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Garcia vs Bielsa : le match !
SaisonPublié le 27/10 à 07:00

Garcia vs Bielsa : le match !

Le stock de blagues sur le sujet a été épuisé depuis de longues semaines déjà : Rudi Garcia, qui a connu la gloire à Lille, entraîne l'OM, alors que Marcelo Bielsa, idole à Marseille, coache désormais le LOSC. Une curiosité évoquée depuis de longs mois, puisque l'arrivée de l'Argentin dans le Nord était programmée il y a quasiment un an. L'opposition entre les deux clubs depuis ne s'arrête pas aux deux bancs de touche puisque les Dogues ont été repris par Gérard Lopez, qui était dans la course pour racheter l'OM à Margarita Louis-Dreyfus. L'homme d'affaires luxembourgeois aurait devancé McCourt auprès de la Tsarine, il serait probablement venu avec Bielsa, mais aussi Marc Ingla. Il peut également compter sur Luis Campos, qui était pressenti pour devenir directeur sportif à l'OM avant Andoni Zubizarreta. Il se dit que le Portugais, à l'inverse de l'Espagnol, ne voulait pas d'un projet où c'est l'entraîneur qui avait le dernier mot... Evidemment, aujourd'hui, Lille est 19e, les supporters s'inquiètent en voyant une équipe composée de jeunes éléments qui ne sont que de passage alors qu'"El Loco" est dans le viseur de son groupe qui ne supporte pas son 3-3-3-1. Facile de comparer au projet marseillais et de se dire que l'OM est bien tombé. Mais si l'on se concentre sur les techniciens, est-ce que l'OM y a vraiment gagné au change avec Garcia ?

Non, Marcelo Bielsa, c'est plus fort que Rudi Garcia

Plus de deux ans après son départ, Marcelo Bielsa n'a pas été oublié à Marseille. Le technicien argentin a beau être moqué dans les médias pour ses résultats incertains avec le LOSC, les réserves sont plus grandes en Provence. Parce que la peur s'empare de ceux qui aiment bien critiquer, face à tous les aficionados de l'Argentin ? Plutôt parce qu'à Marseille plus qu'ailleurs, on sait que Bielsa a le mérite de bousculer les habitudes de ceux qui se sont emparés du football français. En refusant de parler avec les agents et autres intermédiaires, mais aussi de forcer le copinage avec les journalistes influents, Bielsa permet une relation plus directe entre les supporters et leur équipe. Car en mettant tout le monde sur un pied d'égalité au moment de distiller les informations sur son équipe, Bielsa permet aux supporters d'avoir autant d'éléments que les autres au moment de déchiffrer l'actualité du club. La situation lilloise est donc évoquée avec pudeur par certains supporters marseillais, ce n'est donc pas parce qu'ils idolâtrent tellement l'entraîneur qu'ils en oublient qu'ils supportent l'OM. Juste, ils savent ô combien il est difficile de faire bouger les lignes, se rappelant avec douleur certains épisodes marseillais, comme lorsque certains membres historiques du staff ne se cachaient pas pour critiquer le travail de l'Argentin, au prétexte que leurs prérogatives avaient été rongées. Et puis il y a le football : le système de jeu du natif de Rosario, qui fait la part belle au marquage individuel, ne laisse aucune chance à ceux qui veulent se la couler douce en pré-retraite. A l'OM, son équipe jouait, allait de l'avant, proposait beaucoup de solutions dans la surface. Un système qui a peut-être coûté des défaites à domicile mais qui a permis à l'OM de jouer le titre alors que son équipe ne pouvait au mieux prétendre qu'au podium face au PSG de Zlatan et à un Monaco quart de finaliste de la Ligue des champions. Et qui a aussi révélé des joueurs. Benjamin Mendy, André-Pierre Gignac et Dimitri Payet ne sont plus les mêmes après avoir joué sous ses ordres. En outre, le technicien donne sa chance aux jeunes. Il n'est donc pas fou de se dire que quelqu'un qui a lancé Baptiste Aloé et Stéphane Sparagna en Ligue 1 aurait pu faire des miracles avec Maxime Lopez et Boubacar Kamara. Parfait pour un projet à moyen-long terme, comme l'OM Champions Project. 

Oui, Rudi Garcia est plus fort que Marcelo Bielsa

Il faut se rendre à l'évidence, Rudi Garcia n'est pas sexy. Ce n'est pas une considération physique, ni même vestimentaire. Mais en jouant l'intox à chaque conférence de presse ou presque, n'étant jamais le dernier pour se plaindre des conditions, du calendrier, en concédant que l'avis des supporters n'entre pas dans ses considérations et en donnant l'impression de jouer à un dangereux mélange des genres avec ses agents, il n'a pas le profil de l'homme anti-système qui séduit forcément à Marseille. Mais si l'on se concentre sur son bilan sportif, il n'y a pas photo. Dès son arrivée, Rudi Garcia a su redonner confiance à des éléments inutilisés, mais aussi lancer Maxime Lopez dans le grand bain pour aller chercher la 5e place. Pas buté, cette saison, alors que son équipe avait fait un début de saison poussif, il a su modifier sa formation, et passer à un 4-2-3-1 où il incite quand même les deux latéraux à monter le plus possible. Si Bielsa a insisté pour recruter Lucas Ocampos, c'est Rudi Garcia qui en a fait un joueur intéressant, parvenant à le convaincre qu'il pourrait davantage faire la différence avec sa répétition des efforts qu'avec sa technique. Cela vaut peut-être les repositionnements gagnants de Bielsa. D'autant plus qu'à l'inverse de l'Argentin, Garcia est allé la chercher lui, sa matière première. Si Benjamin Mendy s'est métamorphosé avec Bielsa, il avait été recruté un an plus tôt au Havre. Cet été, c'est Rudi Garcia qui est allé chercher Jordan Amavi, devenu international grâce à ses bons matchs à l'OM. Ce n'est pas le seul dans ce cas, puisque Florian Thauvin est aussi appelé en Bleu depuis quelques mois après avoir explosé sous les ordres de Garcia. Marcelo Bielsa croyait pourtant aussi en son potentiel, avait juré qu'il pouvait devenir le nouveau Alexis Sanchez. Mais c'est avec Garcia qu'il est devenu un élément décisif, avec notamment un but contre Paris à la 78e cette saison. Là encore un autre symbole. Lorsque l'OM de Bielsa s'était jeté dans la bataille la tête la première, pour être devant à la mi-temps mais vaincu à la fin, la formation de Garcia avait un plan sur les 90 minutes de la rencontre. Pas pour le temps additionnel, c'est vrai, mais à l'arrivée, ce nul n'a-t-il pas meilleur goût que la défaite de 2015 ?