OM Actualités Foot de l’Olympique de Marseille
Bielsa, révolution culturelle à l'OM
SaisonPublié le 22/04 à 07:00

Bielsa, révolution culturelle à l'OM

Deux semaines de suspense intense pour un dénouement heureux et imminent. Marcelo Bielsa valait bien ça. Marseille aussi. Place au jeu !

Avant même d'avoir foulé les pelouses de la Commanderie, "El Loco" fascine déjà les amoureux du foot Sud-Am', nombreux ici depuis les années Maradona et sa "béatification" par Manu Chao. Mais en fait, il fascine partout où il est passé, en dépit d'un palmarès finalement bien loin des cracks de la planète foot que sont les Mourinho, Guardiola ou Ancelotti. Pourquoi ?

Le dernier "sorcier"

Parce que Marcelo Bielsa fait partie de la catégorie des "sorciers", des vieux sages écoutés, copiés et respectés comme ont pu l'être en France Suaudeau ou Arribas, détenteurs d'un discours et d'une "patte". Il s'inscrit dans les traces des légendes de l'Albiceleste, que sont Luis Cesar Menotti ou Carlos Bilardo, ses glorieux prédécesseurs. Et inutile de dire que les hommages rendus récemment par un Guardiola ou un Simeone en font désormais un gourou du jeu. Mais quel jeu ? Un système basé sur un rythme soutenu, voire poussé à l'extrême, pendant 90 minutes, dans toutes les zones du terrain, et toujours dans le sens du but. On doit y ajouter une obsession pour le jeu à une ou deux touches de balle pour augmenter la pression mise sur l'adversaire.

Débauche totale d'énergie

Dit comme ça, le menu s'annonce très séduisant en terme de spectacle et explique certainement l'admiration que lui vouent ses confrères. Mais attention, il peut aussi s'avérer difficilement digeste pour ses joueurs, en tout cas sur le long terme. Car cette pression constante sur l'adversaire, dans toutes les parties du terrain, cache aussi un terme que l'on n'ose plus prononcer dans le football moderne : le marquage individuel. Et pas que pour ses défenseurs. C'est ce que nous expliquait récemment l'un de ses adversaires en Liga, l'ex-adjoint de Montanier à la Real Sociedad, Michel Troin : "Compte tenu de l'évolution du football aujourd'hui et des mentalités, ça ne va pas être évident. Comme le marquage individuel par exemple. C'est un jeu qu'on ne peut pas pratiquer sur toute une année, c'est trop usant. Ils courent partout, ils font tout à fond. Ils ne calment jamais le jeu. Ça peut être très plaisant à voir, mais attention à ça, surtout en France !" Et nombreux sont les témoignages de joueurs "rincés" par l'exigence de Bielsa. Attention donc à la surchauffe. Mais l'excitation et la ferveur du Vél' devraient aider à faire passer la pilule, on en veut pour preuve la saison mémorable réalisée avec Bilbao dans la fournaise de la "cathédrale" de San Mamés, avec pour point d'orgue, l'élimination de Man U en Europa League (Bilbao ne tombera qu'en finale face à l'Atlético Madrid).

4-3-3 déformable

En terme d'organisation, même si l'on fantasme beaucoup sur des 3-6-1, 4-1-4-1 ou autre schémas farfelus, ceux qui l'ont joué ces dernières saisons en Liga confirment que la toile de l'Argentin est un 4-3-3, qui, c'est vrai, se déforme en 3-4-3 en phase offensive, avec une grande importance du numéro six, qui revient systématiquement combler en défense centrale. C'était Iturraspe qui s'y collait en général à Bilbao, et il nous tarde de savoir qui sera cet homme de base à l'OM. La grande différence, c'est ce pressing constant exercé par ses dix joueurs de champ, alors qu'il est généralement déclenché sur les côtés chez les autres techniciens. Autre différence, ses deux latéraux peuvent monter d'un cran ensemble, des montées compensées (encore) par un travail très précis des milieux. Enfin, à la manière d'un Suaudeau à Nantes, l'Argentin exige en permanence trois solutions de passe pour le porteur du ballon. Presser et courir, tout le temps. À l'entraînement, c'est donc cette mécanique diabolique que les Olympiens devront assimiler, et là aussi, il y a une méthode Bielsa : la répétition des gammes, inlassablement, jusqu'à plus soif, avec ou sans ballon. Le tout accompagné d'un travail vidéo permanent, concocté par ses précieux adjoints.

La furia du "Grand Vél'"

C'est donc un choix audacieux qu'a fait l'OM en s'offrant à une telle référence, et les joueurs auront tout intérêt à y adhérer. En tout cas, chose rare, les supporters et la presse y adhèrent déjà. Une ère nouvelle et enthousiasmante démarre. Elle pourrait constituer une alternative à la toute-puissance financière du PSG et de Monaco, nous permettant de cultiver une différence, voire une exception culturelle basée sur l'effort de l'équipe et la furia des tribunes du "Grand Vél'". La ferveur sera au rendez-vous, il ne reste plus qu'à jouer. Enfin !

> Pour mieux connaitre la personnalité atypique du probable futur coach de l'OM, Le Phocéen vous propose de retrouver le parcours de Bielsa, son palmarès et l'avis d'Antonio Salamanca sur Le Phocéen TV.