Pourquoi l'OM ne doit pas prendre Rennes à la légère

Au moment de clôturer sa passe d'armes avec André Villas-Boas, Jacques-Henri Eyraud a défendu son bilan à la tête du club au micro d'RMC : "J'ai peut-être sous-estimé ce temps nécessaire à la reconstruction pour être plus compétitif. Aujourd'hui, on y est, le classement le montre". Ce constat, on peut le trouver un brin opportuniste. C'est vrai, au jour d'aujourd'hui, l'OM est second du classement de Ligue 1. Mais est-ce pour autant la deuxième force de l'Hexagone derrière l'indétrônable PSG ? Ne bénéficie-t-on pas de certaines circonstances favorables, comme l'effondrement de Lyon qui s'est planté avec Sylvinho et qui derrière voit deux de ses meilleurs joueurs se faire les croisés sur un seul match, comme Monaco qui a dû prendre le temps de se débarrasser à nouveau de Jardim ou encore Lille qui a dû digérer sa première participation à la phase de poule de Ligue des champions depuis 2011 ? Oui et non. Car si l'on a tendance à penser que l'irrégularité est une marque de fabrique bien de Marseille, cela touche en fait quasiment tous les clubs de Ligue 1. L'OM est peut-être dans une bonne phase, Lille dans une moins bonne et les courbes se recroiseront peut-être. Mais rien ne dit que l'OM fasse les mêmes erreurs pour retomber dans une période de moins bien. Et surtout, pour revenir à la déclaration initiale, l'OM n'est finalement pas un dauphin du PSG par défaut. Car de la concurrence, il y en a, même si ça ne vient pas forcément des équipes annoncées en début de saison. Rennes est là, en embuscade, et fait un très beau parcours. 

Plus réguliers qu'ils en ont l'air

Quoi ? Rennes ? L'équipe chez qui on est allé s'imposer il y a quinze jours ? Parfaitement. Si cette victoire était très importante, elle est loin de les avoir enterrés. Sur les onze derniers matchs, les Bretons n'en ont perdu que deux. Contre l'OM donc et à Amiens en coupe de la Ligue. Ils ont gagné les neuf autres rencontres. A ce rythme, ils seront donc dans la roue des Phocéens jusqu'à la fin, alors qu'ils ne sont qu'à cinq unités au classement. Rennes et son statut d'éternel loser, ses deux finales de coupe de France perdues contre Guingamp alors qu'ils étaient archi-favoris, ce parcours l'an dernier en Ligue Europa qualifié de génial par tous les consultants alors qu'ils n'ont que sorti le Bétis Séville (10e de Liga) en 1/16e de finale, est rarement pris au sérieux. Même cette victoire en coupe de France au printemps dernier était plus la défaite du PSG, voire la revanche d'Hatem Ben Arfa avec sa pique à Nasser juste après la rencontre. Rennes semble toujours aussi instable, avec un Ben Arfa qui a claqué la porte, un Julien Stéphan en grand danger à l'automne, et dont les relations avec son président sont qualifiées de fraîches. Mais ce n'est qu'une impression, Rennes est toujours là, avec un noyau de joueurs faits pour la Ligue 1 qui sont peut-être dans leur meilleure phase (E.Mendy, Bourigeaud, Maouassa, Hunou, Hamari Traoré, Da Silva...) une prise de risque dans le recrutement qui porte ses fruits (Raphinha), une pépite du centre de formation (Camavinga) et un neuf (M'Baye Niang), denrée tellement rare dans le championnat de France. Alors, il ne faut surtout pas se dire que l'OM est déjà second parce que cinq points c'est pas mal, et en plus c'est sur Rennes, une équipe qui va forcément rentrer dans le rang. Rennes a tout pour être le Nice d'il y a quelques années, qui avait fini sur le podium en 2017. Tiens, d'ailleurs, ce soir, il y a un Nice-Rennes en ouverture de la journée de Ligue 1. Une rencontre que ne manquera pas d'André Villas-Boas, plutôt d'accord sur le danger que représentent les Rennais comme vous pouvez le voir en vidéo.