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Lettre ouverte à Rudi Garcia
SaisonPublié le 28/02 à 07:00

Lettre ouverte à Rudi Garcia

Cher Rudi,

il y a de fortes chances que tu sois actuellement dans le même état que nous, encore sous le choc après ce qu'il s'est passé au Vélodrome dimanche soir. Comme tous les entraîneurs modernes, les personnalités publiques, tu n'as pas pu t'empêcher de regarder ce qui pouvait se dire après cette défaite. Il faut dire que tes oreilles ont bien sifflé. A la lecture de tous ces commentaires et autres avis d'experts, tu dois te dire que, quoi qu'il se passe, ça sera de toute façon toujours pour ta gueule. Après le match aller, où tu étais allé chercher un point au Parc des Princes, mettant ainsi fin à une série de dix défaites contre le club francilien, tu avais reçu une bonne salve de critiques, avec une statistique montée en tête d'épingle sur une équipe de l'OM qui n'avait pas tiré une seule fois au but. Les blagues faciles type "Droit au bus" avaient fusé de toutes parts. Quatre mois plus tard, tu as donc décidé de prendre ta revanche aussi sur ce plan-là. De toute façon, tout le monde l'attendait. Cela ne t'a pas échappé, comme tu es arrivé en conférence de presse vendredi dernier, tu as eu droit à des questions sur tes intentions de jeu dans ce classique. Tes fesses n'étaient même pas encore calées sur le tabouret. Mais tu sais, si les journalistes sont journalistes et les supporters sont supporters, c'est bien parce qu'ils ne peuvent pas être entraîneurs. Tu avais donc quand même de quoi montrer qui était le patron. Comme l'a dit ton président il y a quelques jours : "On est à l'écoute des supporters, mais on ne peut pas dire oui à tout". 

Cette phrase, on peut aussi donc l'appliquer à la fonction d'entraîneur. Car il ne faudrait pas non plus que tu deviennes un de ces hommes qui pensent que mourir avec ses idées est une bonne chose. Contre Paris, même s'il y avait des absents, des joueurs qui ont passé leur semaine à se gérer plus qu'à s'entraîner, tu as de nouveau proposé une équipe plutôt offensive, dans sa configuration habituelle, si l'on met de côté quelques ajustements tactiques. C'était déjà un peu ce que tu faisais à la Roma. Tu étais alors capable de battre le record de points en Série A en engrangeant les victoires sur les pelouses de Palerme, Bergame et Vérone avec ton fameux 4-3-3. Mais avec la même équipe, tu te prenais des valises contre Barcelone et le Bayern Munich en Ligue des champions. Il serait peut-être temps d'en tirer les conclusions qui s'imposent en s'adaptant, un tant soit peu, à l'adversaire et au contexte. 

Il faut que tu saches, Rudi, que ceux qui te critiquent aujourd'hui sont les mêmes qui ont réclamé ta venue, mois après mois, sondage après sondage, car ils étaient persuadés que tu avais le charisme nécessaire pour prendre en main cette équipe. Pour la façonner à ton image, pour arriver à attirer des joueurs au moins aussi ambitieux que toi. En ce qui nous concerne, c'est toujours le cas. L'année prochaine, tu auras peut-être des Dimitri Payet à tous les postes, et tu pourras peut-être flamber autant que Jardim cette saison. Mais pour l'instant, tu n'as pas la même équipe alors fais comme lui il y a deux ans, commence par bien faire travailler ton groupe défensivement. Tu pourras toujours faire remarquer que ce match de dimanche, c'est aussi la victoire d'un homme, Emery, qui a été critiqué pendant des mois avant d'être reconnu à sa juste valeur. Mais tu conviendras que l'équipe qu'il voulait mettre en place au mois de juillet et celle qui t'a roulé dessus dimanche ont plus d'une différence. Il a su lui aussi s'adapter à son groupe.

Alors, s'il te plaît, bouscule tes joueurs, change quelque chose. Tu en es capable, tu as ramené un nul du Parc des Princes avec Doria, Bedimo, Machach et Zambo Anguissa. Contre Monaco, montre enfin que l'on peut aussi être humble et sors nous une équipe commando, qui n'est là que pour aller chercher la qualification. Si les commentateurs TV gloussent sur la faiblesse du jeu offensif, promis, ça n'en sera que mieux. Ce sera un premier pas pour surmonter cette fessée, en se disant, finalement, pour tous, que c'était un mal pour un bien.