Lopez, passage à l'ombre

D'ordinaire, savoir qui est 19e homme, cela n'intéresse pas grand monde, si ce n'est les acharnés de la rédaction au Phocéen. Le 19e, c'est celui qui part s'installer en tribunes au dernier moment, car l'entraîneur emmène toujours un joueur en plus en cas de pépin lors d'un déplacement, d'une mise au vert. Mais si tout le monde est apte, il faut bien en choisir un car il n'y a que 18 noms de joueurs à rentrer sur la feuille de match. Dimanche, à Amiens, pour la première fois de la saison, c'est Maxime Lopez qui a pris place en tribunes. Et forcément, cela a plus interpellé que lorsqu'il s'agit de Kamara, Bouna Sarr, Doria ou Zambo Anguissa. Parce que Maxime Lopez avait même porté le brassard lors d'un match de pré-saison. Et parce qu'il semblait jusque-là être un "protégé" de Rudi Garcia. "Il faudrait savoir : lorsqu'il est titulaire, Garcia s'entête avec Maxime Lopez, mais quand il ne l'est plus, c'est brutal" s'agace un des proches du technicien. Forcément, le cas de l'enfant du Pays n'allait pas laisser indifférent. 

Maxime Lopez est donc le grand perdant de la réorganisation en 4-2-3-1. Alors qu'il était depuis de longs mois installé dans le coeur du jeu avec Morgan Sanson en tant que relayeur, il est désormais loin dans les hiérarchies. Pas récupérateur, pas fait pour jouer sur un côté, il ne peut postuler dans ce schéma qu'à un poste de numéro 10, derrière Dimitri Payet. Et encore, il n'est pas fou de penser que Morgan Sanson soit la solution de remplacement préférée du Réunionnais. Ce fameux séjour en tribunes au stade de la Licorne peut d'ailleurs s'expliquer par ce déficit de polyvalence : Bouna Sarr, Valère Germain et Morgan Sanson, les trois éléments offensifs du banc, pouvaient évoluer à plusieurs positions, ce qui était expliqué sur le plateau du Talk Show comme vous pouvez le voir dans la vidéo. Mais vu que Dimitri Payet est le capitaine et le joueur le plus onéreux de l'ère McCourt, il est logiquement parti pour démarrer toutes les rencontres. De quoi envisager un tour de France des tribunes pour Maxime Lopez ? Evidemment non. La saison est longue, l'OM joue quatre compétitions, le tour du minot va forcément revenir. Au gré de la forme et des disponibilités des uns et des autres, le schéma de Rudi Garcia peut très bien à nouveau évoluer. A Maxime Lopez de mettre en avant ses qualités, notamment dans le jeu long pour alimenter Njie en profondeur ou Mitroglou dans le domaine aérien, et ainsi redevenir incontournable.

Ce n'est ni plus ni moins qu'une étape dans une carrière qui n'en est encore qu'à ses débuts. Maxime Lopez n'a que 19 ans, il ne faut pas l'oublier. Après un démarrage tonitruant avec l'OM, où Philippe Troussier l'utilisait en neuf et demi comme Djorkaeff, Samir Nasri avait mis du temps avant de s'imposer à l'OM. Lors de sa seconde saison, il était également passé par le banc de touche. Cela n'a pas pour autant été un frein à sa progression. Autant espérer donc la même trajectoire pour Maxime Lopez, avec un passage salutaire hors du onze, plutôt que de l'aligner coûte que coûte dans une animation et avec des partenaires qui l'obligent à jouer sur ses points faibles. Dans l'ombre, le petit milieu de terrain va également voir les rumeurs d'un futur au Barça s'éloigner de lui. Si cela lui a forcément fait plaisir sur le coup, même s'il ne s'est jamais endormi en pensant au Nou Camp, il doit aujourd'hui se dire qu'il aurait préféré faire sans, tant les attentes des supporters sont inconsciemment plus élevées. "Il doit progresser dans son jeu sans ballon, la position de son corps quand il le reçoit, mais aussi son positionnement lorsqu'il le demande, fait remarquer Eric Carrière, qui a commenté plus d'une fois l'OM depuis le début de saison pour Canal+. Mais il n'y a pas de quoi s'affoler. Il est largement dans les temps. Il n'a même pas 20 ans, moi j'ai commencé ma carrière à 24 alors..."