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OM : "Onana devra être un soldat comme il l'était à Lens !"
Autour de l'OMPublié le 09/01 à 01:00

OM : "Onana devra être un soldat comme il l'était à Lens !"

Ancien adjoint de Christophe Galtier à Lille, Jorge Maciel, qui entraînait Valenciennes sur cette première partie de saison, se souvient très bien de Jean Onana, qu’il avait même croisé auparavant au Portugal. Interview.

Romain Canuti : Comment ça se passe pour toi un mois après la fin de ton aventure à Valenciennes? Tu es retourné au Portugal, tu es en France?

Jorge Maciel : Oui, je suis un peu entre les deux pour le moment. Je suis resté quelques semaines au Portugal avec la famille pour me reposer un peu. C'est le bon moment de me poser un peu. Je sortais de 4 ans très intenses, j'étais en France et c'était bien. Et voilà, maintenant j'attends encore, je prends le temps aussi pour penser à ce que je veux faire après. Mais ça se passe bien. Parfois il faut s'arrêter un peu aussi.

RC: Tu as eu Jean Onana à Lille pendant quelques mois. Au départ, il est recruté au Portugal par Luis Campos, c’est ça ?

J.M : Oui, c’est ça, et c'est curieux parce que quand j'arrive, il arrive presque au même moment que moi, Jean Onana. On a même joué l’un contre l'autre au Portugal, lorsqu’il était dans l’équipe U23 de Lexoes. Il avait déjà fait quelques matchs avec l'équipe première, mais sa base à l'époque c'était l'équipe U23. Et après moi, je rejoins Lille en novembre, je pense que c'est en décembre ou en janvier qu'il arrive. Après, quand il arrive, à la base, c’est un joueur qui faisait partie d'un projet de progression. Il n’était pas prévu pour jouer avec le groupe pro directement, au début, il était prévu pour être dans l'équipe réserve. Mais finalement, grâce à son niveau, son engagement et aussi grâce à certains concours de circonstances, il a vite basculé dans l'équipe principale. Il a commencé à s'entraîner régulièrement avec l'équipe principale parce qu'on avait aussi beaucoup de matchs, donc on utilisait beaucoup de joueurs de l’équipe réserve pour avoir un groupe un peu plus grand. Voilà, c'est comme ça qu’on a commencé à découvrir Jean Onana avec les pros, avec ses caractéristiques qui restent les mêmes, beaucoup d'impact, très intense, toujours concentré, engagé au maximum. C'est comme ça qu'il s'est présenté, et c'est aussi ça qui m’a marqué parce qu'il était un jeune adulte qui affichait un niveau de maturité élevé, déjà prêt pour s'entraîner avec les professionnels.

 

RC : Et donc ensuite il finit sur l'année un peu Covid, c'est ça? Et après il est prêté en Belgique?

J.M : Oui, d’ailleurs c’est assez cocasse parce que là on parle de sa signature à l’OM et son premier match en France c'est contre Marseille. On avait beaucoup réfléchi à l'époque sur son cas parce qu'il avait joué comme titulaire contre l’OM, il avait fait un bon match. Il avait joué dans le rôle de milieu de terrain parce qu'on n'avait pas Bouba, on n'avait pas Renato, il y avait quelques absents et des suspendus. Donc la solution qu’on avait c’était de lancer Jean Onana. Je me rappelle, à l'époque j'ai même des messages de lui qui disaient « Jorge faut que tu m'aides dans ce rôle » et moi à l'époque je lui disais de ne pas s’inquiéter. Il y avait des choses en lui qui nous permettaient de croire que c’était un bon joueur, mais notre rôle c’était de le diriger au mieux pour qu’il puisse faire de son mieux. Et je me rappelle qu'à l'époque, dans le bureau, on part du principe que c'est lui qui va jouer, et on a beaucoup réfléchi à son rôle, comment faire pour que les choses soient le plus simples possible pour lui, et qu’il n’ait pas trop de choses à gérer sur le terrain. À l’époque, on jouait contre l’OM de Villas Boas qui jouait en 4-3-3 mais en phase defensive en 3-5-1. Et à l'époque on se dit, mais Jean (Onana), pour son premier match en Ligue 1, si on le met dans l'axe, ça va être dur pour lui. Parce que c'est un rythme différent, il va avoir trop de pression. Alors on se dit qu'on va faire la construction avec lui, comme ça il jouera face au jeu. Comme on savait qu’il avait aussi joué comme défenseur central parfois au Portugal. On s’est dit on va le mettre dans la construction à trois. C'est lui qui va venir entre les deux centraux pour faire la construction à trois. Comme ça il sera face au jeu et ce sera plus simple pour lui. Après défensivement, c'est des petits réglages qu’il faut ajuster de par sa position. Et on s’est dit ça va parce qu'il a l'impact, il est engagé. Et donc c'est ça qu'on a fait. On l’a mis sur le terrain, on a fait un bon match. On a fait 60-70 minutes de haut niveau mais on a perdu le match. Mais pour son premier match, il était très très correct pour un joueur qui découvrait la Ligue 1. C'était la bonne option de se dire, il a quelque chose, s'il continue, s'il enchaîne, dans le futur, ça devrait être un joueur important et déjà très adapté à la Ligue 1 parce que je pense que c'était un profil adapté à la Ligue 1.

