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Payet-Garcia : les raisons d'un règlement de compte
SaisonPublié le 09/11 à 01:00

Payet-Garcia : les raisons d'un règlement de compte

Ce vendredi en conférence de presse, Dimitri Payet a allumé son ancien entraîneur Rudi Garcia. Pas sans raisons. Et pas sans conséquences.

D'ordinaire, les joueurs passent chacun leur tour devant la presse, un peu à la manière où l'on va au goal les uns après les autres dans un foot entre amis sans spécialiste du poste. Personne n'a vraiment envie de le faire, mais il faut s'y coller. Les exemptés, ce sont ceux pour qui il est difficile d'organiser un échange vu leur compréhension du français (Sakai, Caleta-Car...), ceux qui se trouvent dans une posture délicate (Amavi ces dernières semaines) ou les jeunes (Lucas Perrin, Aké...). Autant dire qu'il reste du monde dans la rotation. Le dernier passage de Dimitri Payet pour cet exercice, c'était le 29 octobre dernier, après son match de reprise au Parc des Princes. Dix jours plus tard, le voilà donc de retour en salle de presse de la Commanderie pour faire face aux journalistes avant le choc face à Lyon. Parce qu'il faut un taulier avant une rencontre de cette importance pour ne pas enflammer inutilement les débats, façon Mandanda avant Paris ? Non, parce que Payet avait envie de mettre les points sur les i avec son ancien entraîneur Rudi Garcia. Morceaux choisis, alors que vous pouvez retrouver l'intégralité en vidéo : 

"Au vu de sa causerie il y a quelques mois sur les joueurs lyonnais, sur les supporters lyonnais, sur le président lyonnais, ça fait bizarre de le voir postuler pour ce club-là trois mois après. Je n'irai pas dans les détails, ce n'est pas le but non plus, mais on va dire que je n'aimerais pas qu'il parle de nous comme ça. Je n'oublie pas l'année de la coupe d'Europe et le parcours qui nous a amenés jusqu'en finale. Mais c'est vrai qu'après cette année-là on a eu une saison assez difficile et nos rapports se sont détériorés. Et ça je ne l'oublie pas non plus. A des moments c'était plutôt chaud, la communication ne passait plus. La différence sur laquelle c'est le plus flagrant avec Villas-Boas, c'est que aujourd'hui on a un coach qui parle avec son coeur, qui dit les choses. Qui parle français, qui n'essaie pas de faire de la langue de bois. Sur des sujets sensibles il répond quand même aux questions, c'est la différence que l'on a avec l'ancien". 

Six derniers mois compliqués entre Payet et Garcia

Le revisionnage de la séquence ne laisse guère de place au doute : Payet avait bien prévu son coup, ce qu'il confirme quelque part lorsqu'il ne veut pas aller trop loin et lâche un "ce n'est pas le but non plus". Sur le coup, forcément, tout le monde se gausse et trouve que le joueur a "envoyé les pieds" comme on dit. Sur les réseaux sociaux mais également dans la salle de presse. Y compris chez des journalistes qui couvrent l'actualité de l'OM mais sont restés en bons termes avec Rudi Garcia, lui envoyant même des messages de félicitations lors de sa nomination à Lyon... Entre Garcia et Payet, l'année 2019 aura été plus que compliquée. Les chiffres ne mentent pas, le joueur n'aura pas fait un match entier jusqu'au départ de l'ancien entraîneur de Lille et Rome. Dans l'esprit du technicien, il était impossible de faire cohabiter Payet et Balotelli, deux éléments peu portés sur le travail défensif. Payet ne jouait presque que quand Balotelli n'était pas sur le terrain, ce qu'il a eu beaucoup de mal à accepter, comme le cadeau empoisonné, quelques mois plus tôt, lorsqu'il démarra en pointe contre le PSG à domicile. Un proche de Rudi Garcia jure qu'un épisode n'avait pas été digéré, lorsque le joueur en décembre avait raté un penalty en coupe de la Ligue contre Strasbourg et en avait presque souri...

A double trachant pour Payet

Alors c'est vrai, tout le monde attendait cette phrase qui allait lancer le match, et Payet a fait mouche. Mais en agissant de la sorte, il a ouvert une porte. Déjà pour l'ensemble de la communication de l'Olympique de Marseille, qui revient à l'envie sur la finale de l'Europa League atteinte en 2018. Désormais, un propre membre de l'équipe la met en balance lorsqu'on lui demande de faire un bilan global avec la gestion catastrophique qui a suivi. Il ne va donc plus être possible de se cacher derrière l'ombre de cette coupe, car ce n'est pas comme si en plus le trophée trônait en bonne place sur le parcours de l'OM Tour. Mais le fait que ce soit Dimitri Payet, l'homme qui a par moments été chouchouté, voire protégé, par Rudi Garcia, qui se lance dans un règlement de compte lui met encore plus de pression pour la rencontre de dimanche. Plus que jamais, en cas de victoire, Garcia jurera que son faible bilan face aux gros à l'OM s'explique par l'incapacité de certains éléments à gérer la pression dans les grands rendez-vous. Et les regards suivront tout seuls. Par contre, en cas de victoire et surtout de gros match, Payet aura les honneurs de la foule, pour avoir ajouté du panache et inscrit cette rencontre dans un contexte que l'on n'oubliera pas de sitôt. Il est dans la position du joueur qui a pris le ballon dans ses mains alors que l'arbitre a désigné le point de penalty. Dans l'équipe, il y en a plus d'un qui aurait aimé être à sa place. Mais c'est lui qui a le ballon. Maintenant par contre il faut le mettre...