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Quelles conséquences aura le coup de gueule de Villas-Boas ?
SaisonPublié le 16/01 à 01:00

Quelles conséquences aura le coup de gueule de Villas-Boas ?

Quelles conséquences le coup de gueule d'André Villas-Boas en conférence de presse peut-il avoir à l'OM ?

Jacques-Henri Eyraud n'était pas sur Marseille ce mercredi. Mais il n'aura pas attendu son retour dans la soirée sur la cité phocéenne pour prendre connaissance des déclarations chocs d'André Villas-Boas sur son avenir, que vous pouvez retrouver en vidéo. Alors que tout allait bien pour l'OM, que le club venait de creuser l'écart avec son plus proche poursuivant, Rennes, dans la course à une qualification directe en Ligue des champions, une nouvelle polémique éclate, comme seul l'OM semble être capable de les créer. André Villas-Boas a su développer un discours franc et direct, une attitude qui a plu à la presse mais surtout aux supporters phocéens au fil des conférences. Ce 15 janvier, il est resté fidèle à sa ligne de conduite, révélant par exemple que son président était venu dans son bureau pour lui expliquer qu'il allait peut-être falloir vendre des joueurs, qu'il n'avait pas été mis au courant de la nomination de Paul Aldridge dans l'organigramme du club. Il a cette fois rajouté l'humeur à ses propos avec un ton menaçant. Si sa sortie était soudaine, impossible de ne pas y voir des effets de manche préparés à l'avance, comme le fait de mentionner à plusieurs reprises qu'il était venu à l'OM pour Andoni Zubizarreta et pour ce que représentait le club. Villas-Boas est trop intelligent pour se laisser submerger par ses émotions face à des journalistes qui n'en demandaient pas tant, il connaît trop le football pour ignorer quelles conséquences son coup de gueule peut avoir. 

Il y aura un avant et un après

Après de telles déclarations, le quotidien de l'OM va être lourd. Tout le monde va guetter la réaction de Jacques Henri-Eyraud, d'Andoni Zubizarreta, voire de Frank McCourt. Les anciens vont tous être sollicités pour savoir si, en pareilles circonstances, ils auraient congédié leur entraîneur sans ménagement ou pas. A chaque fois qu'un Olympien va marquer, on va guetter, surinterpréter sa célébration avec le banc de touche, sans bien évidemment manquer de demander en zone mixte, dès vendredi soir à Caen après Granville-OM, s'ils ont peur de voir leur coach partir, peu importe le résultat du match. Tout d'un coup, le sportif paraît secondaire alors que normalement... Il va aussi avoir les débats sans fin sur les réseaux sociaux, des consultants depuis Paris qui, c'est sûr, ont des infos et connaissent l'avenir des uns et des autres au 30 juin, les hashtags #NoSeVa et peut-être même des tifos.

Eyraud entre le marteau et l'enclume

Quand un entraîneur de l'OM charge publiquement son président, généralement, cela finit mal. Cela a été le cas de deux prédécesseurs de Villas-Boas, Eric Gerets qui n'avait pas aimé une interview de Robert Louis-Dreyfus dans le 10 Sport, et Marcelo Bielsa qui avait fait une mise au point à la sulfateuse sur le mercato mené par Vincent Labrune, également en conférence de presse. Gerets, Bielsa et Villas-Boas, peut-être les trois entraîneurs de l'OM les plus populaires au XXe siècle au moment de leur mandat. Ce qui est tout sauf un hasard. Car il faut une certaine cote pour pouvoir laver son linge sale en public, au risque de faire passer ses intérêts personnels avant ceux du club. Plus contesté, Didier Deschamps avait été discret, rencontrant directement son actionnaire, ce qui avait tout autant fragilisé Jean-Claude Dassier. Aujourd'hui, Jacques-Henri Eyraud est de nouveau en première ligne. Il est tenu pour responsable de cette situation par la vox populi. La lecture des évènements ne lui offre que peu de perspectives. Si l'OM n'est pas sur le podium ? C'est de sa faute avec la nomination d'Aldridge dans le dos de Villas-Boas, ce qui l'a poussé à bout alors que l'OM avait 9 points d'avance après 20 journées. Si Villas-Boas quitte le club en fin de saison ? C'est de sa faute avec sa politique de vente à tout prix pour rentrer dans les clous du fair-play financier. Et s'il décide de donner raison à son entraîneur ? Il lui faudra rendre des comptes auprès de l'actionnaire Frank McCourt, et l'issue risque d'être la même... entre le marteau et l'enclume.

Et si la stratégie de Villas-Boas était à deux bandes ?

Mais cette situation n'est peut-être pas une déclaration de guerre, avec d'un côté le clan McCourt-Eyraud, de l'autre le tandem Zubizarreta-Villas-Boas. Car l'intérêt d'AVB reste quoi qu'il arrive de mener l'OM sur le podium, aussi indépendant soit-il dans ses choix de carrière comme il a pris le temps de le rappeler. S'il aime la confiance de ses supérieurs, la "frontalité" pour reprendre son expression et que c'est ce qui le guide dans ses choix, il a également besoin de réussir ses objectifs. Sinon, il aurait l'aura de Pascal Dupraz. Dès lors, il n'a pas besoin de se rajouter un peu de tension pour le panache. S'il prend ce risque, c'est qu'il sait très bien quelle conséquence directe cela a : au moins, cette fois-ci c'est clair, la direction phocéenne ne va pas se risquer à vendre quelqu'un lors de ce mercato. L'an dernier, alors que Luiz Gustavo avait reçu un pont d'Or en provenance de la Chine, le club n'avait pas voulu le laisser partir, redoutant la réaction des supporters. Désormais, impossible de laisser partir un membre de l'effectif, même Kevin Strootman, car cela se traduirait par un acte de défiance envers AVB. Avec ses déclarations, Villas-Boas sauve peut-être la mise de son président, qui aura une justification toute trouvée auprès de son employeur si la masse salariale reste identique jusqu'à la fin de la saison. Forcément, dans les jours à venir, tout va être fait pour que la situation soit désamorcée, le plus possible. Jacques-Henri Eyraud, qui avait apprécié l'aide de Julien Fournier la saison dernière dans le dossier Mario Balotelli, va peut-être être tenté d'appeler le dirigeant niçois et de lui demander comment se réconcilier avec son entraîneur, ce qui s'est manifestement passé à Nice avec Patrick Vieira. A l'OM, ce serait une première...