Au fait, merci Rudi !
Il y a des matins comme ça où on se lève le sourire au lèvres, où on part au boulot le pas léger, prêt à refaire dix fois le match, à rajouter deux passements de jambes imaginaires au but de Payet, à imaginer Lopez et Sarr à la coupe du monde, à affirmer avoir vu Rami s'échapper de l'hôpital pour jouer, ou à envisager un Ballon d'Or pour Luiz Gustavo. Des matins où on se sent encore plus marseillais que d'habitude, qu'on soit des quartiers Nord, de Saint-Giniez ou du fin fond de la Lozère. Cette sensation, cette vibration que l'on vivait presque toutes les semaines au début des années 90, est unique en son genre. Comme un lendemain de coup de foudre amoureux, elle nous grise et nous régénère, elle nous dope en toute légalité.
Pour ces moments uniques, on remercie l'OM de jouer son rôle de distributeur de bonheur. On félicite les joueurs pour avoir su se mettre au diapason des 60 000 fous furieux venus s'entasser en semaine pour une compétition sous-estimée, face à une équipe encore inconnue il y a un an. On encourage la nouvelle équipe dirigeante dans cette voie qu'elle a commencé à tracer il y a un an et demi et qu'elle semble poursuivre avec cohérence. Mais, s'il y en a un qu'il faut fêter aujourd'hui, c'est l'architecte de ce sympathique édifice qui prend forme. Celui sans qui nous n'en serions probablement pas là aujourd'hui : Rudi Garcia.
Déjà - et c'est complètement subjectif - parce qu'il a la classe. Bien sûr, ça ne fait pas un grand entraîneur, mais quand on ajoute le style à la compétence, on ne peut pas être loin du succès. Le succès, "Roudi" le cultive depuis ses premiers pas sifflet à la bouche. Du Mans à l'OM, de Lille à la Roma, il a atteint ses objectifs et les a même allègrement dépassés à plusieurs reprises. Il a fait du Mans une pépinière de futures cracks et des Dogues des champions de France. Il a battu des records de victoires en Serie A et remis l'OM sur les rails. D'ailleurs, hier vendredi, son confrère Hervé Renard félicitait son pote Rudi pour son "superbe match" et pour avoir ramené l'OM "au sommet du football européen". Le coach du Maroc a raison, car Garcia façonne l'OM à son image : moderne, joueuse et performante. Bien sûr, l'OM n'est que quatrième de Ligue 1, n'a pas encore battu Salzbourg et n'est pas encore qualifié pour la Champions League la saison prochaine. Mais observer la progression linéaire de cette équipe est un plaisir au quotidien. Parce que Garcia sait faire ça, faire d'un Lopez le diable qu'il a été face aux Allemands, sortir un Kamara au bon endroit et au bon moment. Il a inventé un Bouna Sarr de PlayStation au poste de latéral et fait de Sakai le nouveau héros du Vel'. On ne parle même pas de la résurrection de Rolando, de celle en cours de Mitroglou ou du miracle Ocampos.
Bref, n'hésitons pas à en faire un peu trop aujourd'hui, car en bons Marseillais que nous sommes, nous n'hésiterons pas à l'enterrer demain si l'intérêt supérieur de l'OM l'impose. Alors, pour tout ce que l'on vit depuis le début de la saison, et pour tout ce que l'on va vivre dans les prochaines semaines : merci Rudi !