 

R.C : Il part en prêt en Belgique, tu avais suivi un peu son entrée là-bas?

J.M : C'était le meilleur joueur du club, même si le club était dans une saison difficile parce qu'ils ont été relégués à la fin, mais lui c'était un joueur qui apportait quelques points dans l’optique de se maintenir dans la première ligue belge. Il a joué très souvent comme milieu de terrain. Il a fait aussi défenseur central. Il a toujours mis beaucoup d’impact et ça lui a permis d’aller jouer à Bordeaux où il a même mis des buts. Je me souviens qu’il a même marqué sur des frappes de loin. C’est un joueur, que ce soit en France ou en Belgique, qui a eu de l’importance dans les équipes où il a joué.

 

R.C : Du coup il vit deux relégations une avec Mouscron et puis une avec Bordeaux après il part à Lens, il fait une saison où il n’est pas titulaire où il a joué au bon soldat et dès qu'on avait besoin de lui il est sorti du banc. Est-ce que justement tu penses qu'à terme ça peut être un joueur, qui peut devenir titulaire ?

J.M : Onana est un joueur qui sait que le travail paye. Il sait que ce n’est pas le meilleur joueur du monde mais il sait qu’il peut progresser, qu’il a des qualités que d’autres n’ont pas. C’est jour après jour qu’il va montrer son niveau et qu’il va montrer à l’entraîneur qu’il est là, qu’on peut compter sur lui que ce soit en tant que titulaire ou pas. Onana devra jouer ce rôle de soldat comme il l’était à Lens ! S’il joue ce rôle là il sera important pour le club. Parce qu'il va avoir un club avec beaucoup d'énergie, qui va accompagner son énergie. Donc ça va apporter la passion qu'il a dans les jambes et dans sa façon de jouer. Je pense que vraiment, si je peux conseiller Onana, c'est qu'il travaille vraiment à son niveau et qu'il fasse un peu comme à Lens, parce que ce n'est pas facile d'être titulaire dans un club comme l’OM. Même s'il était en Turquie où la passion est très chaude, c'est toujours un contexte très passionné. Marseille c'est passionné mais c'est aussi un grand club. Donc il aura la pression plus que jamais de gagner, pour la victoire, pour gagner des titres. Parce que c'est la culture de Marseille. Et donc là, il faut qu'il comprenne qu'il est dans un club de dimension vraiment grande et que son rôle doit être de toujours être disponible pour être un soldat comme il était à Lens. Donc s'il faut jouer 5 minutes, il joue 5 minutes, s'il faut jouer 30 minutes, il joue 30 minutes à fond, et s'il faut jouer 90 minutes, il joue à fond les 90 minutes. Ça, dans un profil comme lui, je pense que c'est son vrai talent, c'est être un soldat.

R.C : Tu disais que Marseille il y’a beaucoup de ferveur. On se souvient tous de ce Lille-OM avec Villas Boas, où l’OM l’emporte et tout le stade ou presque était pour l’OM. Vous aviez échangé justement avec lui autour de cette rencontre à propos de la ferveur qui régnait au stade en faveur de l’OM ?

J.M : Oui c’est une question de gestion. Déjà quand on passe du Portugal en U23 au monde professionnel c’est déjà beaucoup, si tu as 200 personnes au stade, c'est déjà beaucoup. Quand tu passes à Lille, dans un stade avec les toits fermés, avec les clameurs, la télé aussi, les lumières, tout ça, ça change complètement. Contre l’OM c'était Un match la nuit, c'était un moment où on montait en puissance et on a commencé à être un peu plus serré. On a fini 4e au final. À l'époque Marseille était 2ème et termine 2ème,avec 7 points de d’avance à la fin. On était vraiment monté en puissance avant ce match. Donc l'adaptation, c'était trouver l'équilibre, de dire ça va changer, ça va être un contexte différent, mais c'est pour ça que tu travailles depuis longtemps pour arriver à ces niveaux-là. Donc il ne faut pas que le contexte te dérange. Et en même temps, dans la communication, il faut qu'on lui parle de ça sans lui faire oublier son impact. Donc il faut être très sensible parce qu'il y’a des joueurs plus sensibles que d’autres, et surtout au début, tu ne connais pas très bien les joueurs. Il venait d'arriver au club, c'était son premier match. Et donc c'était ça, ce n'était pas de trop lui parler du contexte et de l'environnement du match il ne fallait pas lui dire "attention ça va changer complètement, maintenant tu vas jouer avec un stade plein, Marseille joue toujours à la maison, que ce soit à l’extérieur, que ce soit au Vélodrome." Non, c'était juste de lui dire, si tu es là c'est parce que tu as la mentalité pour le faire, c'est un peu différent, le contexte il est plus exigeant, il est plus passionné, mais le côté passionner te correspond, c’est le meilleur pour toi parce que t'es un mec qui a de l'énergie.