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Amavi : qu'est-ce qui coince chez lui ?
Autour de l'OMPublié le 20/11 à 07:00

Amavi : qu'est-ce qui coince chez lui ?

Pour les deux matches face aux Pays-Bas et à l'Uruguay, Didier Deschamps a dû faire face aux forfaits de Lucas Hernandez et Benjamin Mendy. Sans ses deux pensionnaires habituels du couloir gauche, le sélectionneur aurait pu faire appel à Jordan Amavi, lui qui était convoqué à Clairefontaine il y a à peine un an et qui pouvait légitimement viser le Mondial en Russie. Sauf que le nom du latéral gauche olympien n'est plus cité depuis un bon moment, et que cela n'étonne personne. C'est finalement l'épatant Ferland Mendy qui a été appelé, ce qui n'a rien d'étonnant non plus. Pendant ce temps, Jordan Amavi continue de ramer, à la recherche du niveau qui avait fait de lui l'un des gros coups du mercato olympien à l'été 2017.

Un blocage psychologique qui dure

La chute remonte au mois de janvier, avec une blessure à la cuisse gauche assez anodine, mais qui sonne comme un coup d'arrêt prolongé pour l'ancien niçois. C'est en tout cas ce qu'il explique en juillet dernier dans les colonnes de L'Equipe pour commenter sa baisse de régime: "J’ai eu des blessures (cuisse, entorses) qui m’ont freiné dans mon élan, et moi, j’ai besoin d’enchaîner les matches, il ne faut pas que je coupe trop longtemps. J’ai eu du mal ensuite à revenir à mon meilleur niveau". Une explication un peu courte, quand on sait que la mauvaise passe dure depuis bientôt un an et que cette lésion musculaire a été rapidement dissipée. Selon le joueur, dans le même entretien, il faut plutôt y voir un blocage psychologique : "Une fois que j’ai réglé tous mes pépins physiques, je me sentais bien. Inconsciemment, j’avais peut-être une frustration de ne pas être capable de reproduire ce que je faisais avant. Ça n’a pas fonctionné. J’avais dit que je méritais un zéro pointé, et c’est vrai". Une deuxième partie de saison dernière ratée, et un début de saison actuelle sur les mêmes bases : très loin de ce que l'on attend de lui.

"Il ose moins, il a peur de rater"

Alors, que se passe-t-il avec Jordan Amavi ? Après avoir longtemps bénéficié de la patience de Rudi Garcia, et surtout de l'absence de concurrence, le Toulonnais a fini par user tous ses jokers et par perdre sa place. Devant l'évidence, Garcia le met désormais sur le banc, profitant du passage au 3-5-2 pour utiliser Lucas Ocampos en piston côté gauche. De son côté, Amavi constate les dégâts, impuissant, et toujours avec la même franchise. On se souvient notamment de ses propos lapidaires au sortir de la défaite à Montpellier (3-0) en passant devant la presse : "M'arrêter pour vous dire quoi ? Que j'ai été mauvais ? Vous le savez déjà !". Des propos assez désarmants, et surtout le signe d'un joueur entraîné dans une spirale négative dont il ne parvient pas à se sortir. Un spleen qui étonne son ancien formateur à l'OGC Nice Manu Pires, aujourd'hui directeur de la formation à Monaco : "Jordan est typiquement le joueur qui est arrivé à ce niveau grâce à son mental, car il ne lâchait jamais. Là, incontestablement, il subit un contrecoup psychologique. Il a tellement donné durant des années qu'il accuse peut-être le coup, et le fait de se retrouver sur le banc pourrait le faire repartir sur un autre cycle. Tous les footballeurs connaissent un trou, et il est dedans. Techniquement, ça va revenir, et physiquement aussi, car il est jeune et très équilibré sur le plan athlétique. Là, il est dans le doute, les gestes sont moins assurés, il ose moins car il a peur de rater. Mais, il suffit d'un bon match pour remettre la machine en marche, je ne me fais aucun souci pour lui".

À 24 ans, Jordan Amavi a évidemment les moyens de rebondir, peut-être en se faisant aider pour vaincre ce blocage psychologique. En attendant, le temps ne joue plus pour lui, car les dirigeants olympiens sont fermement décidés à dénicher un latéral gauche cet hiver. Une concurrence enfin matérialisée qui agira peut-être comme un déclic chez lui, ou pas...