Savoir savourer

D'accord, ce n'était que Toulouse en face. OK, il y a deux buts dans le temps additionnel, et ce n'est pas parce que l'OM a des chances d'être leader à la fin de cette première journée, il ne faut pas partir dans l'excès inverse de ce qui avait été observé après Bounemouth. Le club phocéen n'était pas en crise après la défaite lors du dernier match de préparation, fut-elle spectaculaire. Pourquoi une semaine après partir dans l'autre versant ? C'est vrai qu'il faut pondérer. Et ne pas perdre de vue le mercato. Ce n'est pas parce que l'OM a gagné qu'il faut croire qu'il n'y a finalement pas besoin de recruter, que ce soit devant, au milieu, ou pour doubler le poste de latéral gauche. Là encore, tout juste. Mais il est aussi possible de mettre de côté un temps les perspectives et de savourer, en regardant paisiblement sur son canapé comment les autres formations de Ligue 1 débutent leur championnat... 

Car l'OM a gagné 4-0 et a gagné sur toute la ligne. En football, la confrontation des idées est permanente. Mais il y a toujours un résultat pour mettre fin aux débats. Si gagner 4-0 contre le dernier 18e de Ligue 1 ne fermera pas certaines bouches définitivement, cela devrait quand même permettre une certaine remise en perspective. Rudi Garcia par exemple est souvent décrié pour sa fâcheuse tendance à se plaindre du corps arbitral. Mais en mettant la pression sur les arbitres de la rencontre dès la conférence de presse d'avant-match, il a montré qu'il savait que le diable était dans le détail et qu'il ne laissait rien au hasard. Cela aurait été fait par Didier Deschamps, on aurait crié au génie de l'homme qui connaît la victoire comme personne... Si effectivement Toulouse, ce n'était pas fameux, le stade était plein et tout le monde est reparti ravi du spectacle produit par une équipe offensive. Si cela devient une habitude, ce n'est peut-être pas le fruit du hasard ou une performance hors-norme d'un joueur.

Il ne faut pas oublier qu'avant ce match, nombreux étaient ceux qui se demandaient comment l'entraîneur de l'OM allait pouvoir faire un onze avec les absences de Mandanda, Rami, Thauvin, Caleta-Car pour cause de finale de Mondial, la blessure d'Ocampos et le transfert express de Zambo Anguissa. Finalement, Garcia a choisi de rester dans son 4-2-3-1, de valider un retour de Lucas Ocampos 90 minutes contre toute attente, et un schéma sans véritable récupérateur. Tout juste, même avec le coaching de Bouna Sarr et Florian Thauvin qui rentrent et qui se montrent décisifs.  

Après cette rencontre, Jordan Amavi a laissé derrière lui des matchs de préparation inquiétants pour redevenir monstrueux dans son couloir gauche, Boubacar Kamara est un véritable crack derrière, et l'OM n'a pas eu une telle pépite au même âge depuis Samir Nasri, Morgan Sanson a tout pour exploser cette année avec des passes dé caviar, Valère Germain redevient ce joueur dont on se dit que ses buts feraient le tour du monde avec un nom argentin et des tatouages plus tape-à-l'oeil et enfin Dimitri Payet régale dans son jardin. En son temps, Alex Ferguson avait dit "donnez moi dix bouts de bois et Zidane et je vous gagne la Ligue des champions". Ce n'est pas au même niveau, mais le sentiment est un peu similaire avec le numéro 10 phocéen tant il régale et tant toute l'équipe s'organise quand il prend la baguette en main. Ce n'est pas donné à tous les supporters d'aller au stade et d'en voir autant en un match. Alors peut-être bien que demain, dimanche soir ou en mai, l'OM ne sera plus à cette première place. Mais en attendant, on a le droit de savourer, de se dire que pour l'instant, on est les plus forts et qu'on se régale.