les aspects défensifs de l'équipe était bon pendant la pré-saison et lors du premier match du championnat. Nous avons cherché à assurer cette continuité avec la méthodologie de Gennaro Gattuso, ce qui est normal. Mais je crois que ça passe pour une évolution dans le jeu. J'estime que Gattuso l'a lui-même mentionné lors de la conférence de presse d'hier, après plusieurs semaines de discussions. En réalité, il n'a pas eu une semaine complète de travail. Il a su, avec une grande qualité, s'adapter à son effectif, même en renonçant à son schéma tactique habituel pour tirer le meilleur parti des différents types de joueurs que nous avions. C'est quelque chose d'important à noter. Je pense que nous verrons au cours des prochains mois une version de l'Olympique de Marseille plus adaptée au style de jeu de Gennaro Gattuso. Cela se traduira par une évolution de l'équipe avec davantage d'accent sur un style de jeu plus vertical, axé sur le contrôle et la possession du ballon dans le camp adverse. Cependant, je considère que l'aspect physique, particulièrement dans les championnats français à l'Olympique de Marseille, implique l'acquisition de joueurs de très haut niveau tant sur le plan de la qualité que de la forme physique, ce qui représente un investissement conséquent. Privilégier le physique tout en préservant la capacité à bien jouer au football grâce à l'adaptabilité de l'entraîneur est quelque chose de plus accessible pour l'Olympique de Marseille."