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Abriel : «Ce n’était pas l’idée que je me faisais du football»
InterviewPublié le 25/04 à 13:23

Abriel : «Ce n’était pas l’idée que je me faisais du football»

Retour sur le passage plus qu'important de Fabrice Abriel à l'OM.

Invité du Talk Show jeudi, Fabrice Abriel est revenu sur son passage à l'OM. En deux saisons, le milieu de terrain a remporté trois trophées (un championnat, deux coupes de la Ligue). Formé au PSG avec Nicolas Anelka, il était parti à Amiens, Guingamp puis Lorient où il s'est véritablement affirmé en Ligue 1 sous la houlette de Christian Gourcuff. C'est là que l'OM est allé le chercher pour 3 millions d'euros en 2009. Au moment de revenir sur ce transfert, non sans humour comme vous pouvez le voir dans la vidéo, Abriel révèle qu'il n'était que le deuxième choix de Deschamps, qui voulait engager Plasil à Osasuna, qu'il avait déjà eu sous ses ordres à Monaco. "Marseille avait fait une belle saison avec Gerets. Didier Deschamps a défini une ligne directrice en arrivant en disant qu'il voulait de la qualité et de la quantité avec des joueurs d'expérience et aguerris, explique Abriel. Je faisais partie d'une rotation que Zenden, Cana et Karim Ziani avaient quittée. Ils souhaitaient recruter à la place, Lucho, Edouard Cissé - Stéphane MBia on ne savait pas si c'était pour jouer derrière ou au milieu. Il y avait le choix entre Plasil et moi pour la dernière place, Plasil est parti à Bordeaux et j'ai signé à Marseille". 

Deuxième choix derrière Plasil

Dans l'esprit général, l'OM de Deschamps qui rafle le titre, c'est une formation avec un homme au milieu, un Argentin qui marque le but du titre à domicile contre Rennes, un certain Lucho Gonzalez. L'équipe phocéenne finira le championnat en trombe, avec son transfuge de Porto meilleur passeur, aux côtés de deux joueurs complémentaires à ses côtés, Charles Kaboré et Edouard Cissé. Mais il ne faut pas oublier que sur la saison, Fabrice Abriel prend part à 47 matchs. Et si Lucho donne la pleine mesure de son talent à partir du mois de janvier, c'est Abriel qui a oeuvré dans l'ombre pour que l'équipe soit encore à flot à ce moment-là. "C'est vrai qu'il y a l'avis populaire, ce que les gens retiennent. Et puis il y a ce que moi je sais et surtout ce que mes partenaires savent, concède-t-il. Le début de saison était difficile, sur le plan des résultats mais aussi dans l'effectif où il fallait tout refaire. A l'intérieur du groupe, Deschamps m'avait nommé capitaine à un moment, et j'avais la sensation de tirer tout le monde. Mais on parlait d'autres choses. De Valbuena qui ne jouait pas, de Ben Arfa qui ne jouait pas... Moi ça m'a permis de travailler tranquillement, de continuer à jouer et de se concentrer sur l'essentiel. On avait cette maturité de dissocier la vie extérieure de ce qu'on vivait. Récolter des fleurs, des lauriers, des unes de journaux, je m'en fous en fait, j'étais arrivé à Marseille pour gagner des titres et je suis reparti avec des titres. C'est la seule chose que je m'étais mise dans la tête". 

Une engueulade décisive dans le vestiaire

Pour cela, l'OM a vécu un tournant après une défaite à Montpellier (2-0) fin janvier. L'OM tombe à la septième place. C'est à ce moment-là qu'Abriel sort aussi de l'équipe mais le joueur retient surtout que c'est une discussion qui a tout changé. Une réunion entre les joueurs. "On s'est retrouvé dans le vestiaire à dire les quatre vérités aux joueurs offensifs. On était sept à défendre, c'était compliqué. On a dit les choses, et celui qui était critiqué, il a eu l'intelligence de l'intégrer et de le corriger. Sans ça, on n'est pas champion" se souvient-il. Pour l'anecdote, afin que la réunion porte ses fruits et que tout le monde vide son sac, Gabriel Heinze avait eu une idée : l'Argentin était allé demander à Souleymane Diawara et Mamadou Niang de s'engueuler devant tout le monde. Si le reste du vestiaire voit les deux compères hausser le ton, il y avait de grandes chances que cela décomplexe tout le monde. Ce qu'il s'est exactement passé. Abriel s'en souvient mais glisse tout de même : "En fait, "Mamade" il était ciblé aussi, donc on allait arriver sur ses côtes de toute façon ! Après Souley, Mamade, Gaby Heinze, Benoît Cheyrou, moi, on était proches, on sentait le truc. On a arrêté de parler du titre, on s'est mis au travail et c'est venu". 

"J'ai bien vu qu'on avait changé de projet"

Reste qu'après ce titre, Abriel a disparu du radar Didier Deschamps. Pour le trophée des champions contre le PSG à Tunis en 2010, il reste toute la rencontre sur le banc alors que le jeune Guy Gnabouyou rentre en jeu. Pour sa deuxième saison à l'OM, il jouera peu. Quatre titularisations en Ligue 1, une seule en Ligue des champions, lorsque l'OM était déjà qualifié, les premiers tours de coupe... Dix ans après les faits, celui qui passe actuellement ses diplômes d'entraîneur avoue qu'il savait très bien à quoi s'attendre : "Je l'avais senti dès la première saison. Je faisais des gros matchs et je me retrouvais à pas jouer derrière. Ce n'est pas contre Lucho, mais il arrivait de blessure, sans temps de jeu, et titulaire de suite. Pour le coach, il y avait aussi cette idée de lui donner du temps de jeu pour qu'il soit performant le plus rapidement possible, je comprends. Mais je voyais que j'avais beau jouer, bien jouer, être meilleur passeur un temps de l'équipe, les gros matchs, ce n'était pas pour moi. Après, comme on a beaucoup accentué sur les choix de Deschamps, que c'est grâce à lui qu'on avait gagné, ça l'a renforcé, avec Lucho en tête de gondole, donc je dois disparaître un peu plus, c'est comme ça. La deuxième saison, Gignac, Loïc Rémy et André Ayew arrivent, c'est un autre visage offensif, et je vois bien qu'on a changé de projet. Moi, quand on finit premier, je me dis : "qui va être plus fort que nous, qui on va aller chercher à l'extérieur ?" C'est l'idée que je me faisais du football. Donc je suis parti au bout de la deuxième saison, mais sans regret, avec des titres en ayant tout donné sur le terrain".